Avoir un bon pinceau est, avec le fait d’avoir un bon papier, un critère essentiel pour pouvoir aquareller avec plaisir et virtuosité. Mais qu’est-ce qu’un bon pinceau pour l’aquarelle ? C’est un pinceau qui absorbe bien l’eau et les pigments et les relâche de manière homogène. En gros, il ne relâche pas une énorme goutte d’un seul coup pour se retrouver aussitôt à sec ! Pour un pinceau versatile, on en choisira également un qui possède une certaine élasticité et une certaine nervosité, et qui conserve bien sa forme (même si certains pinceaux “mous” peuvent être bien utiles dans certaines circonstances, j’y viendrai plus tard).

Mais des pinceaux il y en a de toutes les formes, et de toutes les tailles. Il en existe de différentes matières, de différentes marques, et à tous les prix… alors comment s’y retrouver dans tout ça ? C’est ce que je vais tacher de vous expliquer dans cet article. Et si vous avez un tout petit budget, je vous donnerai mes conseils pour ne choisir qu’un seul pinceau qui vous permettra de réaliser l’essentiel de ce qu’il est possible de faire à l’aquarelle.

Illustration aquarelle

​Les différentes formes de pinceau

Quand on se retrouve au rayon des pinceaux dans un magasin Beaux Arts, une des premières choses qui fait qu’on peut se sentir perdu c’est qu’il existe une multitude de formes de pinceau différentes : ronds, plats, carrés, traînards, traceurs, lettreurs, biseautés, spalters, usés bombés, strypers ou bien encore en forme d’épée, de bulbe, de jupon, d’éventail, de langue de chat… Comment faire son choix dans tout ça ? Pour simplifier, on peut déjà classer les pinceaux en 3 grandes catégories :

  • les pinceaux ronds
  • les pinceaux plats
  • les pinceaux de forme spéciale

Pinceaux ronds aquarelle

​Les pinceaux ronds (= round brushes)

On peut les subdiviser en 2 catégories :

  • les ronds à pointe fine, qui ont un​e brosse bombée se terminant par une pointe très fine. Dans l’idéal ils possèdent aussi une certaine élasticité et une certaine nervosité et reprennent leur forme facilement, ce qui permet d’avoir un bon contrôle sur le tracé produit. Ils permettent de couvrir des surfaces de papier en faisant des aplats de couleur comme de travailler dans les détails en utilisant la pointe. Pour moi, ce sont les pinceaux d’aquarelle par excellence, et si on ne devait choisir qu’un seul pinceau pour l’aquarelle, ce serait un rond à pointe fine.

Pinceau aquarelle rond à pointe fine

pinceau aquarelle rond à pointe fine

  • les mouilleurs ou pinceaux à lavis. Extrêmement ventrus, ils se terminent aussi en pointe mais comme ils sont le plus souvent très mous, la pointe ne reprend pas facilement sa forme. Ils ont comme particularité de contenir d’énormes quantités d’eau et de pigments et servent donc, comme leur nom l’indique, à effectuer de grands lavis, à couvrir rapidement de grandes surfaces de papiers avec de la couleur.  Ils sont donc idéaux pour poser les premières couches d’aquarelle et ébaucher les grandes formes. En revanche, ils ne sont pas prévus pour travailler dans le détail et il est souvent plus difficile de contrôler la quantité d’eau et de pigments dans de tels pinceaux, surtout pour les débutants. On les reconnaît facilement au fait qu’ils n’ont la plupart du temps pas de virole (cette partie qui attache la touffe de poils au manche du pinceau) mais sont ligaturés par des fils en métal la plupart du temps.

Pinceau aquarelle à lavis

​Les pinceaux plats (= flat brushes)

​Comme leur nom l’indique, ils ont une brosse plate généralement carrée. Pas forcément simples à utiliser pour les débutants, les pinceaux plats sont pourtant plus versatiles qu’on ne le pense, et certains aquarellistes réalisent pratiquement l’entièreté de leurs œuvres avec des pinceaux plats. Ils demandent simplement un temps de prise en main pour apprendre à exploiter les possibilités qu’ils offrent. En les utilisant sur le plat, on peut facilement créer des bandes d’une largeur uniforme. En utilisant la tranche, il est très facile de créer des lignes et des éléments de paysage, et dans une certaine mesure il est possible de travailler sur les détails en utilisant le coin.

Aquarelle tracés au pinceau plat

Arbres à l'aquarelle aux pinceaux plats

​Ils permettent de bloquer très facilement et rapidement de grandes formes, ce qui peut être très utile pour aller à l’essentiel lors des premiers stades d’une peinture. Ils produisent également un visuel graphique impossible à reproduire avec un pinceau rond. Ils sont aussi très pratiques pour adoucir le bord des lavis. Après les pinceaux ronds, ils sont selon moi le 2ème type de pinceau à ajouter à sa collection.

types de pinceaux aquarelle plats

On en distingue 3 types :

  • les plats carrés “normaux” : brosse de 6 à 20 mm de large, avec un manche de taille normale (à gauche sur l’image ci-dessus)
  • ​les spalters : brosse de 20 mm et plus, avec un manche court (au centre sur l’image ci-dessus)
  • les brosses hake : brosse de 20 mm et plus avec un très long manche, ce sont les pinceaux plats utilisés en calligraphie et en peinture chinoise (à droite sur l’image ci-dessus). Mais il est tout à fait possible de les détourner pour l’aquarelle. Ils ne sont pas forcément simples à utiliser, surtout pour les débutants, car ils se gorgent d’eau et ne conservent ni leur forme ni leur tranche. Mais ils permettent de créer des effets de texture très intéressants et sont très pratiques pour mouiller un papier et réaliser de grands lavis. En plus ce sont des pinceaux vraiment pas cher (mais qui ont tendance à perdre un peu leurs poils).

Aquarelle tracés à la brosse hake

​Les pinceaux de forme spéciale

Tous les pinceaux qui ne se retrouvent pas dans les ronds et les plats peuvent être classés dans la catégorie des pinceaux de forme spéciale. Il existe une multitude de formes, chacune d’elle permettant de créer des tracés ou des effets de texture particuliers. Ils ne sont donc pas essentiels, mais peuvent ​constituer une aide pour l’aquarelliste qui cherche à enrichir la palette des effets qu’il est possible de créer à l’aquarelle​. Il est d’ailleurs amusant et formateur de tester les possibilités qu’ils offrent et d’essayer ensuite les introduire dans ses œuvres. Je ne les passerai pas tous en revue, car il y en a bien trop, mais en exemple en voici ​2 types que j’ai pu tester :

  • les traînards (= “rigger brush” en anglais) : ils sont dotés d’une touffe de poils très longue et très fine. Cela permet de diminuer l’effet du tremblement de la main pour tracer de longues lignes très fines (utile par exemple pour les tiges, les petites branches, les câbles qui traversent le paysage urbain, etc…). Comme la touffe de poils est très longue, elle contient suffisamment d’eau pour un tracé en continu sans avoir besoin de recharger. On peut aussi les détourner en les utilisant sur la tranche pour des effets de végétation.

Pinceau aquarelle trainard

  • les pinceaux bulbe ou langue de chat​ (= “bulbic” ou “cat’s tongue” en anglais) : ils mélangent un peu les caractéristiques du pinceau plat et du pinceau rond à pointe fine. Il permettent de tracer des bandes de taille uniforme, de faire facilement des pleins et des déliés, mais aussi de tracer des lignes fines et de travailler dans le détail grâce à leur pointe.

Pinceau aquarelle bulbe

​Un petit mot sur les pinceaux à réservoir d’eau, qu’on trouve aussi souvent dans la catégorie des pinceaux spéciaux : ce sont des pinceaux synthétique (en nylon généralement) avec un réservoir que l’on remplit d’eau (ou d’encre ou de broue de noix). Il faut pincer le réservoir entre ses doigts pour que l’eau descende dans la brosse. Ils ne sont pas très chers et sont assez populaires auprès des urban sketchers et des aquarellistes de plein air, car il est facile de les sortir rapidement du sac et ils permettent d’activer l’aquarelle sans avoir à sortir un pot à eau. C’est ce que j’ai utilisé lors de mes premiers plein air en me disant : “trop génial !! pas besoin d’emmener de réserve d’eau et ça ne prend pas de place dans le sac !” Je peux vous dire que j’ai vite déchanté : il m’était très difficile de faire une belle aquarelle avec ces pinceaux. C’était compliqué de contrôler la quantité d’eau dans la brosse : soit il sortait trop peu d’eau et je me retrouvais à sec dans les moments où j’avais besoin de couvrir rapidement des surfaces, soit au contraire il y avait trop d’eau et mes couleurs restaient trop diluées, ou bien une grosse goutte sortait d’un seul coup au moment où mon lavis commençait tout juste à sécher et que j’avais besoin de travailler avec de la peinture plus concentrée… une vraie galère ! Sans compter que pour évacuer une couleur de la brosse, il fallait faire couler plusieurs gouttes. Et hop, mon pinceau se vidait ! J’ai rapidement acheté quelques bons pinceaux aquarelles pour mon kit de plein air et trouvé des solutions pour transporter un peu d’eau. Par contre, j’ai quand même toujours un pinceau à réservoir d’eau avec moi, car là où ils sont bien utiles selon moi, c’est pour activer du crayon aquarellable, et aussi pour mettre quelques petites touches de couleurs hyper simples et rapides à quelques endroits d’un croquis à l’encre quand on est très pressé.

Activation crayon aquarellable au pinceau à réservoir d'eau

​Les différentes tailles de pinceau

Des pinceaux minuscules prévus pour peindre les tous petits détails aux énormes pinceaux à lavis qui permettent de couvrir de grandes surfaces d’un seul mouvement de poignet, il existe des pinceaux de toutes les tailles. Quand on a un budget extensible, il est pratique d’acheter plusieurs tailles différentes et de changer de pinceau en fonction de ce qu’on est en train d’exécuter. Mais si on a un tout petit budget, ou qu’on débute et qu’on ne souhaite pas investir de trop avant de savoir si l’aquarelle va nous plaire, on aura peut-être envie de se limiter à un voire deux pinceaux maximum. Dans ce cas, quelle taille choisir ?

Choisir la taille de pinceau aquarelle

Tout d’abord, il faut savoir que la taille indiquée sur les pinceaux permet uniquement de comparer entre eux les pinceaux d’une même marque et d’une même gamme. Un taille 12 de la marque Raphaël n’aura pas forcément les mêmes dimensions qu’un taille 12 de la marque Da Vinci par exemple. Evidemment, cela rend les choses encore plus compliquées quand il s’agit de choisir, surtout si on commande ses pinceaux en ligne, car il est alors difficile de s’imaginer leur taille réelle. Alors si on veut un critère fiable, il faut considérer le diamètre du pinceau en ce qui concerne les pinceaux ronds, et la largeur du pinceau en ce qui concerne les pinceaux plats. La longueur de la brosse, c’est à dire la longueur des poils, donne une information supplémentaire. Toutes ces mesures sont exprimées en millimètres (ou en pouces – “inch” en anglais – pour les pinceaux plats) et sont généralement indiquées sur les sites des fabricants ou les sites de vente de matériel Beaux Arts.

– Pour les pinceaux ronds à pointe fine, un diamètre entre 5 et 8 mm permet d’effectuer la majorité du travail. De mon expérience, un pinceau de 5 mm de diamètre vous permettra de travailler assez confortablement jusqu’au format A5. Au-delà, les grands aplats de couleur deviennent compliqués car le pinceau est trop petit pour les surfaces de papier à couvrir. En revanche, la pointe fine vous permettra de réaliser les petits détails. Si vous passez à des formats supérieurs au A5 (entre le A4 et le A3), choisissez plutôt un pinceau de 8 mm de diamètre : il sera suffisamment ventru pour effectuer vos lavis (même si investir en plus dans un bon gros mouilleur facilite la vie dès qu’on commence à travailler en A3). S’il est de bonne qualité et qu’il a une bonne pointe, il vous permettra d’aller pas mal dans le détail aussi malgré sa taille, même s’il n’aura pas la finesse d’un 5 mm. Donc le choix dépend de la taille des œuvres que vous projetez de réaliser. Personnellement il m’est arrivé de faire une œuvre entière avec uniquement mon pinceau rond à pointe fine de 8 mm de diamètre, même si j’aime changer pour le 5 mm de diamètre dès que je passe sur les détails fins. Si vous avez le budget, prenez les deux, c’est une bonne combinaison qui vous permettra de réaliser quasiment tout ce que vous souhaitez.

Silver Black Velvet 3000S ronds à pointe fine

– Si vous voulez investir en plus dans un mouilleur ou pinceau à lavis, prenez-en un qui fasse au minimum 10 mm de diamètre, car en deçà je ne vois pas tellement l’intérêt. Plus vous prévoyez de travailler grand, plus il faudra de gros mouilleur : en aquarelle on ne peut travailler la peinture que quand elle est mouillée, donc on joue contre le temps. Si vous ne disposez pas de pinceaux suffisamment grands pour la surface à travailler, vos lavis risquent de commencer à sécher avant que vous ayez terminé de les poser et de les modifier. Personnellement, mon mouilleur préféré est un gros “quill” de 16 mm en poil de chèvre série 3525S de la marque Silver Brush : je l’utilise dès le A4 et même moins, pour mouiller mon papier et poser les grandes zones de couleurs.

– Si vous voulez investir dans un ou quelques pinceaux plats, je dirais qu’un 19 ou 20 mm de large (3/4 de pouce, écrit 3/4” ou 3/4IN en anglais) est assez versatile : jusqu’au format A4 il permet de couvrir de bonnes surfaces et sa tranche reste suffisamment fine pour créer des lignes. Si vous voulez aller dans les petits recoins ou travailler sur plus petit format, prenez en plus un 12 mm (1/2 pouce = 1/2” ou 1/2IN) ou un 10 mm. Si vous voulez faire des lavis sur de plus grands formats (A3 et plus), prenez un spalter de 25 mm (1 pouce = 1” ou 1IN)​ ou plus. Plus le format de vos œuvres s’agrandira, plus les pinceaux à prévoir seront larges.

tailles de pinceaux plats aquarelle

​Des pinceaux de différentes matières

​Les poils des pinceaux peuvent être fait en 2 types de matière : il y a d’un côté les pinceaux en poils naturels, onéreux car le poil naturel lui-même coûte cher aux fabricants, et les pinceaux en poils synthétiques, moins chers mais dont le prix varie en fonction de la qualité de la fibre synthétique en question. Quelle est la différence entre les deux ?

– Les pinceaux en poils naturels ont théoriquement ce qu’on appelle une meilleure “trempe”, c’est à dire qu’ils retiennent plus d’eau et de pigments que les pinceaux en poils synthétique, et il les relâchent de manière plus homogène.

– En ce qui concerne les pinceaux ronds à pointe fine, essentiels aux aquarellistes, les pinceaux en poils naturels ont théoriquement une meilleure pointe, plus fine, et qui se reforme mieux, que les pinceaux en poils synthétiques.

En revanche, les pinceaux en poils synthétiques s’usent moins vite et sont bien moins onéreux, et de nos jours certaines marques développent des fibres synthétiques d’excellente qualité qui tendent à mimer les qualités appréciées des poils naturels. D’autres misent sur le mélange des poils naturels et des poils synthétiques dans un même pinceau pour tirer partie des qualités des 2 types de poils (exemples : les “Black Velvet” de la marque Silver Brush, mes pinceaux préférés, ou les “Cosmotop-mix B” de la marque Da Vinci).

Pinceaux aquarelle poils naturels ou synthétiques

​Pinceaux aquarelle en poils naturels

Parmi les pinceaux pour aquarelle en poils naturels, on en distingue plusieurs types :

– Les pinceaux en poils de Martre Kolinsky (= “Kolinsky sable” en anglais) : ce sont les plus réputés des pinceaux pour l’aquarelle, car ces pinceaux ont une excellente capacité d’absorption, couplée à une bonne élasticité, une bonne nervosité, et une pointe très fine qui se reforme bien pour les ronds à pointe fine. La brosse est de couleur roux clair / jaunâtre.

Pinceau aquarelle de voyage martre Kolinsky

Le nom “martre” prête à confusion, de même que “sable” en anglais qui signifie zibeline, car les véritables pinceaux en poils de Kolinsky ne sont fait ni en poils de martre, ni en poils de zibeline, mais en poils de belette ou vison de Sibérie, Mustela sibirica, aussi appelé “Kolinsky”, d’où le nom. Pour les pinceaux de top qualité, seuls les poils de la queue des mâles Kolinsky, plus longs et fournis, sont utilisés. 

Il existe des différences de qualité et de prix entre les différents pinceaux en martre Kolinsky qu’on trouve sur le marché. Une première différence vient du soin qui a été apporté à la fabrication du pinceau  : manière dont les poils ont été sélectionnés, brossés, attachés à la virole. Comme le poil de Kolinsky est cher, certains fabricants font chuter le prix en diminuant la longueur du poil dans la virole (la partie cachée), ce qui a des conséquences sur les capacités d’absorption du pinceau, la manière dont il se remet en forme et la manière dont il s’use dans le temps. Certains fabricants utilisent aussi des poils issus d’autres parties du corps de l’animal que la queue, ou bien les poils des femelles, et les désignent sous le nom de Kolinsky. D’autres encore utilisent des poils d’animaux de la même famille en indiquant “martre” ou “martre pure” (sable brush) ou “martre rouge” (red sable), qui est parfois un synonyme de “martre Kolinsky” mais pas toujours. Cela peut donner des pinceaux de bonne qualité aussi, selon la manière dont ils ont été fabriqués, mais on peut aussi penser acheter un pinceau en poil de martre Kolinsky et se retrouver avec un pinceau de piètre qualité.

pointe pinceaux Raphaël martre Kolinsky VS Winsor & Newton martre

Tout cela prête énormément à confusion, donc, si vous doutez, sachez que :

  • ​Un bon pinceau en poil de martre, qu’il soit Kolinsky ou d’un animal de la même famille, est très onéreux, surtout les purs Kolinsky. Donc si vous voyez un pinceau en poil de martre pas cher, c’est plutôt suspect !
  • ​Les fabricants sérieux donnent toutes les indications sur la provenance et la qualité des poils de leurs pinceaux en martre Kolinsky. Par exemple, la marque Da Vinci précise pour ses pinceaux ronds Maestro “pinceau rond martre rouge Tobolsky-Kolinsky”, Tobolsky faisant référence à un district de Russie situé en Sibérie. Ils précisent aussi en description “en poils de martre rouge Kolinsky de Sibérie, prélevés sur les queues hivernales de mâles sélectionnés.”

Informations pinceau aquarelle Da Vinci martre Kolinsky

Avec ça, vous pouvez être sûrs de la provenance et de la qualité des pinceaux. La marque Escoda précise aussi dans la description de ses pinceaux Reserva : “martre pure kolinsky-Tajmyr”, Tajmyr faisant référence à la péninsule de Taïmyr au Nord de la Sibérie, nous indiquant que l’on a bien affaire à un pinceau en poils de visons de Sibérie. La marque Rosemary & Co, très réputée également, fait bien la distinction sur son site entre ses “pure red sable” = pure martre rouge et ses “pure Kolinsky sable” = pure martre Kolinsky, et nous détaille la différence entre les deux. 

– Les pinceaux en poils de petit gris (= “squirrel brush” en anglais) : ce sont des pinceaux en poil d’écureuil gris. Ce sont généralement des pinceaux à lavis, car ils sont très souples et absorbent une énorme quantité d’eau et de pigments. Ils peuvent donner une bonne pointe, mais ils sont tellement mous qu’ils ne conservent pas leur forme et il faut le coup de main pour reformer la pointe. Cela les rend difficiles à gérer quand on débute. A noter qu’ils s’usent aussi plus vite que d’autres pinceaux, il convient donc d’en prendre soin vu leur prix. La brosse est de couleur gris foncé / noire.

Pinceau aquarelle petit gris

– Les pinceaux en poils de chèvre ou de mouton (goat hair) : ce sont typiquement les pinceaux pour la calligraphie ou la peinture chinoise qui sont fait avec ce type de poils. Mais il est possible de les détourner pour l’aquarelle. D’autres marques comme Silver Brush proposent aussi des pinceaux à lavis avec ce type de poils. Je trouve qu’ils font une bonne alternative aux pinceaux en poils de petit gris car ils sont beaucoup moins onéreux mais ils ont des caractéristiques approchantes. Comme eux, ce sont des pinceaux mous, qui ne conservent pas leur forme, mais qui absorbent énormément d’eau et de pigments. Ils sont donc tops pour les grands lavis, mais pas faciles pour les débutants. Un de leurs aspects négatifs est qu’ils ont tendance à perdre leurs poils (c’est plus ou moins prononcé selon les marques et la qualité du pinceau). La brosse est de couleur blanche.

Pinceaux calligraphie aquarelle poils de chèvre ou de mouton

​Pinceaux aquarelle en poils synthétiques

​De nos jours, les fabricants développent des fibres synthétiques de plus en plus qualitatives, qui ont pour vocation de mimer les qualités des pinceaux en poils naturels. On trouve beaucoup de pinceaux “imitation martre” ou “imitation Kolinsky” (“synthetic Kolinsky” en anglais) ou “imitation petit gris” (“faux squirrel” en anglais). Attention à ne pas se laisser tromper par les noms indiqués sur les pinceaux : par exemple, sur les pinceaux de la gamme Précision de Raphaël, il est écrit “martre imitation Kolinsky”. On pourrait donc se dire que ces pinceaux sont en poils de martre à défaut d’être de purs Kolinsky… En fait il n’en est rien, ce sont des synthétiques purs, donc ni en martre, ni en Kolinsky ! Pareil pour les pinceaux de la gamme Softaqua sur lesquels il est écrit “Petit gris imitation squirrel” et qui sont uniquement en synthétiques… quand on n’y connaît rien, on peut se laisser tromper, de plus que visuellement la différence entre les poils synthétiques et les poils naturels n’est pas forcément flagrante.

Pinceau aquarelle Raphaël Précision martre imitation sable

Pour ce qui est des capacités d’absorption, à taille de pinceau égale, je ne connais aucun pinceau synthétique qui fasse mieux qu’un pinceau en poils naturel. Je ne les ai pas tous testés bien sûr, mais tous les tests que j’ai pu voir sur YouTube et sur des blogs tendent à confirmer cela. Cela étant dit, certains pinceaux en fibre synthétique de qualité offrent tout de même de bonnes performances, bien suffisantes pour travailler sans avoir à recharger le pinceau à une fréquence qui deviendrait gênante. Quand on a un petit budget, cela vaut le coup de s’orienter plutôt vers de bons synthétiques, surtout si on souhaite acheter de gros pinceaux dont les prix deviennent rapidement exorbitant s’ils sont en poils naturels !

​Comparaison : Kolinsky versus synthétique

Pour vous donner quelques pistes pour faire votre choix, j’ai testé quelques pinceaux synthétiques ronds de marques et de prix différents, faisant tous autour de 8 mm de diamètre, et j’ai comparé leurs performances à celle d’un pinceau en martre Kolinsky de même diamètre. Les pinceaux que j’ai testés sont les suivants :

Pinceau utilisé comme référence pour la comparaison :

brosse de pinceaux aquarelle ronds 8mm de diamètre martre Kolinsky VS synthétiques

J’ai tout d’abord comparé la forme de la brosse et la finesse de la pointe. Tous les pinceaux testés ont des formes un peu différentes : le pinceau en martre Kolinsky sont les plus ventrus, mais le Black Velvet a une pointe un peu moins fine. Le pinceau Escoda Versatil est large d’un peu partout mais forme une très belle pointe. La brosse du Escoda Perla est plus fine que celle des autres et sa pointe est la plus fine de tous. Le pinceau Casaneo est un peu différent car c’est un pinceau à lavis et pas un rond à pointe fine : il est aussi plus court que les autres, ce dont il faudra tenir compte lors du test d’absorption de l’eau et des pigments. Mais sa pointe est plutôt fine pour un pinceau à lavis.

lignes fines pinceaux aquarelle ronds 8mm de diamètre

J’ai ensuite testé la capacité des pinceaux à produire des lignes fines, en tachant de tracer la ligne la plus fine possible avec chaque pinceau. Je n’ai eu de problème avec aucun d’entre eux, ils permettent tous de tracer des lignes fines et de travailler dans le détail, même le pinceau Casaneo. Celui qui a produit les lignes les moins fines est le Silver Black Velvet. Et le grand gagnant de la ligne la plus fine est le Escoda Perla. Mais les différences sont minimes.

élasticité pinceaux aquarelle ronds 8mm de diamètre

Ensuite j’ai testés l’élasticité des pinceaux et leur capacité à reprendre leur forme après que la brosse ait été un peu écrasée. Ils ont tous passés le test avec succès : à première vue, ce sont tous des pinceaux qui reprennent bien leur forme et dont la pointe se reforme facilement (il faudrait bien sûr les mettre en conditions de peinture réelles pour confirmer cela).

capacités d'absorption pinceaux aquarelle ronds

Et pour terminer, j’ai testé les capacités d’absorption de l’eau et des pigments de chacun des pinceaux. J’ai procédé à chaque fois de la même façon : j’ai bien trempé la brosse dans la peinture puis j’ai laissé égoutter toutes les gouttes prêtes à tomber d’elles-mêmes, avant d’appliquer la peinture sur le papier pour remplir un maximum de surface dans un rectangle que j’avais tracé au préalable sans recharger mon pinceau. Avec le pinceau en martre Kolinsky, le Silver Black Velvet et le Escoda Versatil, j’ai pu remplir mon rectangle entièrement, même si j’ai commencé à me sentir à sec entre la moitié et les 3/4 du rectangle. C’était la première fois que je testais les pinceaux Escoda, et j’ai été agréablement surprise par le Escoda Versatil. En revanche, autant j’étais ravie par la pointe ultra-fine du Escoda Perla, autant j’ai été déçue par sa capacité d’absorption : je n’ai même pas pu remplir la moitié du rectangle, donc pour moi c’est un pinceau plutôt utile pour travailler sur des détails. Le Da Vinci Casaneo a fait une très belle performance, malgré sa taille inférieure aux autres : je n’ai pas réussi à remplir tout mon rectangle, mais je n’en étais pas loin. Donc ça m’intéresserait bien de tester un rond à pointe fine fait en fibre Casaneo.

​Les pinceaux plats que j’ai testés

J’ai eu beaucoup de mal à trouver des pinceaux plats qui me conviennent en terme de sensations. Je voulais un pinceau plat suffisamment absorbant, souple mais pas trop non plus, car je souhaitais qu’il conserve sa forme pour pouvoir faire des lignes avec la tranche et adoucir les bords de certains lavis. Voici mon avis sur les pinceaux plats que j’ai testés. 

– Symbiose by Raphaël : je les achetés car ils n’étaient vraiment pas chers, et je les aime bien en terme de sensations car ils sont souples et élastiques, mais je les ai vite mis au rebut car ils ne retiennent pas assez les liquides et sèchent très vite. Et il suffit de les malmener un peu en les utilisant sur le coin pour faire de la végétation par exemple pour que les poils de la brosse se séparent. Il devient impossible de faire des lignes correctes.

Pinceau plat Symbiose by Raphaël

– Raphaël Kaërell S : un poil mieux que les Symbiose car ils retiennent un peu mieux les liquides, mais pas beaucoup. Ils ont le même problème de la brosse qui se divise en 2 dès qu’ils sont un peu rudoyés, ce qui a le don de m’agacer.

Pinceau plat aquarelle Raphaël_Kaerell S

– Raphaël Précision : en terme de capacité d’absorption, ils ne sont pas beaucoup mieux que les Kaerell S. Le côté “brosse qui se sépare en 2” est moins présent que pour les précédents.. Mais en terme de sensation je ne les aime pas trop, je les trouve un peu rigides, question de goût personnel. A savoir aussi qu’on est limité en taille puisqu’ils ne vont pas au delà de la taille 12.

Pinceau plat aquarelle Raphaël Précision

– Raphaël Softaqua : ils sont tops pour les lavis, ils sont prévus pour ça, mais c’est tout. Ils sont tellement mous qu’on ne peut guère faire autre chose avec car tous les poils de la brosse ont tendance à se coller ensemble.

Pinceau plat aquarelle Raphaël Softaqua

– Da Vinci Cosmotop : ils figurent parmi les meilleurs que j’ai testés. Ils ont ce bon compromis entre souplesse et rigidité que je cherche chez un pinceau plat. En terme de rétention des liquides, on va dire qu’ils sont dans la norme pour des pinceaux plats synthétiques. Mais surtout : ils sont sortis vainqueurs du test de la brosse qui se sépare. Je peux utiliser le coin pour faire des effets de texture, la brosse reste en un seul morceau.

Pinceau plat aquarelle Da Vinci Cosmotop

– Daler Rowney Aquafine : je ne m’attendais pas à grand chose car ils ne sont vraiment pas chers. Mais quand je les ai testés ils sont devenus mes préférés avec les Cosmotop, car j’ai de bonnes sensations avec, j’aime leur souplesse et leur élasticité. Pour des pinceaux aussi peu chers, ils retiennent plutôt bien les liquides. La brosse se sépare en 2 quand on les malmène de trop, mais ça reste gérable. Je ne les ai pas trouvés en France, donc je les commande à l’étranger sur le site de Jackson’s Art.

Pinceau plat aquarelle Daler Rowney Aquafine

– Silver Brush Black Velvet 3008 S : comme les Silver Black Velvet ronds à pointe fine, ils sont faits d’un mélange de petit gris et de risslon synthétique. Du coup, leurs capacités d’absorption sont plutôt bonnes. Ils sont plus mous que les Aquafine ou les Cosmotop, mais c’est une souplesse agréable. Les poils de la brosse ont tendance à se coller ensemble lorsqu’ils sont utilisés sur le coin, mais au contraire des Softaqua, il est possible de leur faire reprendre une certaine forme pour continuer de tracer des lignes. Je viens de les recevoir, et ce sont mes nouveaux favoris.

Pinceau plat aquarelle Silver Black Velvet 3008S

​Mon conseil pour résumer

Si vous ne deviez choisir qu’un seul pinceau, prenez un pinceau rond à pointe fine de bonne qualité, qu’il soit en poil naturel ou synthétique selon votre budget, qui peut contenir suffisamment d’eau et dont la pointe se reforme facilement. Je ne peux que conseiller la série Black Velvet 3000S de Silver Brush, qui sont depuis le début mes pinceaux préférés et qui ont conservé une bonne pointe après un an d’utilisation. Je les commande sur le site Aquarelle & Pinceaux . Les Escoda Versatil, que je n’ai pas encore utilisés pour peindre, pourraient bien les détrôner s’ils s’avèrent aussi résistants dans le temps. En tout cas, choisissez un rond à pointe fine avec un diamètre de 5 ou 8 mm, selon que vous prévoyez de rester en petit format et de travailler plutôt sur du détail, ou d’aller au dessus du A5. Si vous avez le budget, prenez les deux tailles, et vous aurez les essentiels. 

Ensuite vous pourrez ajouter un gros mouilleur, d’au minimum ​10 ​mm de diamètre. Cela vous facilitera la vie pour bien mouiller votre papier et faire vos grands lavis. Encore une fois, je ne peux que recommander les gros mouilleurs en poil de chèvre de la série 5325S de Silver Brush, que j’achète également sur le site de Jackson’s Art, car ils sont bien moins chers que des mouilleurs en poil de petit gris et ils font bien le job (leur seul défaut étant de perdre un poil de temps en temps). 

Ajoutez à cela quelques pinceaux plats (un de 12 mm, un de 20 mm et un spalter​ de 25 mm minimum par exemple) et vous serez bien parés ! N’allez chercher du côté des pinceaux spéciaux que si vous avez vos pinceaux essentiels, que vous souhaitez expérimenter de nouveaux effets et que vous avez suffisamment de budget pour ça.

Illustration aquarelle Alichina coiffure pinceau

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