De grande débutante en dessin à illustratrice professionnelle, Laeticia, une de mes plus anciennes élèves, a réussi à tirer son épingle du jeu au fil des années.
Elle est à présent devenue un pilier fondamental du projet apprendre à dessiner.

J’ai aujourd’hui le plaisir de vous la présenter au travers de cette humble interview.
Dans les paragraphes suivants, nous allons aborder son parcours de dessinatrice et discuter des difficultés qu’elle a rencontrées lors de son apprentissage du dessin et de l’illustration.

Portrait au liner

Salut Laeticia, peux-tu te présenter et parler un peu de ton parcours scolaire et professionnel?

Salut Pit ! Alors, j’ai 20 ans (dans ma tête), je suis passionnée de mangas, comics , BD.

J’ai un parcours scolaire classique d’élève sérieuse. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire comme métier, j’ai choisi un bac tertiaire (commerce et comptabilité), parce que mes parents étant commerçants à l’époque, je me suis donc tourné vers des métiers en rapport avec le commerce et la vente.

Puis après le bac, j’ai choisi de me spécialiser en comptabilité, j’aimais bien ça. 

J’ai fait un BTS en comptabilité et gestion puis le diplôme obtenu, je songeais à continuer dans cette branche. J’ai alors débuté les inscriptions pour continuer mes études, car je voulais devenir expert-comptable, mais finalement j’ai préféré rechercher un travail une fois fraichement diplômé, j’avais 20 ans et je voulais gagner ma vie.

Je pense que c’est le fait d’avoir fait des stages en entreprise durant mes deux années d’études, qui m’ont aussi conforté dans mon choix d’entrer dans la vie active.

A peine j’ai cherché du travail que j’en ai trouvé un dans la semaine qui a suivi, en tant qu’assistante comptable.

illustration d’une déesse, j’ai choisi les massaïs comme inspiration

Comment en es-tu arrivée à devenir artiste?

Un hasard ? Le destin ? Qui sait…

Au départ, je voulais simplement m’améliorer en dessin.

Suite à mes deux séjours au Japon, un après avoir obtenu mon diplôme et l’autre 2 ans plus tard, où il m’est arrivé plusieurs situations assez cocasses, je souhaitais en faire une petite BD humoristique. 

À ce moment-là, il n’y avait pas de formation disponible, j’ai progressé tout doucement en autodidacte, en copiant et en analysant ce que je copiais.

Ensuite, il y a eu les évènements de la vie, un travail très prenant, puis l’arrivée de mes enfants, et là j’ai arrêté de travailler pour m’occuper à plein temps de mes enfants. Le temps a passé et je ne dessinais quasiment plus. 

Après la naissance de ma petite dernière, je ne voulais pas retourner travailler dans la comptabilité, j’en avais fait le tour, je ne m’épanouissais pas dans ce métier.

Je me suis alors vraiment posé la question, à savoir si je pouvais devenir artiste pro et gagner ma vie en faisant une chose que j’aime. 

Je n’ai pas hésité très longtemps avant de faire le choix de devenir artiste, évidemment mon mari m’a bien aidé en me disant que de toute façon je n’avais rien à perdre à essayer.

Il me restait juste à savoir ce que je voulais vraiment, puis en voyant toutes ces possibilités, ces métiers, l’explosion de contenu à disposition sur internet. Plus aucun doute, c’est ça que je voulais faire ! 

À l’adolescence, je me souviens y avoir songé, mais sans vraiment savoir que le métier d’artiste existait.
Un peu comme une particularité destinée à une poignée de personnes talentueuses.

Oiseau au liner

À quel âge as-tu appris véritablement les bases du dessin ?

Je dirais vers 30 ans avec la formation Bases du dessin, la première version de ta formation.
Maintenant, celle-ci a bien évolué.

Je cherchais un moyen de m’améliorer rapidement et je suis tombé par hasard sur ton blog.
Et les jours qui ont suivi, j’ai acheté la formation.

(Recherche de mon style) Black Panther dont j’ai dû inventer la pose, je n’ai pas réussi à trouver les références que je voulais, je me suis donc basé sur plusieurs portraits pour créer celui-ci.

Quels ont été tes challenges personnels pour apprendre à dessiner?

Alors là, c’était surtout de trouver du temps pour le dessin, en conciliant toutes les obligations familiales, les obligations extérieures, les activités diverses et variées, le sport des enfants et le mien. 

Je m’étais fixé pour objectif de dessiner tous les jours sans exception.
Et j’y suis arrivée en me couchant un peu plus tard le soir ou dès que j’avais un petit moment de libre. 

Je voulais me prouver que je réussirais à apprendre le dessin et avoir un excellent niveau rapidement pour vivre de mon art.
C’est tout moi, toute ma vie je me suis lancé des challenges et ce n’est pas fini ! J’en ai besoin.

Sorcier créé à partir d’un brief, j’ai créé tout le personnage d’imagination sauf certains de ses tatouages aux bras et trois éléments du décor dont je me suis inspirée de référence.

Pour toi, quelles ont été les connaissances/exercices qui t’ont vraiment débloqué ou qui t’ont le plus servi pour apprendre le dessin?

Incontestablement, c’est la compréhension de la perspective qui m’a permise de passer une étape.

C’est quelque chose qu’on sait, qu’on voit tout le temps, mais comprendre comment l’utiliser en dessin, ça a été un déclic. 

Ensuite, c’est le pouvoir incroyable de la segmentation. Je l’utilise tout le temps. 

Et en dernier, le fait d’avoir appris l’anatomie m’a débloquée. J’adore dessiner des portraits et des personnages et grâce à ces connaissances j’ai pu dessiner les personnages comme je le voulais, sans être frustrée par le rendu. 

Oups ! J’allais oublier la couleur et la composition, je ne comprenais rien aux couleurs alors je ne faisais surtout que des dessins en noir et blanc, mais j’aime la couleur, donc de temps en temps je tentais quelque chose, mais c’était horrible. 

Avec la composition, j’ai compris que rien n’était dû au hasard dans un dessin, une peinture ou même un film. Maintenant dès que je vois une illustration qui m’interpelle, je la décortique.

Parfois même lorsque je regarde un film ou une série et c’est fascinant.
Évidemment je dois faire un retour en arrière puisqu’à ce moment là je ne suis plus l’intrigue du film. Ha ha

travail de composition

Si tu devais apprendre à dessiner de zéro, que ferais-tu différemment?

Hum… Je prendrais mon temps pour pouvoir progresser plus rapidement. C’est étrange vu comme ça, mais le fait de prendre son temps pour bien comprendre tout de suite ça évite de revenir sur ses pas quelque temps plus tard en se disant “j’ai loupé un truc, ça ne fonctionne pas”.

petite planche de BD humoristique faite sur un coup de tête, j’ai mis un décor (c’était rare)

Quelles sont tes sources d’inspiration? as-tu des illustrateurs/illustratrices ou peintres préféré(e)s?

Je m’inspire bien souvent de mon vécu, de mes proches, de ce que j’entends de ce que je lis ou ce que je vois. Je parle peu, mais j’observe beaucoup. Tout ça associé à une imagination débordante, ça aide.

 

Houlà ! J’ aime beaucoup d’illustrateurs et de peintres, je vais restreindre ma sélection aux artistes plus récents :

Evan Cagle : j’adore ses gravures. Il arrive à y instaurer une illusion du mouvement et on ressent ce mouvement.

Sean Gordon Murphy : pour la qualité de son trait, témoignant d’une certaine vélocité dans l’execution du tracé.

Glen Keane : pour ses dessins dynamiques et très vivants. Il a une line incroyable.

Artgerm : j’adore ses personnages et la facilité qu’il a avec l’anatomie.

Toraji : pour ses personnages et ses ouvres aux palettes de couleurs très limitées, au premier abord on pourrait croire qu’il y a plusieurs couleurs dans ses oeuvres , mais à bien y regarder on en distingue finalement qu’ une ou deux maximum. Un artiste intéressant à étudier.

Lorenzo Lanfranconi : pour ses dessins de paysage colorés qui font très film d’animation, proche des dessins du studio Ghibli, je trouve.

Quel a été le dessin (ou l’illustration) qui t’a causé le plus de souci? Peux-tu expliquer en détail les challenges que tu as rencontrés?

C’est l’illustration avec la petite sorcière qui se dirige vers l’école. J’en ai clairement bavé. C’était la première fois que je faisais une illustration vraiment finie, où je devais mettre en pratique toutes les connaissances pour la réaliser. Que ce soit la composition, la lumière, couleurs, perspective, perspective atmosphérique, paysage, personnage, texture.

Bizarrement, c’est sur les personnages que j’ai eu le moins de soucis, alors que je n’ai utilisé aucun modèle ni référence. 

J’avais réalisé une dizaine de vignettes avant, puis gardé quatre qui me plaisais, et j’ai choisi celle dont j’avais une bonne idée en tête.

Jusque là ça allait. Ensuite j’ai fait les montagnes/falaises mais ça ne me plaisaient pas, j’ai modifié plusieurs fois, cherché plusieurs références avant d’arriver au rendu que je voulais.

Puis, le plus dur était de faire le château, j’avais du mal avec l’architecture, au début c’était un pauvre château tout miteux (ha ha), puis j’ai recherché beaucoup de références, avant de créer celui-ci. Je me suis inspirée de châteaux bavarois. Je trouvais que leur architecture collait bien à cet univers.

Pour les couleurs, j’avais tendance à me disperser un peu, mais je suis revenu sur une palette plus limitée. Ça se passe en début de matinée, le soleil est levé, il est l’heure d’aller à l’école, je voulais qu’on ressente cette atmosphère matinale et la brise légère.

Ce fut compliqué, mais intéressant de voir qu’en prenant son temps et en mettant ses doutes et ses craintes de côté on arrive à avoir de très belles surprises.

Ce fut mon illustration la plus aboutie mais la plus compliquée..

As-tu des conseils pour les débutants qui commencent et qui voudraient progresser vite?

Je leur dirais de ne pas s’inquiéter, qu’il ne faut pas se mettre de barrière. Quand on débute, on s’imagine facilement des obstacles, alors qu’il suffit juste d’avancer pas à pas et de s’entrainer tous les jours. 

Et surtout qu’ils ne doivent pas se dire qu’ils sont nuls, mais simplement se dire qu’ils n’ont, **pour le moment,** pas encore le niveau.

On ne sait pas tout quand on débute, il est normal de faire des erreurs et il ne faut pas avoir peur d’en faire.  Quand bien même on remplit des centaines de feuilles afin de s’exercer, ce qui compte finalement, c’est chaque petit coup de crayon réfléchi qui nous mène à la véritable progression

portrait aux crayons de couleurs suite à la formation croquis. Mon niveau n'était pas celui d'aujourd'hui.

Merci Laeticia pour cette interview!

Allez plus loin avec la formation complète sur les bases du dessin:

Fini de copier bêtement les dessins des autres ou des photos trouvées sur internet! Apprenez les véritables bases du dessin à votre rythme, en partant d’un niveau zéro. Si vous pensiez que le dessin n’était pas fait pour vous, alors vous allez être surpris! ;o)