Hello les dessineux et dessineuses de tous bords :)

Certaines et certains d’entre vous se sont probablement demandé comment devenir illustratrice ou illustrateur jeunesse. Entre la peur de la reconversion, la peur de ce que le public pourrait penser de notre travail, la peur de manquer de ressources, la peur de l’échec, il est parfois difficile de se lancer et de croire en ses capacités.

Aujourd’hui j’ai l’honneur d’accueillir Ama sur le blog, élève que j’ai pu suivre en mentoring et qui m’a émerveillé par sa gentillesse, sa persévérance, sa créativité et son authenticité.

Je lui laisse à présent la parole car une interview vaut mieux qu’un long monologue! :)

 

Salut Ama, peux-tu te présenter et parler un peu de ton parcours scolaire et professionnel?

Hello Pit, mon parcours scolaire et professionnel est, je dirais, tout ce qu’il y a de plus classique. Je suis allée au collège, puis au lycée général. Mes profs disaient souvent de moi que j’étais dans la lune, peut être était-ce un signe ^^ .

Après le bac, j’ai intégré une école pour préparer le BTS assistant de Direction. J’avais choisi une filière courte car je souhaitais rapidement accéder au marché du travail.

Le BTS en poche, j’ai commencé à travailler dans les services de direction de grandes entreprises en qualité d’intérimaire au départ, puis j’ai pu obtenir des contrats plus longs et enfin en CDI. C’est à partir de ce moment là que j’ai commencé à reprendre le dessin, fréquenter les Musées et autre événements artistiques.

 

Éléphant illustration jeunesse

 

À quel âge as-tu appris véritablement les bases du dessin? As-tu suivi des cours de dessin?

Oui, quand je suis devenue salariée (j’avais 23 ans je crois) J’ai pris des cours de dessin municipaux du soir. Mais je passais surtout de bons moments à discuter.

Les cours n’étaient pas vraiment intensifs, c’était plutôt des cours d’initiation.

Et puis, je considérais encore à cette époque le dessin comme un loisir, et avec le recul, je crois que ces cours ne m’ont pas apporté grand chose, si ce n’est des soirées sympathiques à échanger et à recopier des photos ou images.

Le recopiage, c’est bien, mais la compréhension de l’objet et sa représentation en 3D c’est essentiel, la construction d’un dessin aussi.

On ne peut pas progresser très longtemps ainsi. Je le réalise maintenant.

C’est après quelques années en tant que salariée, la lassitude aidant, que j’ai commencé à m’intéresser plus sérieusement au domaine créatif.

J’ai eu envie de me réorienter professionnellement, aussi j’ai commencer par la communication visuelle. J’ai donc repris des études dans ce domaine, qui, deux ans plus tard, m’ont permis de m’installer en tant que graphiste freelance pendant 5 ans. Cette activité a été en quelque sorte une passerelle pour me mener jusque vers l’illustration. Il m’arrivait d’illustrer pour des clients. J’aimais ça et manifestement mes clients aussi. Du coup mon envie d’illustrer s’est renforcée.

J’ai fini par réaliser que ce qui m’animait le plus, c’était d’illustrer : Mon style était naturellement orienté illustration jeunesse.

J’ai voulu donc me former de façon intensive pour y arriver. C’est là que j’ai découvert ton blog, en cherchant des formations sur le dessin. J’ai tout de suite été conquise par la qualité du contenu. Après avoir lu un certain nombre d’articles qui ont été une révélation pour moi, j’ai tout repris depuis le début, en commençant par tes cours pour débutants et en pratiquant énormément en parallèle.

Tes cours étaient vraiment ce qui me manquait pour gagner en compétences, j’ai vu un réel changement très rapidement, dès le premiers mois. Il me fallait juste trouver le bon enseignant, ça change tout !

Je ne me suis pas privée de lire des livres jeunesse mais également des livres sur les livres jeunesse !

 

garcon sensible - illustration jeunesse

 

Avais-tu déjà dans l’idée de devenir illustratrice quand tu étais plus jeune?

Non, mais écrire des livres oui. J’ai toujours adoré les livres jeunesse (les livres tout court d’ailleurs). J’en ai dévoré beaucoup étant plus jeune en bibliothèque. Le lycée a été la période où j’ai le plus lu et écrit, c’est à ce moment là que j’avais envisagé l’écriture d’un livre.

J’avais été conditionnée dans l’idée que dessiner, c’est pas travailler ! J’avais intégré le préjugé qu’être illustrateur, c’était un peu comme être chanteur ou faire du cirque. Des activités réservées aux personnes qui ont déjà une situation financière telle que plutôt que de s’ennuyer… Allons faire du cirque !

 

fillette noire printemps

 

Tes parents t’ont-ils poussé à faire du dessin et à devenir une artiste?

Non du tout, ça n’était même pas envisageable. C’est le cas de beaucoup de familles modestes ou issues de l’immigration. Mes parents n’avaient pas la même grille de lecture de leur environnement que moi aujourd’hui.

Ils sont arrivés dans un pays qui n’était pas le leur et ont dû s’adapter. Le métier d’illustrateur n’était pas vraiment un métier pour eux, comme beaucoup de parents j’imagine.

 

Qu’est-ce qui t’as décidé de véritablement te lancer dans l’aventure de l’illustration jeunesse?

Tout d’abord, toutes les conditions étaient réunies : Le besoin de changer d’orientation professionnelle, le fait d’être devenue maman de jumeaux, le total soutien de mon mari, mais aussi la conviction d’avoir trouver la formation idéale pour y arriver. Avec beaucoup de travail personnel à côté, je me suis dit que c’était le moment !

 

Une mère fait un câlin à son fils

 

Quelle sont tes sources d’inspiration? As-tu des illustrateurs/illustratrices préféré(e)s?

Mes sources d’inspirations en illustration jeunesse sont variées. J’ai un gros faible pour les univers colorés et texturisés. Il y a certains artistes que j’aime vraiment beaucoup dont le trait me touche particulièrement :

  • Tim Budgen : J’adore la qualité de son travail coloré et doux.

https://timbudgen.com/

 

  • Barbara Brun : Je suis son travail depuis longtemps, je suis une grande fan.

http://www.barbarabrun.com

 

  • Elise Gravel : C’est un style complètement différent, mais j’aime beaucoup la simplicité de ses illustrations, toujours en faisant passer des messages éducatifs et de sensibilisation sur différents thèmes de société

http://www.elisegravel.com

 

  • Catherine kay alias Katnipp : Encore un autre registre, un univers très cute, rose, pastel et kawaï.

Elle s’est construit tout un univers, je la trouve excellente tant dans la qualité de ses illustrations mais également de l’efficacité de son propre business (boutique, présence sur les réseaux sociaux notamment)

http://www.katnipp.com

 

  • Sanaa K. : Une illustratrice qui fait partie de celles et ceux qui m’ont motivé à dessiner. J’adore son univers urbain, girly,et dans lequel la diversité est mise en avant.

http://www.sanaa-k.com/

 

  • Vashti Harrison : Une illustratrice jeunesse afro-américaine : elle fait partie de mes modèles ! Ce qui semble important dans son travail c’est l’émotion. Ses illustrations sont juste magiques.

https://www.vashtiharrison.com/

 

Papa loup porte son fils -illustration jeunesse

 

Peux-tu nous parler de tes stratégies pour te faire connaître en tant qu’illustratrice jeunesse sur internet?

Je suis présente le plus régulièrement possible sur les réseaux, principalement Instagram qui est “the place to be” quand on est illustrateur. Pour se faire connaître, surtout au début, il faut poster TOUS les jours, et être présent dans les stories quotidiennement également.

Je suis aussi sur Facebook mais beaucoup moins tout simplement parce que c’est un réseau social que j’aime beaucoup moins. Mais étant donné qu’il ne faut jamais mettre ses œufs dans un même panier, j’ai une page Facebook que j’alimente de temps en temps et j’échange avec d’autres professionnels dans le domaine via les groupes notamment.

J’ai un compte Pinterest qui est aussi un réseau génial pour apporter du trafic sur son site web.

Enfin, j’ai mon portfolio ainsi qu’un blog que j’alimente avec des articles dès que je le peux, cela permet aux visiteurs de mieux me connaître et d’avoir accès à du contenu gratuit, puis de s’inscrire à ma newsletter s’il le souhaitent. Ainsi je leur envoie régulièrement de mes nouvelles, je peux faire la promotion des produits que je souhaite vendre également.

 

Peux-tu me parler de ton dernier projet “ma précieuse étoile”? De quoi s’agit-il?

« Ma précieuse étoile » est mon premier livre en tant qu’autrice et illustratrice. C’est un livre sur le voyage introspectif d’une petite fille française et afrodescendante nommée Lalla. Elle va vivre des aventures avec Odobé, son ami le petit nuage. Ses différentes rencontres vont l’amener à s’interroger sur elle-même. J’ai écris le texte en imaginant ce que j’aurais voulu entendre et voir étant petite. Dans la littérature jeunesse, les livres manquent cruellement de diversité. En tant que maman afrodescendante, j’ai souhaité proposer un livre dans lequel une héroïne noire est au centre d’aventures valorisantes et qui font rêver.

Le lien de la campagne : ​https://fr.ulule.com/ma-precieuse-etoile/

 

livre jeunesse

 

Tu préfères donc l’auto-édition plutôt que les maisons d’édition ?

J’ai travaillé avec des maisons d’édition :J’ai illustré sur les livres “Tout Savoir » aux éditions Hatier (CE1 et CE2). Aux éditions Nathan, j’ai également créé la couverture ainsi que les personnages de certaines comptines.

Il s’agit d’un ouvrage qui s’appuie sur des comptines du patrimoine et des comptines originales. Néanmoins j’aime beaucoup la liberté qu’apporte l’auto-édition. Par contre il faut endosser toutes les casquettes, de la création du livre jusqu’à sa diffusion.

Il y a des avantages et inconvénients dans les deux cas, le choix se fait selon ce qui nous convient le mieux.

 

À ton avis, est-il indispensable d’être parent pour avoir de bonnes idées d’illustration pour enfant ou pour publier des livres pour l’édition jeunesse?

J’ai longtemps cru que c’était nécessaire et en fait pas du tout. Par contre il est bien évidemment fortement recommandé de se former sur la psychologie enfantine et de lire un maximum de livres jeunesse pour comprendre comment s’articulent les images autour du texte, quels types de textes et images sont adaptés à chaque tranche d’âge, etc.

Mes enfants sont une source intarissable d’inspiration, ça c’est certain ! Je peux les observer et interagir avec eux, il y a  toujours un comportement ou une situation qui m’interpelle.

 

Peux-tu nous parler de quelques-uns de tes projets actuels et à venir ?

Je travaille actuellement pour deux livres jeunesse en auto-édition : Le fait de bien connaître les différentes étapes de fabrication d’un livre me permet d’accompagner mes clients et de les conseiller, que ce soit en matière de conception de l’ouvrage, ou de communication sur le livre.

Je suis également fan de papeterie créative, j’ai donc une boutique en ligne dans laquelle on peut trouver mes différentes créations et mes livres. J’ai d’autres projets à moyen terme qui sont en discussion avec des maisons d’édition : à suivre.

Je réalise également différentes prestations pour des entreprises, particuliers et associations.

 

Peux-tu nous communiquer les liens vers tes réseaux sociaux et ton site internet?

Oui bien sûr :

 

Merci à Ama d’avoir pris le temps pour cette interview.

Si vous avez des questions à lui faire parvenir, n’hésitez pas à le faire en commentaire de l’article.

Aussi n’hésitez pas à participer à son projet, car il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de la campagne:

Allez plus loin en illustration jeunesse!

Laure Phélipon, illustratrice jeunesse professionnelle, nous montre comment elle procède pour démarrer dans le métier, notamment comment illustrer en couleurs (traditionnel+numérique), comment trouver ses premiers clients et bien d’autres choses…