L’Art-thérapie, définition

Aujourd’hui, abordons une facette encore assez peu connue de l’art, à savoir l’art-thérapie. Cette pratique consiste à utiliser le potentiel d’expression artistique et la créativité d’une personne à des fins thérapeutiques, comme son nom l’indique; l’objectif principal étant l’amélioration de la qualité de vie du sujet.

L’art-thérapie s’adresse principalement aux personnes qui souffrent de troubles de l’expression orale, qui ont des problèmes relationnels et de communication avec les autres et sont amenés par ce fait à subir des pénalités existentielles.

Voyons ensemble l’histoire de l’art-thérapie, ses principes et ses bienfaits, ainsi que les différents moyens de le pratiquer.

 

Art thérapie

 

Histoire de l’art thérapie

La puissance thérapeutique de l’art a parcouru les âges. À l’époque de la Grèce antique, on considérait déjà que l’art avait des effets bénéfiques. Mais c’est plus récemment que l’art-thérapie est véritablement né. En effet, au 20e siècle, le peintre Adrian Hill fut l’un des précurseurs de cet art. Ayant eu des problèmes de santé, il comprit, durant sa convalescence, qu’il lui fallait satisfaire son esprit créatif pour guérir plus vite. Et c’est effectivement ce qu’il se passa. L’idée fit son chemin, puisque quelques années plus tard, la Croix-Rouge britannique appliqua le concept auprès de ses patients. L’art-thérapie traversa même les océans puisqu’au début des années 50, les premiers programmes de formation en art-thérapie virent le jour aux États-Unis.

Autre personnalité s’étant penchée sur les bénéfices de l’art sur la santé, le psychiatre suisse Carl G. Jung (1875-1961), avait aussi expérimenté les bienfaits de l’expression par le dessin. On peut considérer aussi Margaret Naumburg, enseignante et psychothérapeute reconnue, comme l’une des pionnières dans le domaine. Pour le Canada, évoquons Martin A. Fisher. Ce dernier fonda, en 1967, le Toronto Art Therapy Institute et, en 1977, la Canadian Art Therapy Association.

D’autres personnalités ont également contribué à l’intégration de l’art dans le cadre de traitements psychiatriques ou tout simplement à son développement :

  • Freud et son enseignement sur la symbolisation
  • Walter Morgenthaler et son livre “A Psychiatric Patient as Artist”, œuvre importante sur le lien entre art et maladie mentale; mais aussi son deuxième livre, présentant les œuvres d’Adolf Wölfi, patient ayant réalisé une quantité importante de dessins et collages. Ce deuxième livre est primordial dans l’histoire de l’art-thérapie, puisqu’il démontre le lien positif qui peut s’établir entre maladie, traitement/convalescence et création.
  • Hanz Prinzhorn rédigea l’ouvrage “Expression de la folie”: Dessin, peinture, sculpture d’asile. Le psychiatre y étudie plusieurs milliers de productions de patients hospitalisés en psychiatrie.
  • Robert Volmat et « L’Art psychopathologique »; l’ouvrage est consacré à l’exposition internationale d’œuvres créées par des patients, en 1950.

 

Chez les artistes, en plus du peintre Adrian Hill, nous pouvons aussi citer Jean Dubuffet, qui se passionna pour les réalisations de malades internés en psychiatrie. Il appela alors les œuvres de ces personnes autodidactes, “l’art brut”. Les surréalistes s’intéressèrent également à la notion “d’images intérieures” et à la manière de les exprimer.

Et bien que la France ait joué assez tôt un rôle dans l’émergence de cette notion d’art-thérapie, c’est seulement au milieu des années 80 que le concept est reconnu par la communauté scientifique.

L’art-thérapie est maintenant devenu un métier et des certificats sont validés par l’État.

 

Portrait de Sigmund Freud
Sigmund Freud, 6 mai 1856 – 23 septembre 1939

 

Principes et différences de la discipline

La qualité artistique d’une œuvre finalisée n’est pas la priorité, voilà le principe de base. Mais si l’art-thérapie est l’aboutissement de différents courants de pensée, ces derniers gardent tous la même vision: les pensées et émotions issues de l’inconscient d’une personne ne se manifestent pas directement par des mots, mais d’abord sous forme d’images et dans le corps. Donc, à partir de ce constat, la démarche thérapeutique consiste à laisser sortir petit à petit ces images intérieures; images pouvant être la conséquence d’expériences du passé, tout comme de rêves ou projets du patient.

L’art-thérapie peut utiliser divers médiums (arts plastiques, musique, danse…) et proposer de multiples approches en fonction des affinités de la personne, ou des besoins et problématiques rencontrés.

Ainsi, pour accéder à ces profondeurs, sont sollicités le corps, la pensée, l’imagination, les émotions. Les œuvres créées dévoilent de nouvelles facettes de la personnalité d’un patient, lui donnent une nouvelle vision des choses et le guident vers la guérison mentale ou physique.

La guérison ne se fait plus uniquement par la parole mais aussi par le dessin notamment et l’art en général. Mettre des mots sur des souffrances peut se révéler compliqué, (notamment pour des personnes ayant un usage restreint de la parole) alors qu’il devient plus simple de les exprimer par le biais de l’art.

Mais si vous vous intéressez à l’art-thérapie, vous allez sans doute constater qu’il en existe deux versions: une version traditionnelle et une version moderne. La version traditionnelle s’exerce sous autorité médicale, en relation avec une équipe pluridisciplinaire. Elle se pratique aussi en libéral ou en institution.

L’Art-thérapie moderne est une discipline à part entière. Dans sa version traditionnelle, l’art-thérapie est une spécialité assurée par des psychothérapeutes ou des éducateurs. Il s’agit alors d’un complément des soins; on y utilise l’art comme un outil et on y analyse la production plutôt que d’exploiter le processus artistique.

Ainsi, l’art-thérapie traditionnel se penche sur les souffrances psychiques et encourage la verbalisation. Le courant moderne, lui, privilégie le corps et l’esprit, tout en encourageant l’expression artistique. La verbalisation n’est pas recherchée.

En traditionnel, on se concentre sur ce qui ne va pas, alors qu’en moderne, on utilise les « parties saines » pour arriver aux objectifs thérapeutiques.

 

Illustration d'un cerveau coloré

 

Exemple d’activités

Les art-thérapeutes travaillent à partir d’une seule activité ou en associent plusieurs :

  • Peinture, dessin, collage,
  • Photo…
  • Sculpture, poterie et modelage…
  • Danse et autres expressions corporelles…
  • Musique et chants…
  • Théâtre, mime, masque et marionnettes…
  • Écriture, calligraphie, littérature…

 

Comme nous le disions, cette discipline est composée de différents courants de pensée. Il existe un débat sur l’utilisation de la notion d’art-thérapie, sur les cibles de ces soins, les activités proposées, la formation des différents profils de praticiens, ainsi que sur la récupération de cette discipline par le marketing.

Encore une fois, le cœur de cible de cette pratique médicale concerne les personnes souffrant de troubles de l’expression, de la communication, de la relation et des pénalités existentielles.

Ayant compris l’intérêt de cette médecine et ses bienfaits sur l’être humain, le marketing est donc depuis passé par là, au risque de créer des confusions, et de discréditer la profession et les vertus thérapeutiques de la spécialité.

Néanmoins, en prenant l’art-thérapie au sens le plus large possible, il s’avère que c’est une “philosophie” qui peut s’adresser à tous les publics. Donc si certaines pathologies nécessitent l’intervention de professionnels formés pour un vrai suivi médical, d’autres soucis du quotidien (stress, surmenage…) peuvent être soulagés, canalisés ou réglés avec des « pratiques dérivées » de l’art-thérapie; cela afin d’améliorer son quotidien. Le marketing l’a bien compris, ainsi que d’autres professions liées à la relaxation. Ils ont adapté la philosophie de l’art-thérapie afin de proposer des solutions de bien-être à leurs clients.

Donc parmi ces solutions dérivées, il y a tout d’abord le cas du coloriage, disponible dans de nombreuses enseignes maintenant. Facile d’accès, abordable et ne demandant pas de grandes compétences techniques, le coloriage connaît un grand succès. Il favorise la concentration, le lâcher-prise et la décontraction. Certains spécialistes peuvent effectuer des analyses en fonction des couleurs utilisées, de la précision du trait, de la pression effectuée…

Plus classique, la peinture. Quand on laisse les pensées guider la main, le lâcher-prise s’effectue. L’intérêt d’une personne pour les arts graphiques peut ainsi s’éveiller et donner peut-être par exemple des envies de décoration intérieure; faire de son logement un petit cocon ou havre de paix fait toujours du bien au moral.

Valeur sûre également, la poterie. C’est d’ailleurs l’une des activités- détente les plus efficaces, que les art-thérapeutes utilisent aussi en séance. Le fait de pétrir, malaxer et sculpter joue sur le stress en favorisant son évacuation.

Autre activité qui peut se révéler très utile au quotidien, et à plusieurs titres : la cuisine ! Manipuler, couper et autres permet là aussi, de travailler sa concentration, de se calmer. C’est aussi un bon moyen pour apprendre à cuisiner et notamment des choses plus saines.

Citons aussi :

  • L’écriture: Idéal pour faire le point sur sa vie, son passé et se projeter dans le futur. Ainsi, cette pratique aide à améliorer sa concentration et à faire baisser la pression.
  • La danse ou le théâtre: La première activité va permettre de faire du sport, de se défouler tout en faisant travailler son imagination. Pour le théâtre, il facilite l’expression devant un public. Les deux activités aident à gagner en confiance, à affronter plus sereinement le regard des autres.
  • Le jardinage: Cette activité permet de donner de la couleur à son habitation et d’apporter un peu de douceur dans un monde qui va trop vite. Et pas besoin d’avoir un jardin. En appartement, on peut composer ses propres bouquets pour son salon, sans oublier la possibilité d’installer des jardinières. Sur le net, on peut trouver une grande quantité de tutoriels concernant les plantes à privilégier selon la saison, comment les entretenir…

 

Sans oublier: la calligraphie, le chant, la musique, le yoga, la relaxation …

 

Illustration traces de main

 

Devenir art-thérapeute

Comme nous le disions plus haut, l’art-thérapie est un authentique métier, nécessitant une formation.

Un bon art-thérapeute devra :

  • être créatif afin de trouver les moyens d’expression artistiques les plus adaptés à ses patients ;
  • Avoir le sens de l’écoute et de l’empathie, sans jugement ni interprétation ;
  • Savoir accompagner les personnes dans leur processus de guérison ;
  • Être curieux et ouvert d’esprit, tant pour ses patients que pour enrichir sa propre méthodologie ;
  • Se montrer flexible, afin de pouvoir faire face à des situations ou des réactions qui peuvent être très variées.

 

L’art-thérapeute peut travailler avec une équipe pluridisciplinaire qui prépare un protocole thérapeutique adapté à chaque personne et selon des objectifs fixés.

Ce professionnel de santé peut pratiquer son activité :

  • dans une institution médicale, médico-sociale, sociale, ou foyer de vie ;
  • en cabinet privé en libéral.

 

Les séances peuvent être individuelles ou collectives.

 

Banc d'école

 

La formation est généralement assurée par des art-thérapeutes expérimentés ou des psychologues. Des artistes peuvent aussi intervenir. Les cours se déroulent soit à l’université, soit en écoles privées.

Pour se former, il existe donc 4 possibilités en France :

  • Les formations référencées par la Fédération Française des Art-Thérapeutes (FFAT). Ces formations répondent aux critères fixés par les professionnels de la FFAT (prérequis d’accès à une formation, le nombre d’heures sous forme de cours, d’ateliers et de stages, le programme, l’expérience des formateurs et la présence d’art-thérapeutes professionnels). La FFAT complète régulièrement ses critères, en fonction des avancées de l’art-thérapie à l’international.
  • Les diplômes universitaires dont les programmes et volumes sont variables d’un établissement à l’autre. Il convient de se renseigner suffisamment avant de faire le choix de son université. Les formateurs sont des universitaires, et peuvent être accompagnés par des art-thérapeutes.
  • Les Masters professionnels proposent un volume horaire sur deux années, d’environ 2500 heures réparties en heures de cours, de stage et de travail personnel. La formation est assurée par des universitaires, voire des art-thérapeutes.
  • Les certificats professionnels qui sont délivrés par des organismes privés. Certains sont reconnus par la FFAT, mais encore une fois, le contenu pédagogique et le volume horaire varient beaucoup d’un organisme à l’autre. Donc, il faut bien se renseigner avant de s’y inscrire. Les certificats correspondent à un niveau Bac+4.

 

À noter que les organismes délivrant des diplômes ou certificats reconnus par l’État proposent la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) à tout professionnel désirant obtenir le titre d’art-thérapeute en dehors de la voie directe, afin qu’il puisse détenir un titre officiellement reconnu.