S’il y a bien deux choses qui nous ralentissent  dans la vie, c’est bien le jugement des autres et la peur de l’échec.

L’une des pires hantises à surmonter lors de ma reconversion professionnelle, a été celle de me faire rejeter à cause de mon niveau en dessin, trop bas  pour pouvoir signer mes premiers contrats professionnels.

C’est l’une des réalités de plus en plus présentes avec internet: on se compare souvent aux meilleurs dans leurs domaines et cela nous freine dans notre lancement. De nos jours il est très facile de se sentir incompétent quand on se compare aux experts dans leurs domaines. C’est l’effet internet : tout le monde peut se voir.

Cependant cela ne doit pas être vu comme une fatalité. Il faut garder à l’esprit qu’un client peut faire appel à nos services d’illustration, pas seulement pour la simple création d’une simple image, mais aussi pour nos idées et pour la compréhension que l’on montre de leur discipline. Je veux dire par là que les rapports humains et les échanges développés avec le client sont tout aussi importants que le niveau technique de nos images (voire plus).

Pour satisfaire un client, il faut pouvoir se mettre au maximum à sa place et lui faciliter la tâche tout au long du processus de création. Vous pourrez créer les plus belles images du monde, si le client se sent incompris, il n’aura probablement pas envie de travailler avec vous.

Hormis cette incompréhension, l’erreur que je constate très couramment sur la toile est la suivante: un artiste crée son site internet ou sa page Facebook, y expose ses œuvres et attend que le client lui tombe dans le creux de la main.

Ce choix de procédé me rappelle la métaphore de la pizzeria: ce n’est pas parce que vous venez d’ouvrir votre pizzeria que les clients vont passer devant et venir y manger. Si votre pizzeria se situe dans une ruelle peu fréquentée et qu’elle n’est inscrite ni dans les pages jaunes, ni sur google maps (ou autre), vous n’aurez probablement aucun client.

Pour ma part, il m’a fallu 6 mois pour réaliser combien les chances étaient faibles que le client apparaisse spontanément devant moi, ne sachant déjà probablement pas que j’existe! C’est à nous de décider de nous exposer, de vaincre nos peurs et de chercher en ciblant par nous-mêmes. Voilà l’une des raisons pour lesquelles je parle souvent de développement personnel sur mon blog: nos propres limitations psychologiques représentent bien souvent nos pires ennemies!

Par conséquent, rassurez-vous tout de suite: votre niveau technique de départ n’est pas forcément un facteur déterminant pour votre avenir dans les métiers du dessin.

Vous aurez l’occasion de faire évoluer votre niveau de dessin tout en travaillant pour des clients. Gardez en tête que quelque soit votre niveau actuel, je ne connais aucun artiste satisfait à 100% de son travail. Bien souvent, cela ne dépend aucunement du niveau technique.

Pour illustrer ces propos, j’ai pu interviewer mon élève Audrey, qui, comme nombre d’entre nous, est passée par des phases de doute lors de sa reconversion professionnelle.

couverture FB patcwork oeuvres

  • Salut Audrey, peux-tu te présenter et parler un peu de ton parcours scolaire et professionnel?

Salut Pit, en ce qui concerne mon parcours scolaire, j’ai suivi une filière générale. J’aimais bien l’école, et plus les matières se sont diversifiées au fur et à mesure de l’avancée en âge, mieux c’était. Je crois que ça alimentait mon imaginaire.

De nature introvertie, je passais beaucoup de temps à partir dans mes rêveries, à passer d’une pensée à une autre, à imaginer des mondes et des histoires, des réponses à mes questions sur l’Univers.

Le dessin était un bon moyen de rendre ces pensées plus concrètes, ainsi que les histoires !  Je coloriais, je recopiais, j’admirais les belles illustrations, les BDs… je griffonnais, j’y mettais de la couleur, beaucoup de couleurs, souvent trop !

Puis j’ai eu de moins en moins de temps, la vie m’a bien occupée. Je me suis dirigée vers des études d’ingénieur qui m’ont permis de développer logique et esprit d’analyse, une spécialisation en informatique, puis un travail prenant. J’ai alors consacré moins de temps à ces moments de pure création, pour développer d’autres compétences comme la gestion de projet (qui continue de me servir, même pour de l’illustration ;)).

  • À quel âge as-tu appris véritablement les bases du dessin ? Comment s’est passé ton apprentissage ?

C’est assez tard, vers 30 ans, que je me suis inscrite sur le Blog pour réellement apprendre les bases du dessin

Est arrivé un moment où j’ai ressenti le besoin de redonner suffisamment de place à mon monde intérieur, qui me permet de me recharger en énergie. Je suis retournée à mes crayons, en commençant avec quelques cours de dessin, peu fructueux, sans âme et une technique distillée au compte-goutte. Puis est venue la maternité, une reconnexion à l’essentiel, avec une puissante envie de donner corps à mes idées et mon imagination. Mais pour ça, j’avais besoin de revenir aux bases.

J’ai cherché d’autres formules, qui me conviendraient mieux.  C est à ce moment là que je suis tombée sur tes formations. Je partais franchement de zéro. Merci ;).  J ai pu apprendre depuis le début. Un accompagnement technique et humain de grande qualité ! Je travaillais principalement le soir et les week-ends. Ça m’a demandé de l’organisation… et de la persévérance… les résultats ne se voient pas tout de suite, loin de là. Et même quand on franchit un palier, comme tu le dis au début, il y a toujours mieux, on a tendance à se comparer… J’ai choisi de garder le focus et de ne pas trop regarder à côté (ou seulement pour progresser mais pas pour se démoraliser). Et puis l’idée que j’ai envie de faire passer avec un dessin prend le dessus sur la technique, alors ça me motive à continuer.

Après ton accompagnement personnalisé sur plusieurs années, j’en suis ressortie avec une envie de créer intarissable.

  • Avais-tu déjà dans l’idée de devenir illustratrice quand tu étais plus jeune ? Quand cette idée t’est-elle apparue ?

Pas du tout, j’absorbais les images des histoires que je lisais, je faisais des copies de personnages Disney (un classique, non ?:)), je reproduisais des photos… mais de là à envisager cela plus sérieusement…J’aimais beaucoup les couleurs, la Beauté et les émotions dégagées par les différents univers. Impossible d’analyser cela plus jeune et encore moins de me projeter dans une telle activité, qui me semblait inatteignable et réservée à des talents, un petit nombre d’élus ;)

  • Tes parents t’ont-ils poussée à faire du dessin et à devenir une artiste ?

Pas vraiment, ce n’était pas dans les activités envisagées et je n’avais pas montré suffisamment d’intérêt ou de talent pour la pratique du dessin à l’époque, pour que la question se pose.

serrage de main illustration

  • Quelles sont tes sources d’inspiration? as-tu des illustrateurs/illustratrices préféré(e)s?

La nature est ma première source d’inspiration.

J’aime beaucoup les dessins symboliques, les images qui laissent place à l’imagination, un peu comme les cartes du jeu Dixit pour ceux qui connaissent ;)

Je suis admirative du travail de Cyril Rolando, que vous avez d’ailleurs déjà interviewé. Dans d’autres styles,- L’univers féérique d’Amandine Labarre.- L’univers enfantin de Laure Phelipon.- L’univers d’Alice Picard .- Le style et les couleurs d’Aurélie Neyret.- Le travail du peintre Joachin Sorolla sur la lumière et les tons clairs. – Les tableaux colorés de Leonid Afremov.

  • Qu’est-ce qui t’a décidée à véritablement te lancer dans l’aventure de l’illustration professionnelle ?

En parallèle de tes formations, le développement personnel a pris une place importante dans ma vie. Je me suis formée à différents outils / techniques pour accompagner les personnes et organisations dans une meilleure connaissance d’eux-mêmes et des autres.

La combinaison de ces 2 passions, dessin et développement personnel a fait émerger l’envie d’utiliser le dessin comme vecteur de message, sur le développement de l’Humain et du Vivant au sens large.

Illustration en couleur

  • Comment t’y es-tu prise pour travailler avec tes premiers clients ? Comment les as-tu trouvés ? Comment cela s’est-il passé ? Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?

J’avais vraiment envie de développer cette activité d’illustration mais je ne savais pas par quel bout la prendre. J’ai décidé de me faire accompagner car je sentais bien qu’il y avait autre chose que le dessin qui entrait en ligne de compte. Cet accompagnement m’a beaucoup apporté, m’a aidé à me positionner, à définir et clarifier mon offre mais aussi à prendre le risque de dessiner pour d’autres que pour moi.

C’est grâce à cet accompagnement que j’ai rencontré des entrepreneurs et entrepreneuses qui, pour certains, sont devenus mes premiers clients.

Dessiner pour quelqu’un d’autre, c’est à la fois plaisant mais aussi inconfortable: c’est prendre le risque de s’exposer, de ne pas plaire… Ces premières expériences m’ont permis de dépasser cela.

Ça a été aussi l’occasion de faire, de passer à l’action, de ne pas trop rester figée dans les idées. 

Je propose aux entrepreneurs d’entrer dans leur univers et de les accompagner dans la formalisation de leur offre. Un dessin est avant tout un dessein.  La mise en image est un outil d’expression très efficace. Nous ne collectons pas tous l’information de la même manière et nous pouvons utiliser des sens différents (ouïe, vue…). Néanmoins, une grande majorité des gens ont une préférence d’apprentissage qui est basée sur la vue. Le cerveau traite également les images bien plus vite que le texte.

Ce que je trouve fantastique, c’est que le message se construit avec le dessin. En regardant un dessin, il peut être facile de se dire que le travail ayant conduit au résultat final a été simple. C’est pourtant un sacré parcours. Le processus de construction d’un message au moyen de l’image permet de se poser les bonnes questions, d’observer d’autres points de vue, de trouver ce que l’on veut dire et ne pas dire, ce qui colle avec soi… Un dessin permet d’impacter, à mon avis, les 2 côtés :  l’observateur et le créateur qui vont, selon leur contexte, réfléchir, rire, se souvenir … y sentir ce qui leur parle et, au final, mieux se connaître eux-mêmes ;)

illustration livre enfants

  • Pourrais-tu nous parler d’un de tes projets, que tu as mis en image et qui te tient particulièrement à cœur ?

Chaque univers a été sympa à découvrir. J’ai beaucoup aimé travailler sur un programme intitulé « Fuck La femme parfaite » avec Alexandra T., qui vise à aider les femmes à se libérer des injonctions qu’elles reçoivent de l’extérieur ou d’elles-mêmes. Le projet est encore en cours. C’est un sujet sérieux mais que nous avons voulu tourner de façon amusante.

  • Peux-tu nous communiquer les liens vers tes réseaux sociaux?

Audrey, Chouettes Reg’Arts

E-Mail : audrey@chouettesregarts.com

site: https://chouettesregarts.com/ 

FB : https://www.facebook.com/chouettesregarts

Instagram :https://www.instagram.com/chouettesregarts/

  • Les lecteurs et lectrices du blog ne le savent pas encore, alors autant le leur annoncer maintenant: je t’ai demandé de rejoindre l’équipe du blog car je sais que tu feras des merveilles ici, notamment lors de l’organisation de concours et de challenges, pour m’aider à animer la communauté. Qu’est-ce que cela représente pour toi?

Je suis ravie de rejoindre l’équipe du Blog « Apprendre-A-Dessiner ». Le dessin est à mon sens plus que de l’esthétique; il est un moyen de développement personnel et de communication fantastique.

Pour gagner en liberté créative, s’affranchir de la technique me semble indispensable. Cependant, comme pour n’importe quel sport, avant de pouvoir s’amuser, il faut maîtriser les bases et avoir une dose de persévérance car ce n’est pas un long fleuve tranquille ;)Je vois la communauté grandir depuis plusieurs années, les élèves tisser des liens, se conseiller, se motiver…

Ayant moi-même expérimenté tes formations et ton coaching, j’ai envie de contribuer au développement de cette plateforme et de cette communauté afin de permettre aux « dessineux » ;) de s’épanouir et de trouver leur terrain de jeu.

Un grand merci à Audrey pour avoir répondu à mes questions. N’hésitez pas à lui montrer votre amour sur les réseaux sociaux et à lui poser des questions en commentaire.