[Attention ! En novembre 2017, le gouvernement français a annoncé des changements dès 2018. Lire la mise à jour ici]

CV artistique, le Book est un support clef. Alors, débute pour certains un vrai casse-tête. Que doit-on y inclure ? Doit-il être très fourni ? Faut-il en faire un différent à chaque entretien ? Bref, c’est ce que nous allons tenter de voir ensemble.

 

Le portfolio : un dossier personnel

Pour commencer, enfonçons une porte ouverte. Même si le book n’est pas demandé par l’établissement visé (comme en Manaa), nous ne saurions que trop vous encourager à en préparer un. A priori, si vous en êtes à vous interroger sur le concept de book pour une école, c’est que vous avez la fibre artistique en vous et l’âme qui va avec. Vous avez même probablement essayé plusieurs formes d’expression. Donc, en plus d’aider à se distinguer des autres candidats qui n’en auraient pas peut-être pas (selon le cursus), le book est aussi une façon de prouver sa motivation.

Un book doit être le reflet de ce qu’aime un étudiant, et par conséquent, être personnel. Alors durant l’entretien avec le jury, tenter de l’impressionner avec une réalisation qui ne serait pas de vous et digne d’un grand maître ne fonctionnera pas. Ce jury est composé en grande majorité d’enseignants de l’école qui voient, depuis des années, une multitude d’élèves et autant de books. Ils savent donc repérer les supercheries. Et même si lors de l’entretien, la tromperie fonctionnait, cette dernière aurait rapidement des conséquences étant donné que les enseignants relèveraient la différence entre ce qu’il leur a été présenté et le travail accompli par l’élève ensuite.

Autre chose à éviter également, inclure exclusivement dans le book, des créations issues d’exercices imposés par le passé. Le côté « formatage » pourrait être néfaste et laisserait penser que l’étudiant éprouve des difficultés à créer seul. Si par contre, l’étudiant a pris plaisir à réaliser un exercice et qu’il est capable de démontrer l’intérêt de cette création dans le book, de montrer la cohérence avec son projet pro, pourquoi pas.

En théorie, il n’y a pas de sujet précis ou interdit pour les créations à montrer au jury. Dans les faits, il est évident que toute création incitant à la haine par exemple ne sera pas bien vue.

Si en Manaa, plus que les capacités artistiques, c’est la personnalité de l’étudiant est scrutée, pour les concours d’entrée en école supérieure, la qualité du book prend logiquement de l’importance, mais sans occulter le profil du candidat. Dans tous les cas, les examinateurs vont interroger le candidat sur son travail, ses méthodes, ses difficultés rencontrées, le message de l’œuvre… etc.

 

portfolio bleu

 

Diversité des créations artistiques

N’hésitez pas à montrer votre travail et préparez vos meilleures réalisations, celles dont vous êtes le plus fier.

Mais ces dernières doivent être variées, équilibrées. C’est-à-dire ne pas faire qu’un type de dessin et montrer que l’on est flexible. Selon le projet artistique et professionnel de l’étudiant, ce dernier peut y inclure des travaux photo, des exemples de sculptures qu’il aura faites, de la peinture ou encore de la gravure. Se spécialiser dans une pratique avant même d’intégrer une école peut laisser imaginer à un jury qu’un établissement généraliste n’est alors pas adapté. Si par exemple, le candidat ne présente que des travaux type BD lors d’un entretien aux Beaux-Arts, le jury lui conseillera probablement de s’orienter vers une école spécialisée dans la bande dessinée.

Dans l’hypothèse où le candidat ne pourrait amener une création, il peut très bien la prendre en photo (dans le cas d’une sculpture) ou la scanner (dans le cas d’un dessin ou d’une peinture). Attention quoi qu’il en soit à la qualité de la capture ! Si une de ses créations n’est visible que depuis internet (Blogs, réseaux sociaux), il devra préférer l’impression de la page plutôt que de tenter de montrer au jury l’œuvre depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone. On ne peut pas forcément se fier à la qualité du réseau internet/mobile et il serait dommage de perdre du temps ou de ne pas pouvoir montrer une de ses créations à cause de problèmes techniques non artistiques. Là aussi, attention à la qualité des impressions.

Si par chance, le réseau internet était de qualité, il est préférable de préparer les pages internet à l’avance afin d’éviter des temps morts en recherche de documents ou pire de montrer par erreur au jury des photos de vos soirées festives entre amis par exemple ! Pensez aussi à couper des logiciels de type Skype.

Toujours par rapport à la préparation des supports et notamment pour celles et ceux qui, le jour J, utiliseraient un ordinateur : préparez ce dernier avant de rentrer dans la salle pour éviter qu’il mette un temps infini à se lancer par exemple ou qu’il ne lance une mise à jour compromettant un diaporama. Contrôlez aussi que valisettes, cartons à dessin ou autres types d’étuis en tout genre soient bien accessibles, avec un contenu rangé en fonction de votre présentation.

Cela peut paraître bête présenté comme ça, mais cela peut éviter un coup de stress pour rien. Et même si tout le monde ne réagit pas de la même façon en cas de stress, je sais que certains comprendront certainement…  ;-)

De plus, ces valisettes et autres supports peuvent aussi être des œuvres d’art. Sans forcément les présenter au jury, ils peuvent retenir son attention.

Un jury préfère souvent avoir les originaux sous les yeux, mais ce n’est pas toujours évident, ils en sont conscients. Tout dépend aussi des préférences des écoles. Certaines tournées vers le numérique seront surement moins frileuses à l’idée de recevoir des books entiers dans des formats dématérialisés.

Quoi qu’il en soit, il est appréciable que l’étudiant soit capable de montrer de l’expérimentation ou qu’il sache développer un sujet avec plusieurs approches. Cela fait partie du processus créatif. Mais attention, le risque est alors de s’éparpiller. Le jury pourrait ne pas comprendre dans quelle direction l’étudiant souhaite évoluer. Au candidat donc de savoir faire la part des choses dans son dossier et d’être mesuré. Les écoles d’animation apprécient notamment de plus en plus les profils créatifs en sus du dessin d’animation et de la technique exigée.

Vous n’avez pas de projet artistique encore défini ? Montrez alors ce que vous savez faire en restant honnête. Les prépas notamment servent aussi à ça : présenter toutes possibilités artistiques, toutes les techniques, quel que soit le domaine. Peut-être est-il mieux d’être en phase de recherches quand on est jeune, d’être généraliste plutôt que d’être totalement formaté à un style. Si l’on en change, il est plus délicat de faire machine arrière. Mais là aussi, il y a un juste milieu… Ne pas être là en touriste ni être totalement obsédé par un sujet et être fermé au reste.

L’année de mise à niveau permet aussi de se constituer un nouveau book à présenter aux établissements visés. Il est requis pour l’admission en DMA ou BTS.

Dans le cas où, vous n’auriez pas grand-chose à montrer, voir rien du tout lors d’un entretien d’admission en Manaa…. Et bien, mettez-vous au travail sans tarder ! À la technique, privilégiez l’originalité ! Encore une fois, vos œuvres doivent surtout refléter votre personnalité, votre créativité et tant pis si vous n’êtes pas le meilleur dessinateur du monde !

 

portfolio rouge

 

Un dossier pour

«se  vendre» auprès des écoles d’art

En MANAA, en prépa ou en concours d’école d’art, l’étudiant doit avant tout savoir parler de son book. Ainsi, les étudiants doivent être en lien direct avec ce qu’ils font et montrer qu’ils aiment le contenu de leur book (je sais, je me répète). Lors de l’entretien, l’étudiant devra défendre ses créations, ses démarches, ses évolutions d’une création à une autre, ses sources d’inspirations, etc., etc. C’est indispensable. Bien évidemment, si l’admission dans une école se joue également sur la capacité de l’élève à défendre son book, c’est plus une réalité pour une école d’art qu’en MANAA. Le niveau et les attentes ne sont pas les mêmes.

Se préparer un petit argumentaire peut donc être une bonne idée tout comme le fait de joindre une note d’intention succincte à chacun des travaux. Dans ces notes, il est possible d’expliquer le projet lié à l’œuvre, la technique utilisée, l’évolution de la réalisation… etc. Mais ne pas tomber dans un récit scolaire ou d’histoire de l’art. La note d’intention doit être une démonstration prouvant que vous êtes le créateur de l’œuvre et que donc vous savez en parler. Restez simple dans l’explication, en cohérence avec vous-même et avec l’œuvre en question. Le discours ne doit pas être pompeux, mais selon l’école, montrer que l’on maîtrise certains termes techniques peut être un plus.

Je vous parlais avant de la qualité des scans, des impressions, des photos… Si des supports de qualité sont évidemment plus agréables pour le jury et le candidat dans le déroulement de l’entretien, c’est aussi un gage de sérieux et de professionnalisme. Cela montre que l’on sait exposer et présenter son travail.

D’ailleurs pour présenter son travail, il me semble indispensable de s’entraîner à présenter ses travaux. Non pas forcément pour apprendre par cœur un spitch, mais surtout pour apprendre à interagir avec des interlocuteurs. Les amis et la famille seront alors d’une grande utilité. Et même s’ils n’y connaissent rien, ce n’est pas grave. Cela vous entraînera à parler devant des personnes, à interagir avec elles, à présenter vos travaux et à gérer un timing en se chronométrant. Quelle que soit la durée d’un entretien dans la vie, on est toujours à court de temps quand on a beaucoup de choses à dire et/ou que l’on n’est pas assez bien préparé ! 10 min c’est ce qu’un jury peut vous laisser pour présenter votre book avant l’échange.

Pour les plus anxieux d’entre nous, s’entraîner avec des proches n’est pas la solution miracle, mais c’est mieux que rien. À force de répéter et de s’entraîner, on prend de l’assurance et on s’améliore avec leurs critiques (vitesse d’élocution, articulation, tics gestuels ou de langage, gestion du temps… etc.). Et même s’il est presque impossible de savoir quelles sont les questions que va poser le jury, l’entraînement permet d’être moins facilement déstabilisé et d’apparaître comme plus sûr de soi. On gagne ainsi en sérieux, en professionnalisme.

Et surtout, un regard extérieur est toujours bon à prendre avant le jour J. Car à toujours travailler nos dossiers et présentations, on risque de perdre en objectivité et de passer à côté de certaines choses.

 

Un dossier « unique »

Si les bases du book restent les mêmes, il doit cela dit être unique. Et par unique, on entend ici un dossier par école démarchée. Les établissements n’ont pas tous les mêmes attentes en fonction de la formation visée par l’étudiant.

Certaines écoles d’art peuvent laisser une totale marge de manœuvre ou bien imposer un thème ainsi qu’un nombre précis d’œuvres à présenter. Il s’agit donc de bien se renseigner auprès de chacune des écoles visées avant de se lancer dans la constitution d’un book afin de ne pas perdre un temps précieux ou d’être totalement hors sujet. Mais quantité n’est pas synonyme de qualité. Inutile de noyer un jury sous une tonne de réalisation.

 

Le Chat Potté
Séduire le jury par ses compétences, sa volonté… pas en lui faisant les yeux doux… ^^

 

Quelques mots pour conclure sur le portfolio

Bien évidemment, chaque école évalue à sa façon les candidats et il n’y a malheureusement pas de recette miracle. Mais pour être efficace, le book doit permettre à un interlocuteur de connaître le travail d’une personne et les perspectives qu’il propose. Et cela en très peu de temps, car l’attention d’un interlocuteur est très limitée, d’autant plus si le jury a déjà vu beaucoup d’autres candidats avant.

Enfin, n’oubliez pas qu’un book n’est pas utile uniquement dans le cadre des études. Cet outil vous sera nécessaire par la suite. Un book apporte un vrai plus par rapport au CV et à la lettre de motivation, souvent jugés comme trop classiques et insuffisant pour se démarquer.

 

Apprenez les bases du dessin correctement avant votre entrée en école d’art :

Toutes les grandes écoles demandent un dossier en béton. 

Si vous n’êtes pas certain d’avoir de bonnes bases, c’est le moment ou jamais.