Qu’il s’agisse d’un don dans le domaine artistique, littéraire, sportif, ou entrepreneuriat, le mot talent est utilisé pour tout et n’importe quoi. Et pour cause: le talent est une notion totalement floue et grandement controversée. On ne peut pas la définir et encore moins la mesurer. Mais avons-nous tous du talent dans quelque chose ? Et le talent est-il par nature injuste à cause d’une répartition non équitablement entre les personnes? 

Si on remonte à la Grèce ancienne, le « talent » était un poids généralement utilisé pour peser des quantités d’argent ou d’or. Puis, dans l’Évangile selon Matthieu, le mot bascule vers le sens figuré. Il s’agit de la “parabole des talents” qui relate l’histoire d’un maître qui part en voyage et qui distribue à ses trois serviteurs des “talents” d’or. La répartition se fait selon leur niveau de responsabilité et de compétence: 5 , 2 et 1 “talent” d’or. Le maître revient 6 mois plus tard et leur demande comment ils ont géré l’argent confié. Le premier explique qu’il rapport 10 talents à son maitre puisqu’il a investi et gagné le double.  Le deuxième a fait de même et a doublé la mise en ramenant quatre talents à son maitre. Le dernier serviteur, qui n’avait qu’un “talent” d’or, a préféré mettre de l’argent de côté par peur d’échouer et de décevoir son maître. Ce dernier félicite les deux premiers serviteurs, mais renvoie le troisième.

Depuis, les spécialistes se déchirent sur le sens du “talent” dans cette parabole, est-ce :

  • Un don que l’on reçoit et dont on fait quelque chose ou non ?
  • Une volonté de briller dans un domaine bien précis ?
  • Des capacités intellectuelles ou des aptitudes physiques d’un individu ?

 

C’est ce dernier sens qui s’est imposé dans les esprits. On le retrouve même dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : “Tous les Citoyens étant égaux face à la loi sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.”

Le talent est ainsi donc souvent assimilé à un don de la nature, qui peut prendre la forme d’une capacité artistique naturelle, par une intelligence supérieure ou encore des capacités physiques hors normes.

Pourtant, depuis longtemps, la science ne résonne plus ainsi. En effet, on sait maintenant que ce qui fait un homme ne résulte pas uniquement d’une combinaison génétique ou d’un environnement familial et social. En réalité, c’est une combinaison de facteurs qui vont nous définir.

On peut alors parler de prédispositions plus que de talent. Mais même ces prédispositions pour une discipline ne veulent pas dire grand-chose en réalité. Car elles reposent sur d’autres éléments, comme une forte motivation, un intérêt exacerbé ou une concentration infaillible.

Mais, comme nous le répétons souvent, dans le cas de l’art comme dans le sport, les études ou le monde du travail classique, avoir des prédispositions ne fait pas tout, bien au contraire. Disons donc qu’une personne a des prédispositions pour une discipline grâce à sa forte capacité de concentration par exemple. Si elle n’est pas capable de résister à la pression ou si elle ne pratique pas régulièrement la discipline en question, ses aptitudes ne serviront à rien. Au final, un individu lambda peut rattraper facilement et dépasser un autre individu ayant ce fameux talent ou ces prédispositions, mais qui ne pratique pas régulièrement ou pas correctement.

En réalité, la progression réside dans l’interaction d’une multitude de facteurs. Lorsqu’une personne a le sentiment de progresser, qu’elle voit qu’on lui fait plus confiance, que ses efforts paient et que les signaux positifs se multiplient, alors, elle aura tout intérêt à continuer dans cette voie.

Pour conclure, on peut donc affirmer que la notion de talent est un mythe, une légende, une vue de l’esprit. Cette notion sert de prétexte ou d’excuse à certaines personnes pour ne jamais commencer un apprentissage (artistique ou non) ou pour abandonner. C’est aussi une peur de l’échec et/ou du regard des autres qu’elles ne sont pas capables de gérer.

Aucune personne sur cette terre ne vient au monde en sachant faire quelque chose sans avoir rien appris.

Dessin d'enfant
Dessin aquarelle