L’aquarelle est un médium artistique passionnant et accessible, parfait pour les débutants qui cherchent à apprendre la peinture aquarelle. Cette technique de peinture à base d’eau permet de créer des œuvres vibrantes et lumineuses, tout en offrant une grande liberté d’expression et de créativité.

Dans cet article, nous allons vous guider à travers les bases de la peinture à l’aquarelle, en vous proposant des conseils pratiques et des astuces pour vous aider à démarrer en peinture aquarelle.

Que vous soyez débutant complet ou que vous ayez déjà un peu d’expérience, vous trouverez ici des conseils indispensables pour commencer à apprendre la peinture aquarelle débutant.
Remarque: Pour les intéressé(e)s, ce extrait est issu de notre formation aquarelle débutant.

Apprendre la peinture aquarelle pour les débutants

La première chose à comprendre, c’est ce qu’on pourrait appeler l’esprit de l’aquarelle. C’est-à-dire comment elle fonctionne. Et si on voulait la personnifier un peu, on pourrait dire comment elle pense. Parce que si vous ne comprenez pas ça, vous risquez d’essayer d’aller contre sa nature et vous n’obtiendrez rien de bon.

L’aquarelle, ce n’est pas un médium qu’on peut forcer à faire ce qu’on veut. Il faut apprendre à faire équipe avec elle et à aller dans son sens. Il faut la brosser dans le sens du poil ou plutôt la brosser dans le sens de l’eau si on peut dire.

Parce que la première chose hyper importante à intégrer, c’est qu’en aquarelle, le vecteur de tout, c’est l’eau. Alors ça peut paraître hyper évident, dit comme ça. On entend beaucoup parler de la couleur et des pigments, pourtant c’est l’eau qui permet à la magie d’opérer.

Sans eau en aquarelle, on ne fait strictement rien. Et la quantité d’eau qui se trouve à la fois sur le papier, dans le pinceau et en mélange avec les pigments va déterminer quantité de choses.

Là, par exemple, je pose des pigments sur le papier. C’est carrément de la peinture issue de tubes donc il n’y a absolument pas d’eau ni sur le papier ni en mélange avec les pigments. Bien évidemment, il ne se passe strictement rien les pigments restent très exactement à l’endroit où je les ai mis.

aquarelle tube

Ils ne peuvent se mettre à bouger que si je les invite à le faire en les touchant avec un pinceau mouillé.

Et là, vous voyez que dès que je touche les pigments avec un peu d’eau, ils vont fuser dans la zone qui est mouillée.

aquarelle eau

Si vous avez déjà fait un petit peu d’aquarelle, vous allez peut-être me dire :” Elodie, c’est absolument évident ce que tu nous racontes là. Il n’y a rien de transcendant”.

Et pourtant c’est important de s’arrêter sur cette notion-là parce que ça implique plusieurs choses.

Mouvements de l’aquarelle

La première, c’est que les pigments vont toujours rester sagement cantonnés dans la zone qui est mouillée. C’est leur élément, c’est là qu’ils peuvent se déplacer, qu’ils peuvent fuser, danser, se mélanger … Bref, ils n’iront jamais chercher à aller dans la zone qui est sèche. Jamais je n’ai vu un pigment se dire : “tiens, je vais aller faire un tour dans la zone qui est sèche à côté”.

Là, vous voyez sur l’image que les pigments bleus et les pigments rouges restent bien sagement dans les petites mares créées.

Pourtant, il y a pas mal d’eau qui s’accumule sur le bord en bas. Mon plan de travail est incliné mais il n’y a pas de débordements. Mes pigments se trouvent très bien dans la zone qui est mouillée.

aquarelle eau mouvement

En aquarelle, on entend très souvent dire qu’on ne contrôle rien. C’est faux, car j’ai tout le contrôle sur l’endroit où je veux que mes pigments aillent.

Et si j’ai envie de réserver certaines zones du papier et de faire que les pigments n’aillent pas dans ces zones-là, il suffit que je laisse ces zones sèches. Vous voyez, je suis en train de mettre de la couleur autour d’une zone que je veux garder blanche. Il suffit que je laisse cette zone sèche et les pigments n’iront pas dedans. J’ai absolument tout le contrôle là-dessus.

Et ça en aquarelle, ça va énormément nous servir. On verra cela plus en détail dans les futures vidéos du module 1. Mais gardez déjà bien en tête que c’est un de nos atouts.

Ce que je ne contrôle pas totalement en revanche, c’est le comportement exact des pigments dans la zone qui est mouillée.

Je peux influencer un petit peu la direction des pigments avec mon pinceau. Je peux les étaler un peu, mais je ne contrôle pas exactement la manière dont ils vont s’étaler et se diffuser ni la manière dont ils vont se mélanger entre eux.

aquarelle controle zone mouillée

En plus de ça, tous les pigments ne vont pas avoir les mêmes comportements. Certains vont avoir tendance à s’étaler très rapidement et très largement. Ils ont presque un côté volatile même si on ne peut pas vraiment dire ça vu que ce n’est pas un gaz. En tout cas, c’est l’effet que ça me fait.

Tandis que d’autres pigments vont être plus lourds et vont avoir tendance à rester plutôt à l’endroit où on les a posés. Et ça, il n’y a qu’en expérimentant avec différentes couleurs que vous commencerez à remarquer les comportements des différents pigments et à les connaître un petit peu.

Par exemple, mon rouge de quinacridone a tendance à s’étaler beaucoup plus rapidement et beaucoup plus largement que mon bleu outremer. Comme on peut le voir sur la vidéo, j’ai posé du bleu outremer sur une surface qui est mouillée. Il a une certaine diffusion et quand je pose le rouge de quinacridone, ce dernier s’étale beaucoup plus vite. Il se diffuse beaucoup plus largement. Il a même tendance à repousser les pigments du bleu outremer.

Donc ça, c’est vraiment une couleur qui va créer beaucoup de mouvements quand on va travailler mouillé sur mouillé. Cela peut être un avantage dans certains cas, quand on recherche ce genre d’effets justement, quand on a envie de laisser l’aquarelle travailler un petit peu par elle-même et d’obtenir des effets un peu aléatoires. Dans les ciels, par exemple, cela peut être très très chouette.

aquarelle diffusion

Mais il y a d’autres moments où on a besoin de contrôler un minimum la manière dont les pigments s’étalent. Et là, forcément, c’est le genre de couleur qui va être un petit peu plus difficile à contrôler. Dans ce cas-là, on aura peut-être envie d’utiliser des couleurs qui s’étalent un petit peu moins.

Par exemple, la couleur terre de Sienne. Je sais que c’est une couleur qui ne s’étale pas trop. On peut constater qu’elle reste plus ou moins là où je l’ai posée. Cela peut être un avantage dans certains cas. Mais encore une fois, à d’autres moments, cela peut être problématique d’avoir une couleur comme ça, qui ne se diffuse pas beaucoup. Notamment quand on a envie que les couleurs bougent beaucoup, qu’on a envie d’avoir des transitions très douces entre différentes couleurs. Si la couleur ne fuse pas, ça peut être un petit peu embêtant.

aquarelle diffusion lente

Voilà pour le côté un petit peu fluide et aléatoire de l’aquarelle. Avec la pratique, on peut quand même arriver à mieux connaître les pigments et leur comportement. Mais aussi prédire un peu ce qui risque de se passer sur le papier, mais on n’a jamais un contrôle qui est à 100 %.

Et encore une fois, je vais revenir sur l’importance de l’eau parce que la quantité d’eau à la fois sur le papier et dans le pinceau va beaucoup influencer aussi le comportement des pigments.

Plus on sera sur quelque chose de diluer (donc plus il y aura d’eau à la fois sur le papier et dans le pinceau), plus les pigments vont avoir tendance à s’étaler.

Là, par exemple, j’ai créé une forme qui est très très mouillée. Je l’ai faite rose pour qu’on voie mieux et je viens appliquer un bleu qui est relativement dilué dans la forme.

Maintenant, je viens créer une deuxième forme juste en dessous. Elle est mouillée aussi, mais moins que celle du dessus. Disons que le papier est moins imbibé et saturé d’eau. Car je passe juste une fois avec mon pinceau. Je ne viens pas rajouter beaucoup d’eau et je vais appliquer un bleu outremer également. Mais cette fois, je vais prendre un bleu outremer qui est crémeux donc avec moins d’eau, il est moins dilué. Et on voit que ma couleur s’étale beaucoup moins que dans le cas du dessus.

aquarelle diluée

Donc gardez bien en tête qu’apprendre à sentir et à contrôler la quantité d’eau qu’il y a, à la fois sur le papier et dans votre pinceau, ça va être une clé pour apprendre à maîtriser l’aquarelle. Alors, il y a des gestes pour ça qui viennent aussi à force de pratiquer. Au bout d’un moment, ça devient un petit peu un feeling.

Mais rassurez-vous, on va y aller tranquillement et on reverra ça plus en détail dans les vidéos du module 1.
Une autre implication du fait qu’en aquarelle, l’eau est le vecteur de tout, c’est que je ne peux travailler ma couleur que quand elle est encore mouillée. Tant qu’une forme est mouillée, je peux continuer à la modifier, à déplacer son bord et la connecter avec d’autres formes qui sont mouillées. Je peux venir charger de la couleur à l’intérieur ou venir estomper un bord avec de l’eau claire pour créer ce qu’on appelle un bord perdu.

Ne vous inquiétez pas, on verra en détail comment créer des bords perdus dans une vidéo du module 1.

aquarelle possibilités

Et toutes ces possibilités de modifier une forme, une fois que la couleur est sèche, c’est terminé. Dans la vidéo, vous pouvez me voir en train de sécher le lavis d’aquarelle avec un sèche-cheveux. Voilà déjà ce petit truc qui permet de faire sécher un lavis d’aquarelle. Simplement, mettez le sèche-cheveux sur un programme froid sinon vous risquez de cramer quelque chose et peut-être aussi d’altérer vos couleurs, sait-on jamais. Je ne sais pas si elles sont vraiment très très résistantes à la chaleur.

En tout cas, le sèche-cheveux peut être pratique quand on est un peu impatient et qu’on a envie d’avancer dans une peinture. On peut faire sécher un lavis d’aquarelle pour pouvoir revenir travailler par glacis par-dessus. Cela évite d’attendre des plombes que ça sèche naturellement.

En revanche, ça stoppe un peu le mouvement des pigments vu que la couleur sèche rapidement. Ainsi, ce n’est pas trop recommandé si on veut laisser l’aquarelle travailler par elle-même.

aquarelle sechage

Pour en revenir à ce que je disais précédemment, une fois que la couleur est sèche, c’est terminé, on ne peut plus rien modifier. Les pigments ont adhéré au papier. Même si je reviens avec de l’eau claire sur mon lavis d’aquarelle (qui a séché), je ne peux pas remettre les pigments en mouvement pour les remélanger ou adoucir les bords.

Donc ça veut dire que l’aquarelle à un côté permanent même si ce n’est pas considéré comme un médium permanent au contraire de l’acrylique ou de l’huile par exemple. Mais il n’empêche que, une fois les pigments posés sur le papier, c’est un petit peu définitif. On ne récupérera jamais le blanc du papier même s’il peut arriver quand même que des pigments se remettent un peu en mouvement à force de frotter.

Mais tout ce que ça fait, c’est plutôt de salir la zone et de lui enlever sa fraîcheur. C’est pour ça qu’on entend souvent dire que l’aquarelle à un côté impardonnable. Cela veut dire aussi que quand on commence un lavis d’aquarelle, on joue contre la montre comme je vous avais dit dans l’introduction.

Alors, je ne veux surtout pas que cette idée vous stresse. Ce n’est absolument pas le but de vous mettre la pression. Mais il faut bien garder en tête que quand vous démarrez un lavis d’aquarelle, il va falloir rester actif et concentré pour pouvoir travailler ce lavis tant que la couleur est encore mouillée.

Donc, ce ne sera pas le moment d’aller chercher un truc dans un placard ou d’installer vos affaires. Il faudra être prêt au moment où vous démarrez votre lavis.

Aquarelle et transparence

En plus du fait que l’eau est le vecteur de tout, il y a une deuxième caractéristique de l’aquarelle qu’il est fondamental d’intégrer et de comprendre, c’est sa transparence.
L’aquarelle est un médium transparent par nature et même si on a des couleurs en aquarelle qui sont dites opaques, on ne sera jamais sur la même opacité et ni sur le même pouvoir couvrant qu’avec une gouache ou une acrylique par exemple. Même les couleurs opaques conservent une certaine transparence.

Du coup, dans la pratique,cela veut dire que je ne peux pas couvrir une couleur foncée avec une couleur claire. Pour la démonstration, j’ai créé deux nouvelles formes : une jaune et une bleue. Je les ai laissées sécher ou plutôt je les ai séchées avec mon sèche-cheveux.

Donc, si je viens mettre du jaune par-dessus le bleu, vous voyez que je ne peux pas couvrir le bleu avec le jaune, car ce dernier est plus clair que le bleu. On voit bien évidemment l’endroit où j’ai posé le jaune. Ça vient teinter la couleur bleue en dessous et créer un vert mais je n’aurai jamais le jaune vif que j’obtiens quand je pose le jaune directement sur du blanc.

aquarelle transparence

En revanche, je vais pouvoir couvrir le jaune avec du bleu parce que ce dernier est plus foncé que le jaune. Mais si on fait un zoom, vous voyez que, même dans ce cas-là, on voit l’endroit où il y a du jaune en dessous.

En effet, le bleu est quand même transparent. Donc, il y a une légère modification de teintes et on voit la bordure ici.

aquarelle transparence

Ainsi, ça veut dire que même si vous couvrez une couleur claire avec une couleur plus sombre, vos coups de pinceau en dessous vont rester visibles.

Et cela participe aussi à ce côté impardonnable de l’aquarelle.

Afin de couvrir un petit peu mieux les couches qui sont en dessous, il faut utiliser des couleurs qui sont vraiment peu diluées. Pour l’exemple, j’applique une couleur qui est un petit peu moins diluée, qui est plus crémeuse. On voit un peu moins l’endroit où il y a du jaune en dessous, mais on voit quand même encore la démarcation.

aquarelle transparence

Alors, même avec une couleur peu diluée, on a quand même cette transparence qui joue. Là pour la démonstration, je vais appliquer de la couleur directement issue d’un tube.

Elle n’est absolument pas diluée, elle est vraiment très très épaisse. On arrive à couvrir enfin le jaune qui est en dessous. On ne voit plus la bordure.

Mais là on travaille l’aquarelle quasiment comme on travaillerait de la peinture à l’huile. Donc ce n’est pas vraiment le but.

aquarelle transparence

L’objectif, c’est plutôt d’apprendre comment jouer avec cette transparence et comment contourner le problème en fait, de comment aller dans le sens de l’aquarelle.

La solution c’est tout simplement de travailler du clair au foncé. Donc de poser d’abord les couleurs claires, de les laisser sécher et de faire monter les ombres par glacis au fur et à mesure en utilisant des couleurs de plus en plus sombres.

Mais avant de se lancer dans une peinture, il va falloir aussi réfléchir et planifier un peu son travail. C’est très important parce que si vous vous lancez tête baissée dans une peinture sans penser aux différentes étapes, vous risquez de poser des couleurs sombres à des endroits qui ne sont pas forcément judicieux et vous ne pourrez pas rattraper le coup par la suite.

Éviter le patchwork en aquarelle

Donc, si on additionne le fait qu’en aquarelle le vecteur c’est l’eau et qu’en plus l’aquarelle est transparente, il faut à tout prix éviter de travailler en patchwork.

Alors qu’est-ce que j’entends par là-bas ? Vous allez comprendre tout de suite en regardant ce qui suit.

J’ai dessiné très rapidement une pomme et une poire.

Sur la version du haut, je vais faire exactement ce qu’il ne faut pas faire à savoir travailler en faisant une espèce de patchwork. Je viens poser des couleurs un peu comme je les vois : il y a de la lumière sur le haut de ma pomme et de la poire. C’est plutôt jaune.

Donc je pose du jaune là où je le vois. Ensuite, je suis attiré par une autre zone. Je commence à remplir un peu le fond qui, sur la droite, derrière la pomme, est un peu magenta puis je change à nouveau de zone et je vais faire l’ombre qui est sur le dessous de la poire. Ensuite, je décide de changer encore de zones pour faire l’ombre qui est sur le dessous de la pomme.

aquarelle patchwork

Je remonte ensuite pour faire un petit bout d’ombre sur le haut de la pomme avec la même couleur. Je mixe un vert pour pouvoir faire la feuille de la poire. C’est là que j’ai envie d’aller, je ne réfléchis pas trop. Je continue à poser mes couleurs comme j’ai envie, comme je les vois. Je mixe un gris pour pouvoir venir mettre sur le fond parce que c’est là que j’ai envie d’aller encore une fois.

En plus, j’essaye de faire en sorte que mes couleurs mouillées ne se touchent pas, car j’ai un peu peur de l’aquarelle. Je ne sais pas ce qu’elle va faire ; j’ai peur que si je pose deux couleurs mouillées l’une à côté de l’autre, elles aillent se mélanger d’une manière que je n’arriverai pas à contrôler. Du coup je n’ose pas trop, j’ai un peu peur.

Évidemment, je blague. Mais c’est pour imaginer ce qu’il peut se passer dans la tête de quelqu’un qui débute.

aquarelle patchwork

Et là, en regardant où j’en suis, je pense que vous comprenez ce qui est en train de se passer. Je viens poser la couleur orange, qui un peu plus intense sur la pomme, autour de la zone que j’ai faite en jaune au tout début. Ce jaune a déjà séché donc ses pigments ne peuvent plus être remis en mouvement. Et quand je pose du orange à côté, les pigments jaunes et les pigments oranges ne peuvent pas se mélanger.


Donc, on ne peut pas créer cette transition douce entre les deux zones et cela donne un effet puzzle ou patchwork comme je disais au début. Cela rappelle l’effet de la peinture par numéro.

aquarelle patchwork

Peut-être que vous cherchez vraiment ce style-là et vous avez envie d’aller dans cette direction-là. Mais généralement, quand on a envie de peindre de manière plus réaliste, on a envie d’avoir des fondus entre les différentes zones d’ombre et les différentes zones de couleurs. Dans ce cas, il ne faut absolument pas faire ce procédé façon patchwork.

Je vais vous montrer juste après ce qu’il faut faire pour éviter ça. Mais notez déjà que pour cette démonstration de patchwork, je prends un peu mon temps. Comme je vous le disais, je passe d’une zone à l’autre sans trop réfléchir. Et vous voyez que je mixe mes couleurs au fur et à mesure, je n’ai rien préparé avant de commencer.

Et comme je saute d’une forme à l’autre sans trop garder un œil sur les différentes bordures qui sont en train de sécher, je me retrouve avec des formes et des bords qui sèchent dans tous les sens. Du coup, ça crée ce qu’on appelle des bords durs par opposition à des bords flous ou des bords perdus comme je vous ai montré précédemment dans la vidéo.

aquarelle patchwork

Alors, les bords durs, on en a besoin dans certains cas. C’est très utile, par exemple, pour délimiter une forme. Mais à l’intérieur de celle-ci, quand on veut faire des transitions entre différentes zones, on va plutôt chercher à avoir des bords doux ou des bords flous.

Ainsi, en aquarelle, il faut toujours garder un œil sur les bords qui sont en train de sécher parce qu’une fois qu’ils sont secs, vous l’avez compris, on ne peut plus les déplacer et modifier la forme.

Cela peut arriver, quand on fait une peinture complexe, qu’on commence plusieurs formes à la fois. Dans ce cas-là, il faut garder un œil sur tous les différents bords qu’ils sont en train de sécher si on ne veut pas se retrouver avec des bords durs au mauvais endroit.

Voilà, je suis en train de terminer cette “magnifique” nature morte. Je pense que maintenant vous avez bien compris que travailler de cette manière en aquarelle, ce n’est pas possible et que le patchwork c’est non !!!

aquarelle patchwork

La bonne méthode en aquarelle

Maintenant, on va voir ce qu’il faut faire.

Avant de commencer à peindre cette deuxième version de cette “magnifique” nature morte, je vais réfléchir aux différentes étapes par lesquelles je vais passer pour réaliser cette peinture.

Ma première étape, ça va être de poser les couleurs claires. Comme je vous le disais, en aquarelle, on travaille du clair au foncé. Je vais vous le marteler un petit peu.

Et à chaque fois que je vais démarrer une forme, je vais bien réfléchir à

  • où est-ce que je vais la commencer
  • où est-ce que je vais l’arrêter

 

Ainsi, je sais jusqu’où il faut que j’aille quand je vais tirer mon bord.

Autre chose importante sur la première couche, je vais essayer de lier le plus possible les différentes formes pour créer une unité dans l’image. Et pour bien me préparer, j’ai mixé quelques couleurs à l’avance parce que je sais qu’à partir du moment où je vais commencer à poser la couleur sur le papier, ça va aller relativement vite.

aquarelle préparation

Donc là, je commence sur le haut de la poire, par la feuille. J’utilise un vert qui est assez clair parce que ma feuille est à la lumière. Je continue en posant juste à côté du jaune, car je suis sur la zone la plus éclairée de la poire.

Je viens adoucir la zone que j’ai laissée en blanc au milieu qui correspond au rehaut de lumière. Car je n’ai pas envie d’avoir cette espèce de forme blanche avec un bord très dur comme je peux avoir dans la version du dessus.

Aquarelle méthode
Puis je continue de poser mes différentes couleurs, les unes à côté des autres. Et je laisse les couleurs se fondre les unes dans les autres. Je vais même lier un peu ma pomme avec ma poire. Je viens poser la couleur de ma pomme alors que la couleur de ma poire n’est pas totalement sèche.
Aquarelle méthode

On est sur des couleurs complémentaires; on reverra cette notion un peu plus loin dans la formation, mais en gros quand le rouge et le vert sont mélangés, ça donne plutôt des marrons ou des gris.

Donc ce n’est pas forcément hyper heureux, mais je m’en fiche un peu parce que là, on est sur les premières couches. On est sur les couleurs les plus claires et je sais que sur la gauche de ma pomme, de toute manière, je vais revenir par la suite avec des couleurs plus sombres quand cette couche-là aura séché.

Ainsi, ce n’est pas très grave s’il y a un peu du vert de la poire qui vient fuser dans le rouge de ma pomme

Donc ça, c’est ce que j’appelle planifier parce que je sais que je vais revenir avec des couleurs plus sombres par la suite.

Aquarelle méthode

Je commence une nouvelle forme. J’ai décidé de poser de la couleur sur le support sur lequel sont posés les fruits. Et cela, alors que les fruits sont encore légèrement mouillés. On voit qu’il y a du rouge de la pomme qui est en train de saigner un peu dans la couleur du support. Et c’est voulu parce que là aussi, je sais que je vais revenir avec des ombres un peu plus foncées. Donc des ombres d’occlusion sous la pomme et la poire

Cela m’est égal qu’il y ait un petit peu de rouge de la pomme qui fuse dans la couleur du support. Au contraire, ça permet de créer un lien entre les fruits et le support et de faire qu’ils ne soient pas totalement déconnectés.

Aquarelle méthode

Par contre, avant de commencer à faire le fond, j’ai décidé de faire sécher cette première couche. Car le fond, c’est ce qui va me permettre de détourer mes fruits et de les faire ressortir. Je n’ai pas envie que la couleur du fond et celles des fruits se mélangent. Du coup, je fais bien sécher cette couche-là avant de commencer à poser de la couleur sur le fond. Sachant que le fond, j’ai aussi envie de le faire en une seule fois pour créer une unité.

Donc tout ça, c’est de la planification. Je prends des décisions sur ce que je fais en premier, quelle couche je fais sécher avant d’en traiter une autre. Je construis mon image comme ça.

Une fois que j’ai utilisé le sèche-cheveux, je traite le fond. Je souhaite qu’il soit plus sombre et plus bleuté sur le côté gauche parce que c’est là où il y a le plus d’ombre. Et je sais que plus je vais aller vers la droite, plus je veux qu’il soit un peu violet et puis magenta.

Donc, je commence par ma couleur bleue sombre sur le côté et puis, au fur et à mesure que je me déplace vers la droite, je rajoute du magenta dans ma couleur. C’est plus facile pour moi de le faire dans ce sens parce que je suis droitière. Donc commencer par la gauche est plus simple.

Et puis c’est plus simple pour moi de rajouter du magenta dans du gris pour le faire devenir de plus en plus rosé plutôt que d’assombrir mon gris au fur et à mesure. Car pour créer du gris, il faut mélanger le bleu avec la terre de Sienne. Cela fait plus de mélanges de couleurs.

Aquarelle méthode

Du coup, là aussi j’ai un raisonnement un peu stratégique. J’essaye de planifier et de me demander, avant de commencer ma forme, ce qui sera le plus simple quand je me mettrai à peindre.

Je remets un petit coup de sèche-cheveux pour bien faire sécher le fond avant de venir ajouter quelques détails avec les couleurs un petit peu plus sombres et foncer certaines ombres.

Alors en aquarelle, on procède exactement de la même manière qu’avec d’autres techniques de dessin. Si vous connaissez un peu les formations de Pit, vous devez déjà être familier avec cette notion-là; on commence par faire les grandes formes en premier et puis, plus ça va, plus on descend dans les petits détails. On ne fait pas l’inverse, car déjà, on risque de se perdre dans les détails, de trop détailler partout et d’arriver à quelque chose qui est bancal si on ne pose pas les grandes formes en premier.

Et en plus en aquarelle, si on commence par les détails, on prend le risque de se retrouver avec le cas précédent, celui du patchwork. Rappelez-vous que le patchwork c’est non !

Je rajoute quelques ombres par glacis, en venant poser des couleurs plus sombres par-dessus mes premières couches qui sont plus claires. Donc j’ai fait des ombres d’occlusion sous la pomme et sous la poire.

Puis, je rajoute quelques petits détails pour rendre l’ensemble plus crédible. Même si je vous avoue qu’on n’est pas sur une super grande œuvre pleine de réalisme. Mais j’essaie quand même de faire un truc correct.

Aquarelle méthode

Puis je mixe une couleur verte vraiment très sombre pour venir faire le vert le plus sombre qui se trouve sur le côté non éclairé de la poire. Je prends garde à ce que le support en dessous soit vraiment bien sec. Car maintenant que je suis en train de bien redéfinir les formes, je n’ai pas envie que le vert foncé de la poire aille saigner dans la couleur du support.

Ainsi, je pose mon vert foncé et puis j’utilise un pinceau humide pour venir adoucir le bord. Ce qui fait que ma couleur verte foncée se fond dans les couches plus claires que j’ai posées tout au début. Ne vous inquiétez pas, on reviendra aussi en détail sur cette technique dans les vidéos suivantes.

J’ai procédé exactement de la même manière pour faire l’ombre un peu plus foncée sur le côté en bas à gauche de la pomme. Puis, je finalise la peinture en ajoutant juste quelques
petites ombres sur les petits pédoncules.

Aquarelle méthode

Pour résumer, en aquarelle:

  • On travaille du clair au foncé,
  • On commence par les grandes formes pour descendre progressivement dans les détails,
  • On essaye de lier les formes au maximum sur les premières couches pour créer une unité dans l’image,
  • On planifie le travail avant de se mettre à peindre, histoire de se faciliter la vie et de ne pas se retrouver dans une impasse.

Allez plus loin avec la formation complète sur l’aquarelle:


Elodie Belz, experte des couleurs, vous montre ses techniques en peinture aquarelle. Vous pourrez ainsi passer d’un niveau de grand débutant à un niveau intermédiaire grâce à sa méthode ludique et progressive !