Pour peindre de jolies créations à l’aquarelle, il faut non seulement maîtriser les techniques de base, mais également savoir utiliser la couleur. Votre technique peut bien être parfaite : si vos couleurs sont “moches”, vos aquarelles seront ratées. Et qui dit “couleur” dit “mélanges”.
Quand on débute l’aquarelle, on ne perçoit pas forcément l’intérêt de maîtriser les mélanges de couleurs. Les fabricants proposent en effet des dizaines de couleurs prêtes à l’emploi. Mais savoir mélanger les couleurs à l’aquarelle a de gros avantages :
💪 Être autonome
On ne dépend pas des couleurs prêtes à l’emploi, et on peut obtenir une large gamme de couleurs différentes à partir d’une palette réduite, ce qui permet d’acheter moins de couleurs et donc de dépenser moins d’argent.
🌈 Éviter de se perdre
En ayant une palette réduite, on évite de s’éparpiller dans une multitude de couleurs. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, avoir une énorme palette constituée de beaucoup de couleurs différentes peut rapidement devenir un cauchemar, car il devient difficile de savoir quelle couleur choisir au moment de peindre.
🌸 Créer de l'harmonie dans nos peintures
En faisant tous nos mélanges à partir d’une petite sélection de couleurs, on a plus de chance de conserver une cohérence et une harmonie sur l’ensemble de l’image qu’en utilisant uniquement des couleurs prêtes à l’emploi déconnectées les unes des autres.
👍 Obtenir exactement la couleur souhaitée
En mélangeant nos couleurs, on peut reproduire n’importe quelle couleur observée dans la réalité avec nos aquarelles. C’est impossible si on dépend uniquement de couleurs prêtes à l’emploi, car malgré les dizaines de couleurs disponibles, cela ne suffira jamais à reproduire toutes les nuances subtiles qu’on observe sur les photos et autour de nous.
Il est donc très intéressant de maîtriser le mélange des couleurs à l’aquarelle. Mais quand on débute, c’est loin d’être simple.
Dans cet article, je vous propose un guide complet pour apprendre à mélanger les couleurs et obtenir celles que vous souhaitez. Pour aller plus loin, vous pouvez découvrir nos formations en aquarelle.
Chapitres
Chapitre 1
De quoi se compose une couleur ?
Avant même de songer à mélanger les couleurs, il est essentiel de comprendre exactement ce qu’est une couleur. Cela sera peut-être nouveau pour vous, mais une couleur ne se décrit pas par un simple nom comme “bleu canard” ou “aubergine”. Elle est en fait définie par 3 dimensions : la teinte, la valeur et la saturation.
La teinte
La teinte est souvent confondue avec la couleur en elle-même. Or elle ne représente qu’une seule dimension de la couleur. On pourrait aussi l’appeler “la nuance”. Elle est représentée par un disque horizontal sur lequel se succèdent toutes les familles de teintes : c’est ce qu’on appelle le disque, ou le cercle, ou encore la roue chromatique.
On y trouve tout d’abord les 3 teintes primaires, qui sont par définition impossibles à obtenir par mélange. En aquarelle, ces 3 primaires sont le jaune, le magenta et le cyan. Toutes les autres teintes de la roue résultent du mélange 2 à 2 de ces 3 primaires.
Lorsqu’on les mélange à forces à peu près équivalentes, on obtient les 3 teintes secondaires :
⮚ Le rouge, issu du mélange entre jaune et magenta.
⮚ Le vert, issu du mélange entre jaune et cyan.
⮚ Le violet, issu du mélange entre cyan et magenta.
Lorsqu’une des 2 primaires est en surabondance par rapport à l’autre et prend le dessus dans le mélange, on obtient les 6 teintes tertiaires :
⮚ Dans le tiers jaune-magenta
- L’orange, entre jaune et rouge, si le jaune est surabondant.
- Le rouge rosé, entre magenta et rouge, si le magenta est surabondant.
⮚ Dans le tiers magenta-cyan
- Le rose-violet (traditionnellement appelé rouge-violet), entre magenta et violet, si le magenta est surabondant.
- Le bleu, entre cyan et violet, si le cyan est surabondant.
⮚ Dans le cyan-jaune
- Le turquoise, entre cyan et vert, si le cyan est surabondant.
- Le jaune-vert, entre jaune et vert, si le jaune est surabondant.
La valeur
Aussi appelée “luminosité”, la valeur définit le caractère clair ou foncé d’une couleur par rapport au noir ou au blanc. Cette dimension est représentée par une échelle verticale allant de 0 à 10 au centre du cercle chromatique. Plus la valeur est basse, plus la couleur est foncée et se rapproche du noir en bas de l’échelle, et plus elle est élevée, plus la couleur est claire et se rapproche du blanc tout en haut de l’échelle.
La saturation
Parfois appelée “pureté”, la saturation correspond à l’intensité de la coloration d’une couleur par rapport à une couleur neutre de même valeur, telle que le gris, le noir ou le blanc. On peut l’imaginer comme la quantité de teinte que contient une couleur par rapport au gris, au noir ou au blanc, qui n’en contiennent pas du tout.
La saturation est représentée sur une échelle radiale allant du gris (correspondant à une couleur totalement désaturée) au centre du disque chromatique, jusqu’à une couleur saturée au maximum sur le rayon le plus externe.
Formation Gratuite !
Pour aller encore plus loin dans votre compréhension de la couleur et apprendre à prédire précisément le résultat de vos mélanges à l’aquarelle, le tout sans boule de cristal, inscrivez-vous à mon cours gratuit sur le sujet.
Une fois connecté,
cliquez sur “Mes formations 🎓”
pour commencer le cours
En vous inscrivant, vous serez aussi abonné à la newsletter sur l’aquarelle.
Chapitre 2
Matériel nécessaire pour faire des mélanges
Nul besoin de beaucoup de matériel pour commencer à explorer les mélanges de couleur. Voici la liste des essentiels dont vous ne pourrez pas vous passer.
Peinture
Pour faire des mélanges de couleurs, il faut bien évidemment de la peinture aquarelle. Il est plus facile de la doser quand elle est sous forme sèche. C’est le cas si vous l’achetez sous forme de godet ou de demi-godet. Si vous achetez de la peinture en tube, mettez-en tout simplement dans les puits d’une palette et laissez la sécher avant de l’utiliser. Je préfère cette seconde option, car avoir des tubes sous la main est un gros avantage pour pouvoir concentrer facilement et rapidement la couleur si nécessaire, alors qu’avec de la peinture en godet, la seule méthode pour cela est de frotter le godet pendant très longtemps de manière répétée.
Dans l’absolu, il vous suffit de posséder les 3 couleurs primaires pour débuter dans les mélanges, car elles permettent en théorie d’obtenir toutes les autres couleurs. Cependant, il est plus confortable de disposer de 10 à 12 couleurs, pour pouvoir varier plus facilement les mélanges obtenus. Je vous conseille de ne pas dépasser 15 couleurs, au risque de vous perdre et de vous éparpiller.
Si vous ne savez pas trop quelles couleurs choisir, voici les 10 couleurs essentielles que je recommande pour débuter, car elles permettent d’obtenir des mélanges variés, tout en proposant aussi quelques couleurs de convenance fastidieuses à recréer.
⮚ 3 primaires “froides” (correspondant aux véritables primaires)
- Jaune primaire : jaune clair et vif, de type jaune citron (pigment PY3 conseillé)
- Magenta : rose “flashy” de type fuschia (pigment PR122 conseillé)
- Cyan : couleur évoquant le bleu du ciel et se rapprochant du turquoise (bleu phtalo vert = pigment PB15:3 conseillé)
⮚ 3 primaires “chaudes”
- Jaune orangé : de type jaune foncé, jaune d’or
- Rouge : de type rouge pompier, rouge coquelicot, rouge écarlate, vermillon
- Bleu : bleu roi, bleu outremer, du même type que celui du drapeau français
⮚ 2 couleurs de terre
- Terre jaune : jaune de type ocre (terre de Sienne naturelle conseillée)
- Terre rousse : brun orangé (terre de Sienne brûlée conseillée, ou à défaut, terre d’ombre brûlée)
⮚ 1 couleur neutre foncée : gris foncé ou noir (gris de Payne conseillé)
⮚ 1 vert bleuté : vert d’aspect artificiel, de type vert émeraude (vert phtalo bleu = pigment PG7 conseillé)
Je vous conseille d’utiliser des couleurs transparentes pour faire vos mélanges. Évitez les couleurs opaques, qui ont tendance à affadir les mélanges ou à les rendre boueux ou crayeux.
Privilégiez également les couleurs monopigmentaires, c’est-à-dire constituées d’un seul pigment. Ce n’est pas toujours possible, mais essayez d’en avoir le plus possible à votre palette, pour éviter de vous retrouver avec une soupe constituée de nombreux pigments différents quand vous mélangerez vos couleurs les unes avec les autres.
Palette
Pour préparer vos mélanges vous aurez besoin d’une palette. Qu’elle soit en plastique, en métal ou en céramique, cela n’a pas d’importance. L’essentiel est qu’elle soit blanche, pour que les couleurs soient bien visibles dessus, et qu’il y ait une surface suffisante pour préparer le mélange de peinture et d’eau qu’on appelle le jus.
Une simple assiette blanche peut faire l’affaire : cela demande juste un peu d’organisation car il n’y a pas de séparations pour délimiter les différentes couleurs.
Pour ma part, j’apprécie les palettes en plastique peu onéreuses, comprenant plusieurs zones de mixage bien délimitées, pratiques pour préparer plusieurs jus de couleurs différentes, ainsi que des puits larges et plats, dans lesquels il est facile de récupérer la peinture avec le pinceau.
Pinceau
Pour récupérer la couleur, vous aurez besoin d’un pinceau. J’utilise généralement le pinceau rond à pointe fine classique qui me sert pour peindre à l’aquarelle. Mais lorsqu’il est nécessaire de beaucoup frotter la peinture, utiliser un pinceau un peu plus élastique et rigide peut faciliter les choses. Dans ce cas, je change pour un pinceau synthétique un peu usé.
Il faut éviter les gros pinceaux qui se gorgent d’eau, comme les pinceaux à lavis, car en apportant de l’eau ils diluent la couleur, et il est difficile de la concentrer.
Le pinceau doit être assez grand, car il est difficile d’amener assez de peinture sur la palette avec un tout petit pinceau. Mais sa taille doit rester raisonnable par rapport à la taille des godets ou des puits de la palette. Récupérer de la peinture dans un demi godet avec un très gros pinceau s’avère en effet compliqué !
Pots à eau
Je vous conseille d’avoir 2 pots à eau : un pot à eau sale pour rincer le pinceau, et un pot à eau claire pour pouvoir amener de l’eau propre dans les mélanges et éviter de les contaminer avec de l’eau sale. Préférez des pots transparents : ainsi vous verrez d’un coup d’oeil quand l’eau devient trop sale et qu’il faut la changer.
Chiffon
Prévoyez aussi un chiffon pour pouvoir éponger votre pinceau et éviter ainsi d’amener trop d’eau dans vos jus quand vous voudrez les concentrer.
Papier test
C’est essentiel d’avoir à portée de main des chutes de papier pour tester vos mélanges et voir exactement à quoi ils ressemblent. En guise de papiers test, vous pouvez utiliser le dos de peintures ratées, ou bien vos papiers un peu bas de gamme par exemple.
Pipette (facultatif)
Avoir une petite pipette en plastique n’est pas obligatoire, mais peut s’avérer très utile pour pouvoir amener rapidement de l’eau sur la palette ou en ajouter facilement dans un mélange pour le diluer.
Chapitre 3
Comment réaliser un mélange de couleurs à l'aquarelle : les conseils essentiels
Préparer un mélange
Pour préparer un mélange, il faut commencer par amener une petite quantité d’eau sur la palette avec le pinceau. Pour cela, on trempe le pinceau dans le pot à eau, puis on vient toucher la palette avec pour déposer l’eau dessus. On recommence autant de fois que nécessaire pour constituer une petite piscine dans la zone de mixage. Quand on prévoit de produire une grosse quantité de jus, il est plus rapide d’utiliser une petite pipette pour amener l’eau.
Ensuite, il faut amener une première couleur sur la palette. Pour ça, on frotte le pinceau mouillé sur la couleur choisie pour récupérer des pigments, puis on vient les mélanger avec l’eau qui est sur la palette pour créer ce qu’on appelle le jus, qui désigne le mélange d’eau et de peinture. Il faut recommencer autant de fois que nécessaire pour avoir un jus bien coloré.
Quand on utilise de la peinture sèche, notamment si elle est sous forme de petits demi-godets, il est souvent nécessaire de faire beaucoup de passages, en frottant bien les demi-godets à chaque fois, pour concentrer suffisamment le jus en couleur. Si on possède des tubes, on peut ajouter une petite noisette de peinture fraîche dans l’eau pour concentrer le jus très rapidement.
Une fois qu’on a notre première couleur, on va de la même façon aller chercher la seconde couleur pour les mélanger. On va donc frotter la seconde couleur avec notre pinceau mouillé pour récupérer du pigment et l’amener dans le jus de la première couleur. On touille et on patouille ensuite avec le pinceau, jusqu’à ce que le jus soit bien homogène et que les 2 couleurs soient complètement mélangées.
A ce stade, il faut vérifier que la couleur obtenue nous convient, ce qui est parfois difficile à évaluer en regardant simplement le jus sur la palette. Je vous conseille donc de toujours tester votre mélange sur un papier avant de l’utiliser dans une peinture. Cela vous évitera des mauvaises surprises ! En appliquant le mélange de couleur sur un papier test, on peut vraiment observer la couleur obtenue et décider s’il faut l’ajuster ou non.
Conseils et astuces pratiques
Evitez de mélanger trop de couleurs à la fois
Je vous conseille d’éviter de mélanger plus de 3 couleurs à la fois, car au-delà il y a un risque que les mélanges deviennent sales et boueux.
Comment éviter de salir la seconde couleur avec la première ?
Vous pouvez rincer votre pinceau dans le pot à eau avant d’aller récupérer la seconde couleur si vous avez peur de la salir avec la première dans le godet ou le puits de la palette. Pensez juste à le tapoter ensuite sur votre chiffon pour l’éponger un peu et éviter de diluer à nouveau votre jus. Rincer le pinceau à chaque fois n’est cependant pas obligatoire, car il est très facile de nettoyer la couleur lorsque vous aurez terminé vos mélanges, en passant simplement un pinceau chargé d’eau claire dessus pour réactiver la couleur salie, puis en revenant l’aspirer avec un pinceau bien essuyé au préalable sur un chiffon.
Faut-il faire un mélange en grande ou en petite quantité ?
Tout dépend de la surface que vous souhaitez couvrir. Si vous ne voulez pas avoir de différences de couleur dans votre peinture, il faut prévoir suffisamment de jus pour pouvoir peindre toutes les surfaces que vous souhaitez colorer avec votre mélange, car il est difficile de recréer exactement 2 fois la même couleur.
Si vous n’avez qu’une petite surface à couvrir, préparez peu de jus pour ne pas gaspiller. Mais si vous avez une grande surface ou beaucoup d’éléments à peindre avec la même couleur, prévoyez une belle piscine de jus. Il m’est impossible de vous recommander une quantité exacte : vous apprendrez à évaluer les quantités nécessaires avec l’expérience. Mais sachant qu’un jus d’aquarelle qui sèche sur une palette se réactive facilement avec de l’eau et peut être réutilisé, il vaut mieux préparer un peu trop de jus que pas assez.
Faut-il nettoyer la palette après chaque mélange ?
Il n’est pas toujours nécessaire de le faire. Comme dit juste au-dessus, un mélange qui a séché sur la palette peut être réactivé facilement et servir pour une autre peinture. Le seul problème potentiel, c’est de finir par manquer d’espace de mixage sur la palette pour faire de nouveaux mélanges.
Si vous comptez utiliser des couleurs un peu ternes ou des gris colorés, ce n’est pas très grave : vos nouvelles couleurs vont se mélanger avec les couleurs déjà présentes sur la palette et se neutraliser en créant des mélanges “sales”. Dans ce cas, vous n’avez pas besoin de nettoyer la palette au préalable.
En revanche, si vous souhaitez travailler avec des couleurs vives, je vous conseille de bien nettoyer l’espace de mixage dans lequel vous allez faire votre mélange, pour éviter qu’il ne soit contaminé par d’autres couleurs qui pourraient le ternir. Il suffit pour ça de le mouiller et de l’essuyer avec un mouchoir.
Chapitre 4
Outils pour anticiper le résultat d’un mélange de couleurs
Tableau ou nuancier de mélanges
L’outil que j’appelle le tableau ou nuancier de mélanges ressemble plutôt à un escalier. On y positionne nos couleurs sur la verticale à gauche, ainsi que sur l’horizontale tout en bas, dans le même ordre. Il y a donc toujours une colonne et une ligne de plus que le nombre de couleurs, puisque la première colonne et la dernière ligne sont remplies par nos couleurs. Par exemple, si on veut faire un nuancier de mélanges à 10 couleurs, le tableau comportera 11 lignes et 11 colonnes.
Chaque case dans le tableau correspond au mélange entre la couleur qui se trouve sur la même ligne dans la colonne de gauche, et celle qui se trouve dans la même colonne sur la ligne du bas. On ne remplit que la moitié du tableau pour éviter de faire tous les mélanges en double, d’où la forme d’escalier.
On tâche de mélanger les couleurs à forces à peu près égales, pour obtenir la couleur à mi-chemin entre les 2. Aucune des 2 couleurs ne doit prendre le dessus sur l’autre dans le mélange.
Une fois rempli, ce nuancier vous permettra de voir d’un seul coup d’oeil ce que donnent les mélanges entre toutes vos couleurs. Vous pourrez le garder sous les yeux lors de toutes vos peintures, ce qui vous permettra de mieux anticiper.
Je vous conseille d’utiliser un maximum de 10 couleurs pour réaliser ce nuancier, sinon il devient vraiment géant et très long à remplir. Focalisez-vous sur vos couleurs préférées par exemple, celles que vous utilisez le plus souvent. Ou bien au contraire sur des couleurs que vous ne connaissez pas bien, pour explorer ce que donnent les mélanges entre elles. Si vous avez beaucoup de couleurs, vous pouvez faire plusieurs tableaux pour explorer différentes combinaisons.
Échelles de mélanges
La limite du nuancier de mélanges, c’est qu’il montre uniquement les mélanges des couleurs à forces à peu près égales. Or la couleur qui résulte d’un mélange dépend de la quantité de chacune des couleurs mélangées. Le tableau montre donc une seule des nombreuses couleurs intermédiaires qu’on peut obtenir en mélangeant 2 couleurs entre elles.
Pour les couleurs qu’on utilise très souvent ou pour les mélanges qui nous semblent vraiment intéressants, on peut pousser un peu plus loin et créer ce que j’appelle des “échelles de mélanges”.
Le plus simple est de faire des échelles comportant 5 cases. Les 2 cases situées aux extrémités de l’échelle sont remplies par les 2 couleurs qu’on souhaite mélanger.
Dans la case du milieu, on met le mélange à forces à peu près égales entre les 2, comme dans le tableau de mélange.
Et dans les 2 cases restantes, on va mettre les mélanges biaisés en direction de l’une ou de l’autre des couleurs.
Dans la case qui est proche de la couleur de gauche, on va donc ajouter suffisamment de la couleur de gauche dans le mélange pour qu’elle prenne le dessus et que la couleur obtenue tende vers elle. Inversement, dans la case qui est proche de la couleur de droite, on va ajouter suffisamment de la couleur de droite dans le mélange pour qu’elle prenne le dessus et que le couleur obtenue tende vers elle.
Au final on obtient une petite échelle avec 3 possibilités : le mélange à parts égales au milieu, et les mélanges obtenus quand l’une ou l’autre des couleurs a le dessus de part et d’autre, ce qui donne une meilleure idée de la gamme de mélanges qu’il est possible de créer entre 2 couleurs.
Il est bien sûr possible de créer des échelles encore plus progressives, avec 7 ou même 9 cases. Cela demande juste plus de temps et de travail. Il faut simplement ajouter les couleurs de manière plus progressive dans le mélange.
Je vous conseille pour ça de commencer par créer une belle quantité du mélange à forces égales entre les 2 couleurs, puis d’amener une partie de ce mélange dans 2 autres zones de mixages de la palette à l’aide du pinceau pour y ajouter progressivement un peu plus de l’une ou de l’autre des couleurs et remplir les 2 ou 3 cases qui se trouvent à droite et à gauche du centre avec les couleurs obtenues. Au final ça nous donne tout un panel des couleurs qu’il est possible d’obtenir avec notre mélange.
On peut garder toutes les échelles sur une grande feuille pour en avoir une vue d’ensemble sous les yeux, ou bien les découper pour en faire de petites cartes à avoir près de soi pendant qu’on peint.
La roue chromatique
La roue chromatique, que j’ai déjà évoquée au début de cet article, peut également nous aider à anticiper le résultat de nos mélanges.
En plaçant les couleurs qu’on souhaite mélanger dans leur famille de teinte sur la roue, on voit d’un coup d’œil toutes les teintes qui se situent sur le trajet le plus court entre les 2 et qu’on va pouvoir produire en les mélangeant.
La roue nous permet aussi d’identifier les teintes dites analogues qui se trouvent côte à côte sur la roue. Dans une peinture, ces couleurs s’harmonisent et se marient bien. Quand on les mélange, on obtient des couleurs vives et propres, car cela revient à mélanger seulement 2 primaires sur les 3.
Et on peut également identifier d’un seul coup d’œil les teintes dites complémentaires, qui sont diamétralement opposées sur la roue. Mises côte à côte dans une peinture, ces teintes contrastent et se font ressortir mutuellement. Quand on les mélange en revanche, elles se neutralisent : on obtient des gris plus ou moins coloré et des couleurs ternes, car cela revient à mélanger les 3 primaires ensemble.
Si vous souhaitez obtenir des mélanges vifs et éviter les couleurs sales, il faut donc choisir des couleurs ayant des teintes proches, voire analogues. Et au contraire, si vous avez besoin de ternir vos couleurs ou même de produire des bruns ou des gris colorés pour éviter les effets psychédéliques, il faut choisir des couleurs ayant des teintes éloignées voire complémentaires.
Chapitre 5
Comment ajuster le mélange pour obtenir la couleur souhaitée
Lorsqu’on teste notre mélange sur un papier, il se peut que la couleur obtenue ne corresponde pas à celle qu’on avait en tête. Dans ce cas, on peut continuer de l’ajuster en mettant plus de l’une ou de l’autre des couleurs, ou en ajoutant éventuellement une troisième couleur. On peut également ajouter plus d’eau, ou au contraire concentrer un peu plus le jus.
Je vous conseille de procéder doucement lorsque vous ajustez un mélange : ajoutez une petite quantité de peinture ou d’eau à chaque fois, en observant bien votre mélange, pour éviter qu’il ne change d’un seul coup. Testez régulièrement le mélange sur un papier, jusqu’à obtenir la couleur qui vous convient.
Pour décider de la manière d’ajuster un mélange, il faut observer la couleur après l’avoir appliquée sur le papier test et se poser les questions suivantes :
🌈 A-t-elle la bonne teinte ? (dimension de la teinte)
💦 Est-elle trop claire ou trop foncée ? (dimension de la valeur)
🎨 Est-elle trop vive ou trop terne ? (dimension de la saturation)
Que faire si le résultat n’a pas la bonne teinte ?
La teinte d’un mélange se trouve toujours quelque part sur le chemin le plus court entre les teintes des 2 couleurs mélangées, sauf pour les couleurs dites “complémentaires”, qui se trouvent diamétralement opposées sur la roue, et dont les teintes “s’annulent” en quelque sorte pour tendre vers le gris lorsqu’on les mélange.
Donc si la teinte de notre mélange n’est pas correcte, il faut simplement ajouter un peu plus de l’une ou de l’autre des 2 couleurs pour faire tendre le mélange un peu plus d’un côté ou de l’autre, ou encore pour équilibrer les forces entre les 2 couleurs et ramener le mélange vers la teinte intermédiaire qui se situe pile au milieu.
Si on ne parvient pas à obtenir la bonne teinte en faisant cela, on peut en déduire qu’on s’est trompé sur les 2 couleurs de départ, et qu’il vaut mieux choisir des couleurs différentes pour obtenir la teinte souhaitée. Quand c’est le cas, c’est souvent parce qu’on a mélangé des couleurs aux teintes trop éloignées sur la roue chromatique. Il faut alors choisir des couleurs aux teintes plus proches situées de part et d’autre de la teinte visée.
Que faire si le résultat est trop foncé ?
Si la couleur obtenue par mélange est trop foncée, c’est très simple : il suffit d’ajouter de l’eau dans le mélange pour la diluer et ainsi l’éclaircir (= augmenter sa valeur). Attention : on n’utilise pas de blanc pour éclaircir les mélanges en aquarelle ! Cela les rend opaques et crayeux, leur donnant un aspect gouaché à l’inverse de la transparence recherchée.
Que faire si le résultat est trop clair ?
Si la couleur obtenue par mélange est trop claire et trop délavée, il faut ajouter du pigment dans le jus pour le concentrer et le foncer (= diminuer sa valeur).
Beaucoup de débutants ont du mal à concentrer leurs jus, donc retenez ces 3 astuces pour y arriver :
⮚ Astuce 1) Évitez si possible de repasser par le pot à eau pour mouiller votre pinceau, car cela a pour action de diluer à nouveau le jus. Utilisez le jus lui-même pour mouiller le pinceau et humidifier la peinture sèche.
⮚ Astuce 2) Si vous avez besoin de rincer le pinceau pour une raison ou une autre, pensez à le tapoter légèrement sur un chiffon avant de retourner chercher de la couleur, pour éviter d’amener de nouveau beaucoup d’eau dans le jus. Un pinceau épongé peut aussi permettre d’absorber l’eau qui s’accumule parfois dans le godet ou le puits de la palette.
⮚ Astuce 3) Si vous en avez la possibilité, utilisez de la peinture fraîche directement issue d’un tube. Il suffit de mettre une noisette de peinture fraîche dans le jus, de bien mélanger, et le tour est joué ! Bien sûr, c’est un peu plus difficile de doser les couleurs avec cette méthode : il faut donc faire un premier dosage approximatif pour bien concentrer le jus, et ajuster plus finement dans un second temps en allant chercher de la peinture sèche au godet ou dans un puits de la palette.
Que faire si le résultat est trop vif ?
Si le mélange est trop vif, il est possible de le ternir à l’aide d’une troisième couleur (= de diminuer sa saturation). L’option la plus facile quand on débute consiste à ajouter une couleur neutre, de type gris, noir ou brun très foncé (comme la sépia).
⮚ Les bruns sont plus adaptés pour le mélange avec les couleurs chaudes, telles que le jaune, l’orange et le rouge.
⮚ Les gris sont plus adaptés pour le mélange avec les couleurs froides, telles que le vert, le bleu ou le violet.
Les couleurs neutres ont cependant tendance à éteindre les mélanges et peuvent les rendre opaques à cause des pigments noirs qu’elles contiennent très souvent.
Une meilleure option pour ternir une couleur consiste à lui ajouter sa couleur complémentaire, c’est-à-dire celle dont la teinte est diamétralement opposée à la sienne sur la roue. Cela permet de ternir n’importe quelle couleur vive tout en conservant la transparence de l’aquarelle.
Quelle que soit l’option choisie, ajoutez seulement une petite quantité de la seconde couleur si vous souhaitez ne ternir que légèrement la première, ou une grande quantité si vous voulez la ternir beaucoup et obtenir un gris coloré.
Que faire si le résultat est trop terne ?
Si le mélange est trop terne, c’est un peu plus compliqué de l’aviver (= d’augmenter sa saturation). Il y a plusieurs cas de figure :
⮚ Si vous avez mélangé 2 couleurs ternes : vous pouvez remplacer une des 2 couleurs par une couleur vive de la même famille de teinte. Cela permet d’obtenir un mélange un peu plus vif, ce qui est parfois suffisant. Si le mélange n’est toujours pas assez vif à votre goût, il vaut mieux remplacer les 2 couleurs par des couleurs vives de teintes similaires.
⮚ Si vous avez mélangé des couleurs trop éloignées sur la roue, ou pire, des couleurs complémentaires : il vaut mieux faire un autre mélange, en utilisant des couleurs plus proches sur la roue, pour obtenir la teinte souhaitée dans une version plus vive, car les couleurs aux teintes très éloignées produisent des mélanges tendant automatiquement vers le gris.
Si vous souhaitez obtenir des mélanges vraiment très vifs, il faut mélanger des couleurs vives aux teintes proches sur la roue. Choisissez soit des couleurs aux teintes “analogues”, c’est-à-dire situées côte à côte sur la roue, soit des couleurs aux teintes situées dans le même tiers de roue entre 2 teintes primaires. Dans les 2 cas, cela revient à ne mélanger que 2 primaires sur les 3 et vous assurera d’obtenir un mélange “propre” très saturé.
Chapitre 6
Obtenir les différentes couleurs principales à l’aquarelle
Obtenir les familles de teinte de la roue chromatique
Pour obtenir les familles de teinte de la roue chromatique, il faut partir des 3 véritables primaires : le jaune (PY3), le magenta (PR122) et le cyan (PB15:3).
Pour obtenir toutes les autres teintes, il faut mélanger les primaires 2 à 2 en faisant varier leurs proportions, exactement comme pour créer des “échelles de mélanges” entre elles.
Mélange jaune-magenta
Pour obtenir le rouge, on mélange le jaune et le magenta à forces à peu près égales. En ajoutant plus de jaune dans le mélange pour qu’il prenne le dessus, on obtient l’orange. Et inversement, en ajoutant plus de magenta pour que ce soit lui qui ait le dessus, on obtient le rouge-rosé.
Mélange magenta-cyan
Pour obtenir le violet, on mélange le magenta et le cyan à forces à peu près égales. En ajoutant plus de magenta dans le mélange pour qu’il prenne le dessus, on obtient le rose-violet (traditionnellement appelé rouge-violet). Et inversement, en ajoutant plus de cyan pour que ce soit lui qui ait le dessus, on obtient le bleu.
Mélange cyan-jaune
Pour obtenir le vert, on mélange le cyan et le jaune à forces à peu près égales. En ajoutant plus de cyan dans le mélange pour qu’il prenne le dessus, on obtient le turquoise. Et inversement, en ajoutant plus de jaune pour que ce soit lui qui ait le dessus, on obtient le jaune-vert.
Comment obtenir de beaux violets ?
Quand on est enfant, on nous apprend souvent que pour obtenir du violet il faut mélanger du rouge et du bleu. Mais si vous avez déjà essayé, vous avez dû constater que ce mélange donne en fait une couleur certes un peu violacée mais surtout très grisâtre.
Si vous visualisez la roue chromatique, vous comprendrez pourquoi, car le rouge est presque en face du bleu : ces 2 couleurs ne sont pas loin d’être des complémentaires, et leur mélange approche donc du gris.
Le secret pour obtenir un beau violet, c’est d’utiliser du magenta (PR122) au lieu du rouge. A défaut, il est possible d’utiliser des roses s’en approchant beaucoup (comme ceux qui correspondent au pigment PV19), ou des rouges rosés (comme ceux qui correspondent au pigment PR209). Les violets obtenus seront légèrement plus ternes, mais ils restent très jolis.
Retenez en tout cas que plus la couleur utilisée en guise de magenta s’éloigne du rose et se rapproche du rouge pompier, plus le violet obtenu est terne et grisâtre.
Il est possible d’utiliser du cyan (PB15:3) en mélange avec le magenta pour obtenir le violet, comme c’est le cas sur la roue chromatique. Mais le violet obtenu n’est pas nécessairement le plus éclatant.
En utilisant un bleu à la place, comme le bleu outremer (PB29), on choisit une teinte plus proche du magenta sur la roue chromatique, et on obtient le plus beau violet possible.
Comment faire du blanc à l’aquarelle ?
Obtenir du blanc en mélangeant des couleurs n’est possible que dans le système de synthèse additive, valable uniquement quand on mélange des lumières de différentes couleurs. Dans ce cas, les 3 teintes primaires sont le rouge, le vert et le bleu, et leur mélange donne de la lumière blanche.
En aquarelle, il est impossible d’obtenir du blanc en mélangeant des couleurs, car on ne mélange pas directement des lumières mais des pigments, qui sont les agents colorants de la peinture. Ces pigments ne réfléchissent que certaines longueurs d’onde de la lumière qui leur arrive, ce qui nous permet de percevoir leur couleur, et en absorbent d’autres qui ne sont donc pas renvoyées, soustrayant ainsi une partie du spectre lumineux. Plus il y a de pigments de teintes différentes dans un mélange, plus il y a de longueurs d’onde absorbées et donc soustraites du spectre, et plus la couleur résultante est sombre et terne. C’est pour cette raison qu’on parle de synthèse soustractive, et que le mélange des 3 primaires (dans ce cas jaune, magenta et cyan) donne du noir.
On évite également d’utiliser de la peinture blanche pour peindre par-dessus des couleurs et créer des lumières en aquarelle, car cela donne un rendu opaque d’aspect gouaché manquant de fraîcheur, à l’opposé de la transparence recherchée.
Le blanc qu’on utilise en aquarelle n’est autre que le blanc du papier : il faut passer autour pour le préserver et créer des lumières. En diluant beaucoup nos jus, on peut également faire transparaître le blanc du papier au travers des couleurs et leur donner un aspect pastel transparent et lumineux.
Comment obtenir du gris ou du noir ?
Comme expliqué juste au-dessus, le noir s’obtient en aquarelle en mélangeant les 3 teintes primaires ensemble à forces à peu près égales. Mais il n’est pas très facile de les doser correctement tout en les concentrant suffisamment pour obtenir un noir parfaitement neutre et très foncé.
Une alternative consiste à mélanger des couleurs complémentaires. N’importe quel mélange entre 2 complémentaires permet d’obtenir du gris si le jus est un peu dilué, ou du noir s’il est très concentré.
En termes de teinte, cela revient au même que de mélanger les 3 teintes primaires à forces à peu près égales. Mais le dosage est plus simple, car il n’y a que 2 couleurs à équilibrer, et on peut choisir des couleurs prêtes à l’emploi ayant d’emblée une valeur foncée et/ou une couleur un peu terne (c’est à dire une saturation plus faible), ce qui nous mettra déjà sur le chemin du gris ou du noir.
Voici quelques mélanges que je trouve pratiques pour obtenir facilement du gris ou du noir :
- Bleu outremer (PB29) + Terre de Sienne brûlée (PBr7 ou PB101)
- Rouge (type rouge pompier) + Bleu phtalo vert (PB15:3)
- Alizarine cramoisie + Vert phtalo bleu (PG7)
Comment obtenir les couleurs de peau à l’aquarelle ?
Couleurs de peau claires
Les couleurs de peau claires correspondent typiquement à des tons pêche clairs, qui sont en fait des rouges orangés légèrement ternis et très pastel. Pour les recréer à l’aquarelle, il suffit de diluer énormément des rouges orangés de prime abord très vifs et très foncés.
Plusieurs options s’offrent à nous pour obtenir ces rouges orangés. Celle que je préfère consiste à mélanger du jaune primaire (PY3) et du magenta (PR122) (ou à défaut un rose s’en approchant au maximum), en mettant un peu plus de jaune que de magenta : le rouge-orangé obtenu n’est pas le plus éclatant possible, ce qui nous arrange, puisque cela donnera ce côté légèrement terni qu’on recherche une fois dilué.
Pour faire varier ces tons de peau, il suffit de jouer sur les proportions de jaune et de magenta dans le mélange. En ajoutant un peu plus de jaune, on peut faire tirer les tons de peau vers une tonalité plus jaunâtre, et en ajoutant un peu plus de magenta on obtient des tons de peau plus rosés.
Pour ternir encore plus le mélange et créer des ombres, il suffit d’y ajouter une toute petite pointe d’un bleu comme l’outremer (PB29). Je vous conseille d’éviter les cyans ou les bleus très puissants en teinte, comme le bleu phtalo (PB15), le bleu de Prusse (PB27) ou le bleu d’indanthrène (PB60), car ces derniers peuvent faire basculer très rapidement le mélange vers une tonalité verdâtre en interagissant avec le jaune.
Couleurs de peau foncées
Les couleurs de peau foncées correspondent à des bruns plus ou moins orangés et plus ou moins foncés.
Pour créer ce type de couleur, il faut partir d’un rouge orangé vif, créé en mélangeant du rouge à du jaune orangé.
En ajoutant dans le mélange une petite quantité d’un bleu tel que l’outremer (PB29) (qui est quasiment la complémentaire du rouge orangé sur la roue chromatique), on obtient un brun orangé. Si on ajoute un peu plus de bleu, le mélange prend une couleur marron plus foncée et plus terne. De manière générale, plus on ajoute de bleu, plus le brun devient foncé et se rapproche du noir.
Pour faire varier ces bruns, il suffit de jouer sur les proportions de rouge et de jaune dans le mélange. En ajoutant un peu plus de rouge, on obtient des tons de peau plus rougeâtres, et en ajoutant plus de jaune, on obtient des tons de peau plus jaunâtres et ambrés.
Pour éviter la granulation du bleu outremer, il est possible d’utiliser un bleu non granulant comme le bleu d’indanthrène (PB60). Mais attention à sa puissance et à son interaction avec le jaune, qui peut rapidement donner un aspect verdâtre au mélange : il faut le doser avec parcimonie !
Comment obtenir la couleur beige ?
Par définition, le beige correspond à la couleur de la laine naturelle n’ayant pas été blanchie. Il se situe donc entre le blanc cassé et le brun très clair tirant sur le jaune. Cela équivaut en fait à une couleur ternie et très pastel, se situant entre le jaune et l’orange en terme de teinte.
Pour le créer, j’ai trouvé que le plus facile est de partir d’un jaune chaud, telle que le jaune indien ou la gomme gutte par exemple. On y ajoute une pointe de magenta (PR122) pour faire tendre un peu plus la teinte vers l’orange. Puis on ternit le mélange en y ajoutant une petite pointe de sa complémentaire bleu. Je conseille d’utiliser pour ça l’outremer (PB29) et d’éviter les cyans ou les bleus puissants en teinte comme le bleu phtalo (PB15), le bleu de Prusse (PB27) ou le bleu d’indanthrène (PB60) qui auront tendance à faire basculer immédiatement le mélange vers des tons verdâtres.
Il suffit ensuite de diluer beaucoup le mélange pour éclaircir la couleur et obtenir le ton pastel correspondant au beige.
On peut faire varier légèrement ce beige en jouant sur la quantité de bleu et de magenta dans le mélange. En ajoutant une petite pointe de magenta supplémentaire, on obtient un beige un peu plus chaud et orangé. Et plus on ajoute de bleu, plus on ternit le mélange, et plus le beige obtenu après dilution approche d’un gris chaud.
Comment obtenir des verts naturels ?
Sur la roue chromatique, la teinte verte la plus pure et la plus éclatante est obtenue en mélangeant du jaune primaire et du cyan. Mais ce vert pur d’aspect “chimique” presque fluo est difficilement utilisable tel quel dans une peinture. Quand on peint des paysages notamment, on recherche des verts plus assagis et plus naturels.
Utiliser les primaires chaudes
Pour les obtenir, on peut commencer par remplacer le jaune primaire et le cyan (ou les 2) par leurs équivalents chauds pour créer différents verts. Les primaires chaudes contiennent en effet un peu de la teinte magenta, qui va ternir le mélange.
On peut par exemple remplacer le cyan par un bleu, tel que l’outremer (PB29) ou le bleu d’indanthrène (PB60). Les verts obtenus restent vifs, mais ils ont de tout de même un aspect moins fluo, et pourraient servir pour les parties les plus verdoyantes de la végétation.
Pour les rendre encore plus naturels, on peut ajouter plus de jaune que de bleu dans le mélange, afin d’obtenir des couleurs à la teinte jaune-verte de type “mousse”.
On peut également remplacer le jaune primaire par un jaune chaud, c’est à dire légèrement orangé, telle que la gomme gutte ou le jaune indien, ce qui permettra de créer un beau vert mousse en mélange avec le cyan. Pour une version encore plus assagie, on peut même utiliser une terre jaune comme la terre de Sienne naturelle.
Pour finir, on peut aussi mélanger un bleu et un jaune chaud. Ces 2 couleurs sont presque complémentaires et donnent des verts très assagis, de type kaki. Le mélange entre bleu outremer et terre de Sienne naturelle est quasiment gris.
Ternir le vert à l’aide d’une troisième couleur
On peut également ternir un vert un peu trop flashy en lui ajoutant une petite quantité de n’importe quelle couleur située entre l’orange et le magenta (et contenant donc la teinte magenta dans différentes proportions).
Cela fonctionne aussi bien en partant d’un vert obtenu par mélange qu’en partant d’un vert prêt à l’emploi, tel que le vert phtalo bleu (PG7) par exemple. C’est même encore plus facile dans ce deuxième cas, car il n’y a plus que 2 couleurs à doser au lieu de 3.
Pour ternir le vert, on peut donc utiliser de l’orange, du rouge, du rouge-rosé ou du magenta purs, mais aussi de la terre de sienne brûlée (qui correspond à de l’orange terne) et des marrons ou des bruns de tous types (qui correspondent à de l’orange ou à du rouge extrêmement terne).
Le résultat sera différent selon la couleur utilisée pour ternir le vert. Plus la teinte de la troisième couleur tend vers le magenta (qui est la complémentaire du vert), plus ce dernier neutralise le vert, et plus le mélange tend vers un vert grisâtre.
Tout cela fonctionne aussi en partant d’un jaune-vert au lieu de partir d’un vert. Pour cela, il suffit d’ajouter plus de jaune et moins de cyan dans le mélange au départ, ou d’ajouter du jaune à un vert prêt à l’emploi, avant de le ternir en ajoutant la troisième couleur. Cela permet d’obtenir tout un panel de jaune-verts assagis de type “ort vert”, “mousse” ou “olive”, très utiles pour les feuillages clairs.
Bien évidemment, plus on ajoute de la couleur utilisée pour ternir… et plus le mélange devient terne. On peut donc s’amuser à varier le dosage des différentes couleurs dans le mélange pour obtenir tout un panel de verts et de jaune-verts différents, plus ou moins assagis, selon nos besoins.
Chapitre 7
Conclusion
Se lancer dans les mélanges de couleur peut sembler intimidant lorsqu’on débute l’aquarelle, mais j’espère que cet article vous aura donné quelques clefs de compréhension et quelques outils pour oser vous jeter à l’eau. La pratique fera le reste !
A force d’expérimenter, vous finirez par savoir d’instinct quels mélanges donnent telle ou telle couleur. Je vous encourage à tester des mélanges divers et variés, en essayant de comprendre les résultats que vous obtenez. C’est ainsi que vous progresserez le plus.
Et si vous souhaitez aller au-delà de la méthode intuitive et que avez besoin de clefs supplémentaires pour apprendre à analyser vos mélanges et à en prédire le résultat, je vous invite à vous inscrire à mon cours gratuit “Couleur Aquarelle”. Il vous permettra d’aller encore plus loin dans votre compréhension de la couleur et d’acquérir une véritable dextérité dans la maîtrise des mélanges.
👏👏👏c’est grâce à ta pédagogie et ta méthode pour mélanger les couleurs que maintenant je ne bloque plus sur la mise en couleur et j’utilise moins les couleurs toutes prêtes 😉 🙌
Bonjour,
je vous écris à la place de mon fils. Je vous ai écouté et aussi lu. Votre cours est très complet et comprehenssible. Naturellement nous devons pratiquer et appliquer tout ce que vous proposez dans votre cours pour assimiler et intégrer les informations. Je vous félicite pour le bon travail.
Bravo à vous et merci beaucoup.
Cordialement
FÉLICITATIONS pour cette synthèse extrêmement complète et détaillée ! C’est la première fois que je trouve rassemblé en un seul endroit autant de conseils complets et si bien expliqués ! Merci ! Je vais imprimer tout cela et m’en servir !!
Merci beaucoup pour ton commentaire enthousiaste ! Vu le travail que j’ai investi dans cet article, ça fait vraiment très plaisir ^^
Bonjour , un super article et une super démagogie !
Merci beaucoup pour ton travail.
Cordialement
Ced
Merci à toi d’avoir pris le temps de commenter, très contente que l’article t’ait plu et que tu aies apprécié la pédagogie (enfin j’imagine que tu voulais parler de pédagogie et non de démagogie, sinon je vais m’inquiéter XD)
Génial. Gros travail pour obtenir un résultat très didactique. 😍👏👏👏
Merci beaucoup, ça fait plaisir que le travail investi dans l’article soit remarqué et qu’il t’ait plu !