Audrey : Bonjour Armella,

Tu es illustratrice, thérapeute et conférencière, créatrice du Blog « Conscience quantique ».

Je suis ravie de t’interviewer et que beaucoup de personnes puissent te découvrir.

 

Photo d'Armella /Art-Mella

 

Je trouve ton énergie et ton travail extrêmement inspirants ! Tes dessins sont au service de tes enquêtes… enquêtes sur la connaissance de soi et de notre fonctionnement. Ainsi tu t’es mise en quête de méthodes simples et efficaces pour comprendre notre mode de fonctionnement, pour nous libérer de ce qui nous encombre et relier corps et esprit, le tout, en douceur.

Alors pour ceux qui en doutaient encore, oui, le dessin sert à quelque chose !! :)   Je trouve vraiment important de mettre en avant des exemples de personnes qui réussissent à mettre en œuvre leurs passions. Je trouve ton travail très inspirant : tu allies dessin et développement personnel, et ça me parle d’autant plus que ce sont 2 de mes passions.

Pour ceux qui ne te connaissent pas, allez vite découvrir le blog conscience quantique. Vous y trouverez plein de pépites. Tes BDs « Allo-Moi m’aime », « friandises philosophiques », et la série des  « Emotions: enquête et mode d’emploi » (tomes 1, 2 et 3)  qui sont utiles pour petits et grands, j’en parle en connaissance de cause, je les utilise pour moi comme pour mon fils!

Veux tu ajouter quelque chose à cette courte présentation avant qu’on ne te découvre en question ?

 

Couvertures livres d'Art-mella

 

Armella : Non, c’est très bien, c’est chouette quand quelqu’un me présente et que je n’ai pas à le faire ;)

 

Audrey :Ok. Tu vas voir, on va te découvrir par le biais de super héros, on va parler développement personnel puis dessin. C’est parti

Dès toute petite, je sais que tu dessinais tes personnages préférés. Le dessin est donc une passion de longue date ?

Armella : Oui, on me demande souvent depuis quand je dessine. En fait tous les enfants dessinent et moi je n’ai juste pas arrêté. Depuis toute petite, j’avais la chance d’avoir des adultes autour de moi qui me valorisaient : « oh, elle n’a pas dépassé son coloriage « Ce sont de petits encouragements comme ça qui m’ont permis de continuer.

 

Audrey : Dans ton Tedx de la Rochelle, tu expliques que tu dessinais tes héros préférés. Est-ce que tu peux nous parler de ces héros, ce qu’ils représentaient pour toi ? Et sont-ils les mêmes maintenant ou ont-ils changé ?

Armella : Ce dont je parle dans le Tedx sont des héros de dessins animés. Je mettais la TV sur pause et je dessinais. A l’époque, il y avait 2 séries que j’adorais : les chevaliers du zodiaque et Ranma ½.

 

Audrey : Ca me parle!

Armella : Eh oui, club Dorothée génération ;-)

 

Audrey : Dans les chevaliers du zodiaque, avais-tu des préférences ?

Armella : Shiryu et Shun

 

Audrey : Ah oui, le dragon et Andromède !

Armella : Le cygne aussi. Ça dépendait des chorégraphiques qu’ils avaient. Je les trouvais beaux, très classes ! Et il y avait déjà un côté compréhension des lois de l’Univers, manipulation de la matière, compréhension des atomes…qui me fascinait. On voyait la voie lactée en fond…ça me transportait. Je trouvais ça très imaginatif, ça me faisait vraiment voyager. Et puis ils se dépassaient. Il y avait beaucoup de choses qui faisaient que j’aimais vraiment cette série.

Et puis Ranma ½, je trouvais ça vraiment rigolo !

C’est un garçon qui fait des arts martiaux avec son père. Et un jour, il tombe dans des sources d’eaux magiques ce qui fait qu’il se transforme dans la personne ou l’animal qui s’est noyé dans la source. Et donc le garçon se transforme en fille, rousse et le père se transforme en panda. Les arts martiaux me plaisaient déjà à l’époque.

Donc j’ai beaucoup appris à dessiner en regardant Ranma ½, avec ma meilleure amie de l’époque, qui est la personne grâce à qui je n’ai jamais lâché le dessin. Vers 11 ans, j’ai failli arrêter. J’aurais pu rester celle qui dessinait bien quand elle était petite. Ma meilleure amie dessinait vraiment très bien et c’était motivant de la voir. Du coup, il y avait beaucoup d’émulation.

 

Audrey : Ok, tu as trouvé en elle une stimulation pour te faire persévérer. Et tes exemples de héros te rattachaient déjà au cosmos, à l’univers, à la psychologie… Dans Ranma ½, est-ce qu’on apprenait les capacités d’un nouvel animal ou personnage à chaque épisode ?

Armella : Non, les personnages se transformaient toujours de la même façon : la fille rousse et le panda. Ca faisait plein de situations cocasses. Et puis je crois que j’aimais bien voir une fille faire des arts martiaux !

 

Audrey : Tu en fais toi-même ?

Armella : J’en ai fait pendant 4 ans et c’était une de mes grandes passions ! Je pouvais passer mes journées à m’entrainer en me demandant ce que j’allais faire de ma vie.

 

Audrey : Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Armella : Ca m’a beaucoup apporté. J’ai rencontré les arts martiaux à une période où je me sentais un peu victime et je voulais sortir de ça ! Les arts martiaux forment le corps et comme le corps et l’esprit sont liés, cela permet de modifier l’esprit en passant par le corps. J’ai donc appris des choses comme apprendre à défendre mon espace vital, aligner mes os pour avoir plus de force, faire partir la force du centre du bassin

 

Illustration d'Art-mella

 

Audrey : On sent que ça t’a donné beaucoup d’enseignements. Tu t’en sers dans tes BDs. Tu prends la métaphore du maître d’arts-martiaux.

Armella : Oui, j’aime bien faire des liens entre les choses et donc entre le dev perso et les arts-martiaux.

 

Audrey : Effectivement. On verra très vite que tu fais d’autres liens, notamment avec la nature pour expliquer des concepts de développement personnel. Avant de vivre de cette passion, je crois savoir que tu es passée par d’autres expériences, un travail qui ne te convenait pas, dans lequel tu ne voyais plus de sens et même tout l’inverse. Je pense que c’est un parcours qui parle à beaucoup. Peux-tu nous en dire plus ? Travaillais-tu déjà dans le dessin ou les arts visuels ?  Comment s’est faite la bascule ?

Armella :  J’ai eu la chance de faire des études dans les arts visuels. Du coup, j’ai fait un BTS de communication visuelle, ensuite de l’animation 3D, et puis il y a avait d’autres choses : de la programmation, la possibilité de faire des installations interactives, j’adorais ça. En sortant de là, j’ai travaillé dans la post production audiovisuelle pour faire des effets ou dans l’animation (3D, 2D).

Alors oui, je pouvais dessiner toute la journée mais ce n’état pas des projets qui avaient du sens pour moi et au-delà de la forme, je ne me sentais pas alignée.

Il n’y avait pas autant de créativité que je voulais, il y avait des contraintes horaires et de productivité qui gâchaient un peu le plaisir, il faut le dire. C’était même stressant des fois. Et toute la journée devant l’ordinateur, ce n’était pas possible. Je me disais « est-ce que ça a vraiment du sens » ? J’étais très sensible à l’enjeu écologique et je ne me sentais pas alignée.

 

Audrey : Ok donc tu as senti l’élan à ce moment-là. Et c’est l’écologie du coup qui t’a poussé à changer ? Tu as basculé à ce moment-là ?

Armella : Ça a pris du temps avant de basculer, de changer. Le déclic s’est fait en regardant un dessin animé d’animation qui disait que l’humain était un parasite pour la Terre.

Ca m’a parlé parce que c’est vrai que l’Humain exploite la Terre. Je ne voulais pas être un virus et je me sentais comme tel.

J’ai trouvé des alternatives comme la permaculture qui m‘ont permis de comprendre que chaque vie a sa place, l’humain inclus. C’était le début d’un chemin.

Après je me suis intéressée à la méditation, au yoga, au Tai Chi. J’ai suivi un maitre vietnamien qui enseignait une forme de Tai Chi qui s’appelle le tai chi intégral. J’ai beaucoup apprécié la profondeur de ses enseignements et j’avais l’impression de découvrir un monde de fou. On s’entendait bien avec un de ses disciples qui nous enseignaient quand ils n’étaient pas là.

J’avais un guide pour tâtonner et découvrir des chemins de conscience, des chemins intérieurs. Et le faire avec un groupe d’amis, c’était très sympa !

Je me suis intéressée aux arts martiaux et à plein d’autres choses. C’est comme si je n’avais pas eu le temps pendant mes études où j’avais dû être réactive, performante…  Alors que là, j’avais une vie active me permettant de m’ouvrir à tout un tas de chose.

J’ai commencé au fur et à mesure à m’aligner avec ce que j’avais envie de faire comme travailler en freelance. Au début, c’étaient des petites choses comme faire la charte graphique de quelqu’un qui travaille avec les plantes sauvages comestibles. J’ai aussi travaillé dans un labo de recherche scientifique pour améliorer l’éducation et la recherche. J’avais envie de changer le monde par l’éducation.

A ce moment-là, j’ai découvert que j’avais beaucoup de violence en moi, dans mes interactions, j’avais envie de faire la révolution parce que le pouvoir devait être horizontal et il ne l’était pas… Cette découverte m’a ouvert la porte de la CNV (Communication Non Violente).

A cette période, j’ai décidé que j’allais me mettre à mon compte, que ça suffisait de tourner autour du pot.

Mais là, j’ai fait un burn-out. Alors tu vois, l’histoire est longue J.

 

Audrey : hehe, c’est rassurant parce que je pense que c’est le cas pour beaucoup. C’est un chemin qui prend du temps que de s’aligner.

Ton burn-out a été un tremplin ? Il t’a obligé à prendre soin de ton “jardin intérieur”.  Quels souvenirs gardes-tu de cette période?

Armella : Mon burn out a été très utile et m’a permis de me reconnecter à moi-même, à ma joie intérieure, à ma créativité, mais pour le plaisir en fait ! C’est comme si j’avais exploité mon jardin intérieur pendant des années jusqu’à ce que la terre soit morte et là, il s’agissait de renourrir ma terre !

 

Audrey :Ce qui n’est pas banal, c’est que tu aies fait ton burn-out au moment où tu avais choisi de te mettre à ton compte, de te lancer.

Armella : oui, c’était pour me remettre sur la bonne voie car je me dirigeais vers ma 2ème passion qui est la couture mais ce n’était pas pour moi, en tout cas pas à ce moment-là, dans le contexte. J’avais autre chose à apporter au monde.

Ce burn-out avait beaucoup de sens. Ce n’était pas facile à vivre mais avec le recul, quand comme il m’a obligé à puiser dans mes ressources, à me reconnecter à ma joie, j’en garde vraiment des souvenirs fabuleux, comme me retrouver telle une petite fille en train de courir sur les pavés en me demandant sur quelle pierre j’allais sauter, à inventer des jeux graphiques, des choses comme ça…

 

Audrey : Je ne sais pas si c’est généralisable mais j’ai l’impression que le burn-out est souvent une épreuve salvatrice qui nous dit que nous devons changer quelque-chose, écouter tout ce que nous avons refoulé. Comment est né le blog conscience quantique ?

Armella : Il est né avant le burn-out, en 2013. J’avais fait tout ce cheminement avec la permaculture humaine, qu’on avait chacun une niche, un rôle, des qualités…mais je n’arrivais pas à trouver ma place, ce que j’avais à apporter. Je me voyais vraiment comme une artiste ratée en fait. Tout le monde me disait que j’avais du talent mais je n’arrivais à rien professionnellement et c’était hyper dur à vivre.

Du coup le déclic a été quand j’ai lu dans un livre : « si tu mourrais dans 2 mois, qu’aimerais tu laisser au monde ? ». Et alors que j’étais en train de faire ma lessive, la réponse m’est venue d’un coup :  « mais bien sûr, je vais faire des BDs ! » sur toutes les petites choses que j’ai commencé à découvrir (méditation, permaculture…) pour les partager au plus grand monde. Je les trouvais tellement essentielles et je trouvais ça tellement hallucinant de les découvrir si tard !

Je ne l’ai pas fait tout de suite, le syndrôme de l’imposteur m’a rattrapé, je me disais « qui suis-je pour parler de méditation, de permaculture… »

Et le 2ème obstacle a été que j’avais du mal à trouver un style car j’aimais changer d’univers graphique à chaque projet.

 

Illustration d'Art-mella

 

Illustration d'Art-mella

 

Illustration d'Art-mella

 

Audrey : Et comment as-tu trouvé ton style, épuré, simplifié et coloré ?

Armella : C’est tout simple. J’ai fait quelques illustrations pour l’association de méditation avec laquelle j’en faisais, dans un style assez proche de celui que j’utilise actuellement.

Très simple avec un trait délié, de la couleur, quelque chose d’assez épuré…

Et la personne pour qui j’avais fait cette illustration m’a demandé pourquoi je n’utiliserais pas ce style pour mes BDs. Je me suis dit « ca ? Mais c’est tellement simple » … J’avais du mal à oser la simplicité. J’adorais faire des choses complexes. Je me souviens d’une BD que j’avais réalisée pour une association sur l’Afrique, je l’avais faite en sculpture en terre glaise, je trouvais ça très graphique mais ça m’avait pris un temps incroyable.

Et oser lâcher ça pour faire quelque chose de simple était vraiment un défi pour moi et en même temps, je voyais que graphiquement, les styles que j’aime chez les dessinateurs que je suis sont les styles simples. Il y a qqch que j’admire dans le fait que la personne ait assez de talent pour ne faire que tracer l’essentiel et que l’essentiel suffise !

 

Illustration d'Art-mella

 

Audrey : Et d’ailleurs la corrélation me semble assez évidente entre ton style et ce que tu proposes à savoir le mode d’emploi de l’humain. Ce mode d’emploi ne fait pas 500 pages avec des algorithmes complexes, il va à l’essentiel en tâchant d’offrir des clés simples, concrètes et efficaces.

Armella : Si j’avais essayé de faire le mode d’emploi à l’écrit, je pense qu’il aurait pu faire 500 pages. Comme le dessin prend du temps et est aussi très riche, pouvant condenser beaucoup plus d’informations que du texte, cela me permet vraiment de synthétiser et aller à l’essentiel.

 

Audrey : Dans tes dessins, je trouve que l’on voit particulièrement bien l’intensité des regards, les émotions, qui sont mises en valeurs par ce côté épuré et focalisé sur l’essentiel. On peut vraiment sentir l’intention dans le dessin ce qui n’est pas évident car avec un regard on fait beaucoup de choses. C’est tout de même grossièrement un rond et un point dedans. Alors Bravo !!

Cette recherche de style est une difficulté classique du dessinateur.

As-tu identifié ce qui faisait que tu avais du mal à lâcher la complexité pour aller vers un style plus simple ?

Ce qui me vient comme ça, parce que ça me parle à titre personnel et je me reconnais, c’est que l’on peut être tenter de montrer que l’on sait.

 

Armella : Oui, c’est ça, il s’agissait de montrer que je savais dessiner. Il y avait quelque chose à prouver. Et d’ailleurs, au début, je ne pouvais m’empêcher de m’excuser en précisant qu’il s’agissait d’un style simple.

 

extrait du tome 1 de "Emotions - enquêtes et mode d'emploi"
extrait du tome 1 de “Emotions – enquêtes et mode d’emploi”

 

extrait du tome 1 de "Emotions - enquêtes et mode d'emploi"
extrait du tome 1 de “Emotions – enquêtes et mode d’emploi”

 

Audrey : Je dis souvent qu’un dessin est avant tout un dessEin et l’intention prend le dessus devant tous les détails et l’enrobage que l’on pourra mettre autour. Alors aux dessinateurs en herbe, je passe ce message aussi : allez-y, lancez-vous, surtout ne pas avoir peur du regard de l’autre dans vos dessins. Et il n’est jamais trop tôt !

Armella : oui, je connais des personnes qui font des dessins bâtons géniaux parce que les mises en scènes et les expressions sont géniales. Ca marche ! Après cela dépend de ce que l’on veut faire, si l’on veut peindre, ce n’est pas la même chose. Comme tu le disais, c’est l’intention qui compte !

 

Audrey: As-tu été encouragée, soutenue dans ton parcours  (amis , famille…) dans ce projet d’illustration du mode d’emploi de l’Humain?

Armella : Alors je dirais oui et non à la fois. Oui parce que ma famille a toujours été derrière moi. Elle  m’a payé des études dans les arts graphiques ce qui n’est pas donné à tous les enfants.

Et non à la fois parce que j’avais tellement honte de moi, de ne pas arriver à faire quel chose de bien que quand je parlais à ma famille et mes amis, j’essayais d’avoir l’air de faire quelque chose de bien mais il y avait cette dissonance entre ce que je montrais et ce que je ressentais, je n’étais pas alignée. Cette dissonance a fait que je n’osais pas demander du soutien, bien trop occupée à faire seule et à me débrouiller.

Du coup, quand j’ai fait les bandes dessinées, je n’attendais pas grand-chose. J’avais quelques amis qui m’ont soutenue parce que j’avais des gros creux psychologiques. Une amie m’a donné le numéro d’un thérapeute qui m’a vraiment débloquée. Donc, oui, j’ai eu du soutien.

Et en même temps, je n’attendais rien de l’extérieur. J’étais tellement concentrée sur ce que j’avais à offrir et c’est en faisant que je le découvrais au fur et à mesure.

 

Audrey : Merci Armella. Maintenant, nous allons entamer une série de questions sur le dessin. Elles sont valables pour tous celles et ceux qui nous écoutent. Aujourd’hui, tu réalises tes BDs en technique digitale. As-tu toutefois des techniques de dessin préférés : Traditionnel ? Digital ? Mixte ? L’apprentissage du dessin digital a-t-il été facile ?

Armella : Le digital n’existait pas quand j’étais petite quoique je me souviens avoir dessiné sur un écran. Mais j’ai appris à dessiner en traditionnel et j’ai appris à dessiner plein de techniques différentes. Je m’étais inscrites aux ateliers du mercredis après-midi au collège et au lycée. J’avais un super prof qui ne nous enseignait jamais de technique mais il nous laissait explorer et nous donnait le matériel pour expérimenter. Il y avait des fusains, des gouaches, des craies grasses, et même des livres pour nous inspirer graphiquement. C’est une façon super libre et naturelle pour apprendre à dessiner : un cadre et une personne bienveillante pour m’aider. Du coup, la question était « qu’ai-je envie de faire » ?

Moi, j’adore tout ce qui est technique traditionnelle parce que je trouve le contact avec la matière apaisant, l’eau particulièrement parce que l’eau est vivante. Il y a une forme de confiance à acquérir envers l’eau. Il y a quelque chose de très gouteux, crémeux avec les craies grasses qui est vraiment jouissif. Le traditionnel est plus apaisant pour moi que la tablette mais j’ai fini par passer au digital pour le gain de temps.

 

Illustration d'Art-mella

 

Audrey : As-tu commencé avec une tablette digitale qui décorrèle le geste de l’œil ou dessinais-tu directement sur écran comme sur papier ?

Armella : Ma 1ere tablette était une wacom ; Je dessinais sur le support et regardais sur l’écran ce qu’il se passait. Je me suis rapidement habituée à ce mécanisme. Le dessin n’est pour moi pas une question de digital ou traditionnel.

Sur le digital, il y a des outils qui n’existent pas en vrai comme le Ctrl-Z J, l’historique.

Quand j’ai envie d’avoir plus de maitrise, je privilégie le digital et quand j’ai envie de plus de liberté dans le geste, je privilégie de traditionnel.

 

Audrey : As-tu rencontré des difficultés dans ton apprentissage du dessin ?

Armella : Il y a eu des pics où je progressais beaucoup et des pics où je commençais à stagner. La rencontre avec ma meilleure amie a été un pallier. A un moment je dessinais toujours la même chose puis j’ai rencontré ma meilleure amie qui m’a boosté et permis de me diversifier.

Je sais qu’il y a eu un pallier aussi quand je suis arrivée en France. Je dessinais beaucoup de mangas et ma meilleure amie était très forte là-dessus…J’étais beaucoup en référence extérieure à vouloir faire comme elle. Je la voyais changer ses personnages, lui ajouter des sourires, lui ajouter des oreilles de chat… Et là, j’ai compris qu’elle aimait ses personnages et pour moi, ça a été un déclic. Il ne s’agissait pas de dessiner pour faire quelque chose de techniquement bien fait et beau mais vraiment mettre de soi dans le personnage !

Et puis j’ai eu un autre pallier quand j’étais en mise à niveau d’art appliquée. J’avais déjà un bon niveau de dessin et en même temps, ce qu’on nous demandait c’était de lâcher le trait, de ne pas tout maitriser. Ça a été un moment difficile émotionnellement car j’avais vraiment besoin de lâcher quelque chose.

 

Portrait d'une femme Illustration d'Art-mella

 

Croquis d'un homme Illustration d'Art-mella

Audrey : Merci ! Et de façon totalement corrélée à ce que tu viens de dire, j’en profite pour rappeler aux élèves du Blog  qu’il y a des tutos, vidéos pour apprendre à lâcher son trait et ne pas être dans le contrôle.

Armella : J’ai une prof de dessin qui appelait ça les mignardises. Et comme tu dis, tout est question d’intention. En posant l’intention et en faisant confiance, il y a quelque chose qui s’opère. C’est un peu un saut dans le vide quand on a l’habitude de maitriser.

 

Audrey: L’apprentissage du digital m’a aussi parlé pour ce qui est du lâcher prise parce que dessiner sur sa tablette sans la regarder et voir ce qui se produit à l’écran était une forme de confiance aussi, un peu dans le même esprit. Et puis le geste est ce qu’il est et parfois, il offre même des opportunités que l’on n’avait pas vu. Tu en parlais avec l’aquarelle tout à l’heure et la confiance à avoir en l’eau. C’est vrai. Et les éléments inattendus qui peuvent se produire permettent de rebondir et de nourrir la créativité, développer sa flexibilité.

Armella : Oui, c’est agréable de se laisser surprendre et même de trouver des techniques pour provoquer la surprise !

 

Audrey : Quand tu commences un dessin, que privilégies-tu (le style, la technique, les émotions, le dynamisme…) ?

Armella : Je pose d’abord l’intention et puis j’ai des images qui me viennent. Je trie, un peu comme dans Minority Report ;) . Et quand je me décide pour une image, je pose l’intention pour affiner.

Parfois, je dessine juste pour me détendre. Je ne pose alors pas d’intention, je laisse juste venir.

 

Audrey : As-tu des routines dans ton processus créatif ? Un rituel ?

Armella : Pas du tout. Je ne suis pas quelqu’un de très routinière. On m’a déjà demandé si j’avais de la discipline. Et oui, j’ai de la discipline mais elle évolue dans le temps. C’est-à-dire que pendant une certaine période, je vais adopter une certaine discipline (yoga, marche…) et je vais changer quand j’en aurai envie. Je me laisse plus porter par ce dont j’ai envie pour garder mon équilibre pour la journée.

 

Audrey :Tu ne te fixes pas d’échéances, de planning ?

Armella : Ah ca dépend, si j’ai des projets professionnels comme par exemple une BD à terminer. Il y a plusieurs phases dans un projet comme celui-là. La première consiste à intégrer beaucoup d’information (formations, lectures, rencontres…). Dans cette phase, je ne suis pas trop dans le dessin. Ensuite il y a une phase d’écriture parfois illustrée. Dans cette phase, a priorité est de noter chaque idée. Dès qu’une idée me vient, je lâche tout pour noter l’idée qui me vient.

Pour mes phases d’écriture, j’ai intégré que j’avas besoin de créneaux de 30 min. Inutile de me stresser à bloquer des ½ journées complètes. Du coup, j’alterne les activités : 30 min d’écriture puis je vais marcher, faire de la couture…. une activité qui m’appelle.

Puis dans la phase de dessin, il y a le storyboard et la mise au propre. Je me laisse toujours une marge et je fais un rétro planning à partir de la date à partir de laquelle je rends ma BD. J’évalue combien de planches je peux faire par jour (parfois 6, parfois 1…). Et c’est important de me fixer ce type d’objectifs pour que je ne passe pas trop de temps sur un tel projet, cela pourrait m’épuiser.

 

Audrey: On a tous besoin de se fixer un rythme pour organiser notre temps. Il est important de se bloquer des créneaux pour sécuriser un temps quotidien de pratique du dessin, pour les débutants comme pour les plus expérimentés.

Dans les cours de Pit, on parle beaucoup de vignettes, pas plus grande que la main, avant de faire un dessin au propre. Aurais-tu un exemple de storyboard à nous montrer pour partager ?

Armella : Voici un exemple de storyboard

 

 

Audrey : Merci :)   . Ca illustre bien le besoin de faire ses vignettes avant. Je trouvais ça intéressant de montrer que les artistes le font.

Tu fais souvent des analogies entre la connaissance de soi, la permaculture ou les art-martiaux. Peux-tu nous dire quels types de ressemblance tu identifies ? En voies-tu avec le dessin également ? Par exemple, le maitre d’art-martiaux et le dessin ?

Armella : Pour moi, le dessin n’est pas décorrélé du développement personnel. Pour progresser en dessin, il s’agit de prendre soin de son terreau intérieur. J’ai une petite anecdote pour ça. L’année dernière j’ai déménagé à la campagne et pour la première fois, j’avais un jardin. Très enthousiaste, je me suis vite demandé ce que j’allais planter. En permaculture, tu as une période d’observation d’1 an. Il n’y avait rien. J’ai été impatiente, j’ai creusé, planté des choses. Je suis dans le sud, il fait chaud, j’ai beaucoup arrosé et je n’ai pas eu une récolte faramineuse.

Mon voisin, lui, a un peu creusé, il a mis du bois en décomposition, du compost…recouvert de paillât et de carton. Puis il a planté. Et la récolte a été … magnifique !!

Tout ça pour illustrer que pour les humains, c’est pareil, le terreau est le plus important ! Il faut du temps pour enrichir la terre.

En reprenant cette analogie, il est important de trouver ce qui nous nourrit quotidiennement et sur le long terme (compost, bois en décomposition), comment je me protège de différentes formes de toxicité. Et puis laisser passer l’hiver, c’est-à-dire, se donner du temps, cheminer. Et ce n’est pas grave si rien ne se voit à l’extérieur. Il est important de laisser maturer.

 

extrait du tome 2 de "Emotions - enquêtes et mode d'emploi"
extrait du tome 2 de “Emotions – enquêtes et mode d’emploi”

 

Audrey : On m’a récemment parlé d’un livre que je n’ai pas encore lu et qui s’appelle « Le coumpound effet ». Il parle de l’importance de persévérer malgré l’absence de résultats immédiats et de garder le focus sur son intention et ce qui nous rend vivant, joyeux. C’est pareil pour le dessin comme pour tout apprentissage. C’est vraiment ce que tu dis.

Armella : oui, et il est essentiel de se nourrir, de gouter à la créativité des autres…Et pour finir de répondre à ta question sur les analogies entre dessin et arts-martiaux, l’analogie que je vois, c’est l’intelligence du corps. Ce que m’avait dit mon maître d’art martial, c’est que le corps, c’est comme de la terre glaise. On le modèle avec tout un tas d’exercices. Au début, on redresse son corps, on lui fait retrouver son axe… le corps va s’entrainer et enregistrer les alphabets puis il va pouvoir enchainer les mouvements de façon intuitive sans que le mental s’en même. Pour le dessin, il y a quelque chose de cet ordre-là. Il y a des exercices à faire pour développer l’œil puis la gestuelle entre l’œil et la main. Une amie m’avait dit que pour savoir correctement dessiner un corps humain, il faut l’avoir appris puis oublié au moins 77 fois :D. Mais c’est vraiment ça : pratiquer jusqu’à ce que le corps se souvienne. Ce qu’il y a de chouette, c’est que ça reste et que même si je ne fais plus d’arts martiaux, je peux utiliser ces techniques pour retrouver de la force, de l’équilibre…

Une fois que le corps a enregistré, les combinaisons se font naturellement. Ça te parle aussi ?

 

Audrey : oui, tout à fait ! Ça me parle beaucoup. Pour ma part, j’ai fait du roller hockey pendant plusieurs années et le processus d’apprentissage a été le même : les gammes pour muscler les chevilles, acquérir les bons gestes de poussée, de transfert de poids, de poignée… et être capable de le faire lentement… jusqu’ à ce que le corps se souvienne et permette d’être à l’aise.

Armella : Et pour persévérer dans cet apprentissage, la clé, je pense que c’est le plaisir !

 

Audrey: Oui, et ne pas focaliser sur le résultat, sur le fait d’avoir du succès mais plutôt sur l’intention que l’on veut provoquer et le plaisir que l’on prend à dessiner.

Quels sont les artistes que tu admires, qui t’inspirent?

Armella : Il y a en beaucoup ! J’ai fait de l’Histoire de l’art et il y en a plusieurs que je peux citer à commencer par Léonard de Vinci. Je trouve que c’est un génie. Klimt aussi.

Il n’y a pas que dans les arts graphiques. Il y a aussi des choses qui m’inspirent dans les spectacles vivants. Et parmi les dessinateurs : Dave McKean, un caméléon qui arrive à se réinventer ; Pascal Campion, un génie de la lumière. C’est en regardant un de ses tutos que j’ai fini par comprendre sa technique. Ey il y a plein d’œuvres qui m’intéressent sans forcément retenir les noms. Je me crée une bibliothèque de référence.

 

Illustration d'Art-mella

 

Illustration d'Art-mella

 

Audrey : En janvier 2015, 1 de tes BD se propage et a plus de 10000 like. Une maison d’édition te contacte alors. Ton jardin intérieur se dessine… Qu’est ce qui selon toi fait que cela a bien fonctionné ? Pour reprendre l’analogie de la permaculture, ton terreau était fertile et la récolte commençait

Armella : Oui, c’est ça. Je me souviens que j’étais avec un ami et quand j’ai vu le nombre de like, je me suis mise à rafraichir la page et le nombre de like augmentait. J’étais ébahie devant cette propagation. Quand mon éditeur m’a contactée, j’étais très heureuse et tellement surprise. C’est parce que mon éditeur m’a contactée que j’ai fait des livres. Je n’aurai pas imaginé pouvoir vivre de ça.

Je ne sais pas pourquoi cette BD a marché. Cette BD était assez polémique, sur « le temps n’existe pas », avec un appui scientifique. J’aime l’alliance des 2. Je pense que ça s’est propagé parce que j’étais en référence interne, je partageais ce que j’aimais uniquement, j’étais alignée. Je pense aussi que j’ai eu beaucoup de chance. J’ai beaucoup de gratitude.

 

Audrey : Lorsqu’on t’a invité à dessiner en direct pour la première fois, à quelle occasion était-ce ? Comment l’as-tu vécu (avant puis pendant) et comment cela s’est passé au final ?

Armella : On m’a contacté pour le festival « Evolution Days » et on m’a proposé soit de faire un logo soit de dessiner en direct. Les logos, j’en avais fait plein… alors j’avais plutôt envie de dessiner en direct. Je n’avais jamais fait. C’est le piquant de la vie, ça a du goût.

J’utilisais beaucoup les techniques de libération émotionnelle pour me préparer et travailler la fluidité entre les mots et les associations imagées que je pourrai en faire. Par exemple, qu’allais-je dessiner en réaction au mot « montgolfière » … et je m’entrainais avec des gammes de ce type.

Au final, c’était super, je n’avais pas le temps de me poser de questions. Je dessinais les idées comme elles me venaient. Et puis j’ai eu des super retours. J’étais un peu sous les feux des projecteurs par le biais des dessins pour à mon tour être actrice et dans mon flow, avec ma tablette.

 

Audrey : Quels conseils donnerais-tu aux dessinateurs en herbe qui souhaitent se professionnaliser ?

Armella : C’est très variable d’une personne à l’autre. Le premier pas serait de définir le projet. Il y a mille façons de vivre du dessin. La personne veut-elle avoir un carnet de commande strict, est-ce que c’est d’avoir beaucoup de temps… Je trouve qu’il est important de le voir globalement dans sa vie en général. Dans nos sociétés, on a tendance à cloisonner les parts de nos vies. Il s‘agirait plutôt de voir comment le dessin s’insérerait dans ce projet de vie globalement. Est-ce que ce serait en nomade digital ? en mode solitaire dans une cahute au fond de la nature ? … Il y a un univers de possibilités et des modes de vie à inventer. Je discutais récemment avec Solene Soeley qui est une artiste confirmée qui travaille dans le domaine du développement personnel. Elle a décidé qu’elle ne voulait pas de délais. Elle attire à elle des personnes intéressantes, riches d’avoir cheminé intérieurement et de penser différemment de la moyenne, qui lui offrent une qualité de vie et qui respectent ces critères.

Donc définir son projet professionnel, c’est définir son projet de vie au global.

 

Audrey : Parmi tes différentes explorations, y en a-t-il quelques-unes que :

  • tu utilises au quotidien  (CNV, méditation…)?
  • tu conseillerais aux dessinateurs pour les aider à gérer le stress de la page blanche, faciliter l’inspiration, gérer la peur du regard des autres sur son travail?

 

Armella : Ce que j’utilise le plus est ce que je présente dans mes dernières bandes-dessinées  : les techniques qui permettent de recréer de l’harmonie entre les différentes parts de moi (IFS = Internal Family System, tome 3) : celle qui ne se sent pas aimée, celle qui pense qu’on ne peut en vivre, celle qui veut manger pour éviter…

Et il y a aussi celles que je vais expliquer dans le tome 4 qui est la théorie polyvagale et la compréhension du système nerveux autonome qui explique comment sortir de la survie et entrer dans un état de flow et de créativité, dans l’ouverture du cœur.

Mais concernant “l’angoisse de la page blanche”, je crois que c’est dû à une croyance qu’il faut être productif sur commande. Cela va souvent avec une part de nous qui nous juge de ne pas y arriver. Et cela est complètement contre-productif car la créativité n’est pas dans le même niveau de conscience que le stress.

Aujourd’hui je n’ai plus l’angoisse de la page blanche parce que je n’attends pas de moi de produire à un rythme qui n’est pas le mien… tout comme on ne peut pas demander à un pommier de donner des pommes tous les jours de l’année. Tout ce qu’on peut faire avec un pommier, c’est en prendre soin, le nourrir et avoir confiance en la vie qui coule en lui pour lui faire donner des pommes en son temps.

Alors plutôt que de me mettre la pression, je me nourris de choses inspirantes, ressourçantes, et j’adapte mon mode de vie pour qu’il convienne à mon rythme naturel.

 

extrait du tome 3 de "Emotions - enquêtes et mode d'emploi"
extrait du tome 3 de “Emotions – enquêtes et mode d’emploi”

 

Audrey : As-tu une échéance sur le tome 4 ?

Armella : Non, je n’ai pas d’échéance. Là, je suis enceinte et je voulais en profiter pour avancer ce tome là et puis voyant que j’avais plein de choses à vivre, des émotions qui surgissent, j’ai besoin de temps pour vivre les choses, me préparer à accueillir mon bébé.

J’ai du coup mes blessures d’enfance qui resurgissent notamment liées à la sécurité, au besoin de m’accrocher à quelqu’un de sécurisant.  Je suis en train de traverser tout ça et mon bébé va me faire grandir. Je fais confiance en la vie pour m’aider à créer. C’est un peu ce qui s’est passé pour le tome 1 que je voulais finir un 6 mois puis 1 an puis 2 ans et au final 3 ans. Ça a été un temps nécessaire durant lequel je me suis formée, je suis devenue thérapeute. J’avais besoin de vivre tout ça et ces expériences ont permis de nourrir le livre.

 

Audrey : Tu arrives aujourd’hui à vivre de ta passion parce que tu as trouvé ta juste place. La persévérance me semble un outil essentiel pour tout artiste ou tout entrepreneur ? Vivre de sa passion peut signifier être freelance et donc d’autres activités que le dessin (publicité, administratif…). Comment gères-tu cette partie-là ? Quel pourcentage de ton temps de travail cela représente-t-il ? 

Armella : Je ne sais pas trop, j’ai du mal à mettre des pourcentages. Il y a des phases où je ne fais que créer comme récemment avec le tome 3 que j’avais mis en priorité.

En temps normal : je passe ½ journée à faire ma compta. Il y a l’administratif, les déclarations d’artiste, de ma société…Ma boutique en ligne afin de co-éditer et vendre mes propres livres m’a pris beaucoup de temps. J’ai fini par trouver quelqu’un pour déléguer cette partie. Il restait le support, la gestion des incidents sur la boutique. Je m’en suis occupée pendant 3 ans mais je voyais qu’il fallait que je passe à autre chose. Ça me prenait jusqu’à 3h dans la journée et ça me coupait de ma créativité. Depuis 1 an, C’est mon mari qui a repris cette partie ce qui me dégage du temps.

 

Audrey : Même si tu ne vas pas chercher la visibilité, aurais-tu quelques astuces de communication et de visibilité pour les artistes qui aimeraient faire connaitre leur travail ?

Armella : Il y a des choses très classiques que l’on peut mettre en place sur les réseaux sociaux (avoir un compte Instagram, mettre des #) mais aussi faire des post à plusieurs. Ce que je conseille vraiment, c’est de faire des choses qui viennent des tripes  et donner avec générosité pour irradier et toucher les bonnes personnes.

 

Audrey : Tu contribues également au magazine Kaizen, magazine pour les modes de vie alternatifs. J’ai particulièrement adoré celui sur le souffle quantique dans lequel tu vulgarises les différents principes physiques, élargis aux impacts sur les interactions humaines.  Comment est née cette collaboration ? 

Armella : Cela s’est fait de manière naturelle car mon éditeur « Pourpenser-édition » connait les gens du magazine Kaizen. Les BDs sur les émotions leur ont plu et ont souhaité reprendre certains extraits de bande-dessinées pour les mettre en ligne. Puis ils m’ont proposé de faire une BD par mois en ligne pour Kaizen et ils ont pensé à moi sur ce spécial Hors-série sur le Souffle quantique, dans lequel j’ai 5 BDs dedans pour vulgariser la quantique. J’y explique ce que moi je comprends.

Kaizen m’avait proposé de faire une BD sur chaque série de magazine. J’ai fini par arrêter car j’avais trop de choses en même temps entre mes accompagnements, mes BDS, les conférences…ça me faisait trop et je me mettais de la pression pour sortir quelque chose de nouveau alors que j’avais quelque chose de mur qui était prêt à naitre (le tome 3)

 

corps quantique, planche d'Art-mella

conscience quantique, planche d'Art-mella

 

Audrey :  A court/ moyen terme, même si tu vas être déjà bien absorbée par une occupation mère-veilleuse ;), et que tu as déjà le beau projet du tome 4 d’ « émotion – Enquêtes et mode d’emploi », en as-tu d’autres ?

Armella : Le tome 4 est déjà conséquent mais j’ai d’autres envies aussi : proposer des méditations guidées, quelque chose sur la thématique des relations de couple (formation en ligne ou autre, la forme n’est pas encore définie). La thématique des éco-villages m’intéresse aussi beaucoup.

 

Audrey : Merci Armella pour cette interview. On a partagé l’importance du flow et de ne pas se mettre la pression sur ce que l’on s’imagine que les autres attendent de nous. Dans toute l’interview, c’est cohérent, tu nous explique de se laisser le temps et tu prends l’image de la cellule qui a juste à être.

C’est peut-être le dessin que vous avez dans votre besace et c’est peut-être autre chose. Alors surtout ne lâchez rien ! La récolte suivra, c’est sûr.

Merci beaucoup pour ton temps et ce partage ! Quelles que soient nos compétences / appétences, ce qui nous plonge dans notre flow, on peut toujours trouver un champ d’utilisation à ces préférences, les faire grandir, les transformer en compétences afin de prendre sa juste place. J’aime beaucoup l’analogie que tu fais avec les cellules d’un corps. Alors oui, si nous constituons tous un corps vivant, chacun constitue une cellule avec son rôle à jouer.

Cette analogie permet d’inverser le réflexe que l’on peut avoir qu’il fait faire pour avoir puis être. Et si nous changions ce paradigme pour d’abord être puis faire pour enfin recevoir

Armella : Merci pour ce temps et m’avoir invité avec cet axe dessin et développement personnel.

J’ai un dernier élément à ajouter. Je me suis rendu compte ne pas avoir répondu aux outils pour aider les dessinateurs. Je conseille vraiment le livre « Libérez votre créativité », de Julia Cameron.  Ce livre m’a beaucoup aidé après mon burn-out pour nourrir son terreau intérieur et retrouver son âme d’enfant. Je le conseille vivement.

Enfin, j’ajouterais que pour moi, le dessin (comme toutes les formes d’arts d’ailleurs) n’a pas à être utile, car il est essentiel. Car quand on y pense, sans beauté, sans art, sans créativité, sans plaisir, le monde serait bien triste. On peut même se demander si nous serions encore humain, ou si nous ne serions pas plutôt quelque part entre des animaux en survie ou des engrenages “utiles” dans une machine à produire ?

Pour moi, le dessin en soi n’a pas à servir à quelque chose, il est fondamentalement une forme d’expression de l’être. Après, oui, on peut s’en servir comme je le fais pour faire passer des messages dans mes BDs, mais je trouve qu’il se suffit à lui-même. Pour moi, cela fait partie des choses qui font de nous des êtres humains.

Allez plus loin en illustration jeunesse!

Laure Phélipon, illustratrice jeunesse professionnelle, nous montre comment elle procède pour démarrer dans le métier, notamment comment illustrer en couleurs (traditionnel+numérique), comment trouver ses premiers clients et bien d’autres choses…