Avez-vous du mal à dessiner comme vous le faisiez auparavant ? Avez-vous fait une longue pause dans vos séances de dessin et avez-vous l’impression que vos compétences ont diminué ?
Le dessin est une compétence, comme toute autre, qui nécessite une pratique régulière pour rester affûtée. Lors d’une pause prolongée, même les artistes les plus expérimentés risquent de voir leurs compétences se rouiller ou s’estomper. Heureusement, il existe des moyens pour les artistes de protéger leurs compétences contre une telle détérioration en prenant certaines mesures. Dans cet article, nous examinerons les effets d’une longue pause et nous vous proposerons des stratégies pour maintenir le flux de créativité !
Les avantages du dessin
On le sait tous, la pratique sportive apporte son lot de bénéfices physiques et mentaux. Et une pratique régulière renforce ces bénéfices. Le rapport avec le dessin me direz-vous ?
Celles et ceux qui ont dessiné suffisamment peuvent en témoigner, dessiner offre également différents bienfaits physiques et mentaux. Regardez, lorsque l’on propose un temps calme à un enfant, comment il va se poser pour dessiner/colorier. Remarquez comment son niveau d’excitation retombe et comment ensuite, il est posé, calme. Pour un adulte, c’est la même chose.
Différentes études se sont penchées sur le sujet et ont démontré que la pratique d’une activité artistique aidait à diminuer les états de stress tout en augmentant les ondes Alpha dans le cerveau. Stimuler ces ondes Alpha permet de développer notre créativité, mais aussi nos capacités d’apprentissage. Ainsi, comme avec l’activité sportive, la pratique du dessin est définitivement un bon moyen de travailler sur le stress pour en repousser les symptômes.
La comparaison avec le sport ne s’arrête pas là. Pas besoin d’être un marathonien ultra entraîné pour aller faire un footing. Une pratique adaptée à son niveau est nécessaire. Pour le dessin, il n’est pas nécessaire d’être un pro pour se lancer.
Le simple fait de prendre un crayon, de passer du temps sur une feuille pour faire quelques dessins (même des gribouillis) permet de faire descendre le stress, de ramener de la sérénité. Se concentrer sur le dessin en cours permet de chasser les pensées envahissantes. Ainsi, la personne pourra se recentrer sur l’instant présent, sans être contaminée par les écrans et leurs contenus souvent anxiogènes, trop stimulants. D’ailleurs, éteignez tous les écrans vous entourant pour ne pas avoir le regard attiré par eux et perdre en concentration. Et si se tenir éloigner des sources de distraction pendant le dessin est important, c’est parce que cette activité artistique permet à l’esprit de se rapprocher d’un état de pleine conscience que celles et ceux qui pratiquent la médication connaissent bien.
Les effets d’une pause dans le dessin
Le cerveau est un organe incroyable, disposant de ressources importantes. Mais il faut en prendre soin et penser à le muscler. Et pour cela, on peut compter sur la plasticité neuronale. Celle-ci peut se définir comme la faculté adaptative du cerveau à récupérer et à se restructurer après des traumatismes, troubles ou lésions, mais aussi de réduire l’impact de maladies neurodégénératives (comme Alzheimer).
Mais cette adaptation concerne aussi l’apprentissage. Lorsqu’on apprend une nouvelle notion, le cerveau va établir de nombreuses connexions neuronales. Prenons donc le cas du dessin. Lors d’un nouvel apprentissage, un chemin se crée dans le maillage de neurones. Ainsi, plus on pratique, plus on sollicite cette liaison interneurones et plus le chemin neuronal est renforcé. La communication entre les neurones est facilitée. La transmission entre les neurones gagne alors en efficacité et rapidité. Un cerveau sain est comme un muscle qui se nourrit du changement. Inversement, il s’atrophie si l’on ne stimule pas. L’entraînement pousse alors les neurones à se remodeler, à établir de nouvelles connexions tout en renforçant celles existantes.
Et inutile de se servir de l’âge comme excuse. Pendant longtemps, on pensait que dès 25 ans, l’être humain perdait en neurones. Une croyance maintenant repoussée par les scientifiques. Alors oui, les performances du cerveau évoluent avec l’âge, sa capacité plastique est modifiée par son vieillissement normal. Pour compenser l’effet de l’âge, l’apprentissage peut être plus long et fatigant effectivement, mais la plasticité cérébrale est globalement intacte et présente jusqu’au décès. C’est pour cela que lors du paragraphe précédent, on parlait de l’importance de la stimulation pour créer et entretenir les connexions neuronales.
Donc pour faire le lien (encore) avec l’art, pour apprendre à dessiner et progresser de façon satisfaisante, la régularité est effectivement essentielle. Et inversement, pratiquer de manière irrégulière gêne la progression, voire l’empêche. Les fameuses connexions ne se génèrent pas et par conséquent la communication entre les neurones n’est ni facilitée ni accélérée. Dit autrement encore une fois : plus vous allez dessiner, plus votre cerveau renforcera la connexion entre ses neurones, plus vous allez dessiner facilement, vite et bien. Le dessin doit devenir un automatisme.
Mais comme n’importe quelle pratique, le dessin se perd. Une perte plus ou moins importante selon le niveau de la personne. Moins on est expérimenté, plus la perte sera importante. Une perte qui touche la compréhension des notions et techniques, leur mise en pratique, la motivation. Inversement, la frustration aura une courbe exponentielle avec la perte du dessin.
Stratégies pour maintenir vos compétences en dessin
C’est maintenant clair pour tout le monde, pratiquer une discipline permet de gagner en compétences et au moins de ne pas baisser de niveau.
La première chose à mettre en place est celle qui est la plus évidente à évoquer, mais pas forcément la plus simple à appliquer : se dégager du temps. Faites le point sur votre planning. Demandez-vous quelle activité vous pouvez réduire voir supprimer pour faire de la place à la pratique du dessin.
Impossible de jouer avec votre planning ? Alors détachez-vous un peu des plateformes de streaming (type Netflix, Prime vidéo ou Disney +) ou des réseaux sociaux. Les uns comme les autres consomment beaucoup de notre temps. Ils sont très chronophages. Faites le test sur une journée, vous verrez comme vous gagnez du temps (entre autres choses). Et une fois que vous avez vu comment récupérer du temps dans votre journée, il vous reste à créer une routine de pratique en consacrant ce temps au dessin.
Néanmoins, gagner du temps ne fait pas tout.
Nous l’avons déjà évoqué par le passé, pratiquer le dessin dans un certain confort est aussi très important. Et cela passe déjà par un confort mental. Comprenez par là (et cela aussi nous l’avons évoqué dans un autre article) qu’il faut être monotâche. Souvent, faire deux choses en même temps, c’est le meilleur moyen de rater les deux. Et en ce qui concerne l’apprentissage du dessin, il semble délicat de se concentrer sur l’apprentissage tout en écoutant la TV par exemple. L’implication cérébrale ne sera pas optimale et de cette manière nous surchargeons notre cerveau d’informations. Cette surcharge demande donc au cerveau de passer d’une tâche (apprendre le dessin) à une autre (suivre l’intrigue d’une série) en permanence, de recevoir l’information et de la traiter. Et cela, non stop. Rien de tel pour générer un épuisement mental, conscient ou non. Il a été prouvé scientifiquement depuis que le travail multitâche développe la distraction et trouble la capacité de concentration. Donc, écouter la TV par exemple tout en dessinant empêche le cerveau d’être focalisé sur cet apprentissage, provoque fatigue puis une baisse de la productivité accompagnée d’une augmentation des incompréhensions théoriques puis des erreurs pratiques.
Être monotâche sollicite la mémoire à long terme qui est un excellent moyen de stocker des informations et de rentabiliser l’apprentissage. Donc fuyez la TV lors de vos moments d’apprentissage et privilégiez un lieu calme, sans distraction. Si ce n’est pas possible, tournez-lui le dos et mettez des bouchons d’oreille. De plus, il ne faut pas oublier que la capacité de concentration des personnes reste limitée. La médiane se situerait entre 30 min (pour la majorité des personnes) et 1h30 (pour les individus les plus focus).
Toujours concernant l’espace de production artistique : optez pour une chaise confortable ainsi qu’une table avec de la place. Ainsi, mettez toutes les chances de votre côté durant ces 30 premières minutes. Au-delà, le cerveau commence à divaguer. N’oubliez pas non plus d’utiliser certaines méthodes pour aider la concentration. Nous évoquions notamment la méthode Pomodoro dans l’article “Comment être fort en dessin?”
Lors de vos débuts, privilégiez des outils simples (type crayon HB et papier d’imprimante) et utilisez-les tout le temps. Ne changez pas d’outils comme de chemise. Cela vous demandera de vous habituer à ces nouveaux outils en plus de ceux que vous utilisez déjà. Et si en plus vous jonglez d’un outil à un autre, cela vous demandera autant d’efforts d’adaptation. L’apprentissage du dessin prend du temps et demande beaucoup d’implication. S’amuser avec une multitude d’outils viendra plus tard.
L’apprentissage du dessin ne suit pas une courbe droite, bien linéaire. Au contraire, elle est faite de paliers plus ou moins importants ou longs selon les sujets étudiés et les capacités d’apprentissage des personnes à un instant T. Et durant ces paliers, même si vous avez l’impression de ne pas progresser, continuez à pratiquer, à tester des choses et à sortir de votre zone de confort. Gardez confiance en vous et n’oubliez pas que tout le monde peut apprendre à dessiner. Nous ne le répéterons jamais assez.
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