Tout d’abord je tiens à préciser que je ne suis pas un spécialiste de ce qu’on appelle le « speed painting ». Je suis bien plus à l’aise avec mon crayon évidemment. Cela dit, je souhaitais en parler un peu plus, car de nos jours, le concept de speed painting a été déformé et est désormais mal employé, donc je tenais à y mettre mon grain de sel en écrivant cet article.
Certains d’entre vous connaissent peut-être l’art du bonsaï : il s’agit de faire pousser des arbres dans un espace restreint en les façonnant pour leur apporter une beauté esthétique. Généralement on les coupe en s’inspirant du même arbre à la taille réelle. Mettre un arbre dans un pot n’en fait pas un bonsaï. Il doit être élagué, mis en forme et soigneusement entretenu. La maîtrise de cet art prend souvent beaucoup de temps.
Mais pourquoi je vous parle de ça? Au même titre que l’on ne définit pas les bonsaïs comme « des arbres qui poussent dans des pots », les speed paintings ne représentent pas seulement « des peintures réalisées dans un court laps de temps». Le temps est l’un des paramètres, ça ne fait aucun doute, mais ce n’est pas le seul.
Le speed painting est l’art de représenter rapidement une idée, une ambiance, un concept, sans entrer dans les détails. On fournit visuellement au spectateur un minimum de formes, de composition, de valeurs, de couleur tout en essayant de raconter une histoire ou d’imposer un contexte. On peut dire que le speed painting transmet une certaine beauté à travers l’imprécision. Il s’agit d’une forme d’art expressif, suggestif et parfois même impressionniste (selon le style de l’artiste).
La frontière entre le speed painting et le concept art
Un concept art est une illustration produite par un concept artist professionnel en phase de pré-production (c’est-à-dire avant de produire un jeu vidéo ou un film en général), afin de mettre en forme visuellement un monde imaginaire et original. On peut considérer que le concept art n’est autre qu’un speed painting qui a été détaillé. Le speed painting, quant à lui, ne doit pas être détaillé. On peut donner l’illusion du détail en jetant certaines textures de-ci de-là, mais cette impression d’illustration finie ne dure en général pas très longtemps. En général un bon speed painting paraît plutôt bien fait quand on le voit en format vignette, et dès qu’on zoome sur l’image on se rend compte que les détails ne sont que suggérés.
Si vous vous retrouvez à mélanger soigneusement les tons de peau ou à dessiner chaque brin d’herbe, ne considérez plus ça comme du speed painting. Le speed painting a été considéré par ses pionniers comme un art rapide, entre 15 et 60 minutes. Un des pionniers les plus connus est Craig Mullins. Sur son site, il ne parle pas de speed painting, mais de sketches (=croquis).
J’ai vu apparaître le terme « speed painting » pour la première fois il y a 15 ans environ… à l’époque je n’avais encore jamais touché de tablette graphique. Au final, le speed painting est une forme d’art subliminal, il soulève une idée dans la tête du spectateur en suggérant des formes et une ambiance, en suggérant les détails par des textures. Il s’agit donc là d’un art fragile, et que l’on met des années à maîtriser.
Le speed painting et la peinture digitale
Pratiquer le speed painting en peinture traditionnelle n’est pas impossible. Cela dit, aquarelle, acrylique et peinture à l’huile trouvent vite leurs limites dans cette discipline. À moins d’être un virtuose du Alla Prima* (*peindre tout en une seule couche sans attendre le séchage du médium, en mélangeant les pigments parfois directement sur la toile), il va sans dire que l’expérience risque d’être difficile. Une tablette graphique et un logiciel de peinture digitale s’avèrent donc vite nécessaires. Si vous êtes allergiques aux ordinateurs, le speed painting n’est certainement pas fait pour vous. Cela dit, certains principes que je vais énoncer dans cet article peuvent être appliqués en peinture traditionnelle. D’ailleurs c’est drôle, car il y a quelques années j’avais un penchant pour le dessin numérique, mais l’expérience m’a révélé que je préférais finalement les techniques traditionnelles, ce rapport à la matière avec toutes les sensations que cela implique. C’est toujours impressionnant de voir comment nos goûts peuvent changer (ah oui, et j’apprécie davantage les légumes aussi!^^).
Le piège des brosses prédéfinies Photoshop
Si j’ai bien une philosophie, c’est que lorsqu’on débute une activité, mieux vaut ne pas commencer par la facilité, et apprendre vraiment à faire les choses plutôt que de vouloir constamment prendre des raccourcis. Par exemple, si j’attache autant l’importance à ce que les débutants apprennent la perspective avant de se lancer dans des dessins complexes, ce n’est pas pour les embêter, mais pour leur donner les bases indispensables à la compréhension de ce qu’ils observent.
Il en va de même pour la peinture digitale. J’avertis d’ailleurs mes élèves dans ma formation digital painting débutant : commencer à utiliser les brosses prédéfinies avant même de savoir peindre avec une brosse simple est un risque qu’on peut aisément éviter. Quand on cherche la facilité à tout prix, on passe souvent à côté de l’essentiel, et il est toujours plus difficile de changer ses habitudes que de partir sur de bonnes bases d’entrée de jeu. Je m’explique :Si je demande à l’un de mes élèves de peindre un arbre, et qu’il me sort une brosse qui peint des arbres sans aucun effort de sa part, alors je n’ai aucune preuve qu’il sache peindre de lui-même, le tronc, les branches et qu’il ait compris pourquoi les feuilles forment des motifs différents selon l’espèce de l’arbre.
En gros, si vous débutez en speed painting (ou en digital painting plus généralement), il est préférable de peindre avec des formes simples et/ou naturelles (les brosses Photoshop par défaut font très bien l’affaire).
Différentes approches
Il existe différentes manières d’aborder le speed painting. Si on peint d’imagination, soit on a déjà une bonne idée en tête, et on va la préciser au fil de la peinture, soit on part sur des grosses formes abstraites et on trouve son idée en peignant. Pour la démonstration d’aujourd’hui, j’ai préféré peindre d’observation, ce qui me permet de mieux vous montrer les étapes, car, encore une fois, je ne suis pas un spécialiste de la discipline, je ne pratique pas assez régulièrement. Il m’est bien plus simple de dessiner au trait que de partir sur des silhouettes comme le font certains artistes. On ne peut pas être compétent dans tous les domaines, malheureusement. :/
Pour ce faire j’ai profité des trois jours de vacances que j’ai pris avec un ami pour aller un peu plus dans le Nord canadien, à 400 km de chez moi, pour essayer d’y peindre en direct. J’en ai aussi profité pour visiter les galeries d’artistes locaux, dont voici quelques-unes des œuvres:
Seul problème (et de taille) c’est qu’en cette saison au Canada, il est impossible de peindre dehors, car il fait bien trop froid. En effet à -25°C, ni les palettes de couleurs, ni les mains, ni les batteries des appareils ne tiennent le choc. On va dire que je n’ai pas trop eu le choix… ma création a été au final davantage inspirée de ma mémoire et de mon imagination.
Bon, j’en ai profité pour faire du chien de traîneau, ce qui m’a bien consolé tout de même! J’avais presque oublié le goût des vacances (presque 7 mois que je n’étais pas sorti de chez moi)…
Les étapes du speed painting
J’espère que vous avez apprécié cet article. N’hésitez pas à commenter et à poser vos questions si vous en avez.
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