Créer des fondus au crayon de couleur

Aaaaah le crayon de couleur ! Vous savez c’est ce truc qu’on met dans la main de tous les enfants qui veulent dessiner. C’est peut-être pour ça qu’on pense que c’est un médium facile à utiliser… On se dit qu’avec ça, on va pouvoir passer facilement de nos dessins au graphite à des dessins en couleur. Alors youpi, on achète une belle boîte de crayons et on essaye… et là, c’est la désillusion pour beaucoup d’entre nous ! Parce qu’en vérité, le crayon de couleur c’est un médium plutôt difficile à maîtriser.

Pourquoi ? Et bien déjà, ça ne se gomme pas vraiment. On peut éclaircir des marques au crayon en frottant fort avec la gomme, mais c’est quasiment impossible d’effacer complètement la couleur qu’on a posée. Cela dépend bien évidemment du type de crayon utilisé et de la pression que l’on a exercée dessus pour appliquer la couleur. Mais il faut quand même y aller franchement avec la gomme pour effacer du crayon de couleur, ce qui risque d’abîmer le papier. Donc le crayon de couleur a un côté permanent et impardonnable. En plus de ça, quand on débute, on se retrouve bien souvent confronté au fait que les coups de crayons se voient et que le grain du papier ressort, et il est difficile d’obtenir un beau rendu propre et de dessiner les détails. Et enfin, les pigments, donc la couleur, ne sont pas mobiles. Une fois posés sur le papier, les pigments ne bougent plus, et il est difficile de mélanger les couleurs pour créer des fondus entre les différentes couleurs qu’on pose sur le papier quand on ne connaît pas la bonne technique pour le faire.

Alors bien souvent, quand on débute le crayon de couleur, on se retrouve avec des dessins tout granuleux, où les coups de crayons apparaissent par endroit, avec des couleurs disparates et séparées, au lieu de beaux fondus permettant de rendre les volumes. C’est pour ça que dans cet article j’ai décidé de passer en revue les basiques du crayon de couleur qui devraient vous permettre d’éviter certaines erreurs de débutant, et de vous expliquer les techniques pour obtenir de beaux fondus avec vos crayons !

 

 

Conseil n°1 : Utiliser le bon matériel

Mon premier conseil pour obtenir de bons résultats au crayon de couleur, c’est de vous munir du bon matériel. Pas besoin de dépenser des fortunes ni d’avoir des tonnes de matériel pour commencer à faire de jolies choses au crayon de couleur : simplement il faut choisir le matériel adéquat.

 

Les bons crayons

La première chose à avoir, ce sont de bons crayons. Pas forcément les crayons les plus chers, mais le minimum c’est de se procurer des crayons de couleur de qualité artiste. Si vous utilisez des crayons de couleur bon marché, du type de ceux qu’on donne aux enfants, vous courez à la frustration. Un crayon de couleur est constitué de 2 choses : la mine et le corps en bois du crayon. La mine est faite :

– de pigments, qui donnent la couleur au crayon.

– et de liants, qui permettent de lier les pigments et de leur donner cette forme solide.

 

  • Crayons bons marchés vs crayons de qualité artiste

Dans les crayons bon marché, il y a moins de pigments et plus de liants. Le résultat, c’est que ce genre de crayon ne donnera pas des couleurs très intenses. De plus les mines sont généralement dures et sèches, ce qui fait qu’il est difficile d’obtenir de beaux dégradés et de beaux fondus avec. Les crayons de couleur de qualité artiste, quant à eux, sont richement pigmentés, donc ils produisent de belles couleurs bien vibrantes, et leur mine est grasse, voire même crémeuse selon les marques, ce qui permet de faire de beaux fondus avec. Donc si vous voulez vous lancer dans le crayon de couleur, je vous conseille d’investir dans des crayons de couleur pour artiste. Pas besoin d’acheter les plus chers ou d’en acheter une énorme boîte : 12 crayons suffisent pour commencer. Une boîte de 36 est idéale si vous avez le budget. Mais il vaut mieux 12 crayons de bonne qualité que 120 crayons pas chers.

 

  • Crayons à base de cire et crayon à base d’huile

Il existe 2 types de crayons de couleurs : les crayons avec une mine à base de cire, et les crayons avec une mine à base d’huile. Parmi les crayons à base de cire bien connus on peut citer les Prismacolor Premier et les Luminance de Caran d’Ache, et un exemple de crayons à base d’huile bien connus sont les Polychromos de Faber Castell.

Les crayons à base de cire ont une mine plus tendre et plus crémeuse que les crayons à base d’huile. Ils sont donc idéaux pour réaliser des fondus sans trop d’effort. En revanche, comme la mine est très tendre, elle ne reste pas pointue très longtemps, il faut la tailler sans arrêt, et il est plus difficile de faire des détails fins avec ce type de crayon.

 

 

La mine des crayons de couleur à base d’huile est quant à elle un peu plus dure, moins crémeuse : elle s’use moins vite, il faut tailler les crayons moins souvent, et ces crayons sont donc parfaits pour faire des détails et du hachurage. En revanche, cela demande un peu plus de travail pour obtenir de beaux fondus avec ce type de crayon.

Du coup, on va plutôt réserver les crayons à base de cire pour des dessins où on a besoin de faire beaucoup de fondus, tels que des portraits ou des paysages dans lesquels il faudra rendre des surfaces lisses comme de l’eau, ou bien pour des arrière-plans un peu flous. Et par contre, les crayons à base d’huile seront parfaits pour des dessins avec des détails fins, comme les poils ou les plumes d’animaux par exemple. Ceci dit, si vous connaissez les particularités de vos crayons et que vous utilisez les bonnes techniques, il est possible de tout faire avec les 2 types de crayon. Simplement, c’est bien d’être conscient des petites difficultés supplémentaires qu’il peut y avoir en fonction du type de crayon que vous utilisez pour pouvoir les anticiper.

 

 

Le bon papier

Deuxième chose très importante dans le choix du matériel : le choix du papier. Et le grain, autrement dit la texture du papier, sera l’élément qui aura le plus d’impact sur le rendu obtenu au crayon de couleur.

En effet, le crayon de couleur va faire ressortir tout le grain du papier, parce que les pigments vont se déposer sur les petites bosses du papier mais ne pourront pas atteindre les creux qui vont rester blancs. C’est ce qui donne cet aspect granuleux quand on travaille au crayon de couleur sur un papier à grain. Si c’est le type de rendu que vous recherchez, pas de problème.

Mais généralement, quand on fait un dessin détaillé au crayon de couleur, on ne souhaite pas finir avec quelque chose de granuleux où il est impossible de dessiner précisément les détails.

Donc il faut choisir un papier suffisamment lisse, comme le papier aquarelle à grain satin sur l’image ci-dessous. Comme les bosses et les creux du papier sont beaucoup plus petits que pour un papier à grain prononcé, on a un effet beaucoup plus lisse et doux, ce qui est idéal pour faire des fondus.

 

 

Attention cependant à ne pas choisir un papier trop lisse non plus. Si le papier est trop lisse, il va rapidement “saturer”.

Qu’est ce que j’entends par là ?

Vous allez mettre quelques couches de couleur dessus et ensuite vous ne pourrez plus en ajouter parce que le papier ne va pas accrocher suffisamment les pigments. Du coup, quand vous allez ajouter de nouvelles couches de crayon, les pigments vont s’accrocher seulement par endroit et s’agglomérer sous l’effet de la friction, et vous obtiendrez comme des pâtés.

C’est le cas avec le bristol de l’image ci-dessus par exemple. C’est tentant de s’orienter vers du papier bristol, parce qu’il est complètement lisse, donc il n’y a aucun problème de grain qui ressort.

Et quand je me suis lancée dans le crayon de couleur, c’est vers ça que je me suis tournée en me disant que ça allait être idéal. Mais comme le grain est inexistant, le papier sature très très vite, ce qui limite le nombre de couches qu’on peut mettre dessus.

Conclusion : il faut trouver un bon compromis entre trop de grain et pas assez.

 

 

Les papiers aquarelle à grain satin (ou “hot pressed” en anglais) sont parfaits : ils ont un peu de grain mais pas trop. Celui que je préfère pour le crayon de couleur c’est le Fabriano Artistico blanc intense (= extra-white) “hot pressed”. C’est un vrai bonheur de travailler au crayon de couleur sur ce papier.

En plus, les papiers aquarelle sont épais (300 g.m²), et pour faire de beaux dessins bien fignolés qui prennent du temps c’est rassurant et agréable d’avoir un support épais et solide.

En tout cas je vous conseille de prendre un papier un peu épais si vous voulez que vos œuvres soient moins fragiles une fois terminées.

L’ autre avantage des papiers aquarelle c’est qu’ils supportent les techniques humides, et pour faire des fondus avec le crayon de couleur il y a possibilité d’utiliser du solvant, je vais y revenir un peu plus loin.

Pour ça, les papiers aquarelle sont idéaux, car ils ne risquent pas de gondoler ou de se déchirer quand on utilisera du solvant. Mais leur désavantage, c’est d’être onéreux.

 

 

Il existe des papiers multi-techniques, moins chers, qui sont très bien aussi, comme par exemple le papier Paint’ON de Clairefontaine. Il existe beaucoup de marques de papier multi-techniques différentes, mais le PAINT’ON étant le seul que j’ai testé avec du crayon de couleur, c’est le seul dont je peux parler. Il est vraiment très bien car il a ce bon compromis entre un peu de grain mais pas trop. Il est épais (250 g.m²), et il supporte bien le solvant.

De plus il existe en blanc, en gris, en couleur sable et en noir, ce qui offre de nombreuses possibilités.

Mais des papiers pour dessin à grain très fin, de la marque Canson notamment, conviennent très bien aussi et sont moins onéreux, et il en existe dans toutes les couleurs.

Il faut simplement garder en tête que le papier sera plus fin, donc votre dessin sera plus fragile une fois terminé, et il ne faudra pas abuser du solvant car ce type de papier n’est pas vraiment prévu pour supporter les techniques humides.

 

 

Pour résumer : regardez quels papiers sont disponibles dans les rayons de votre magasin Beaux-Art et cherchez les papiers avec un grain très fin.

Si vous voulez faire des dessins vraiment bien fignolés sur lesquels vous comptez passer beaucoup d’heures, je vous conseille d’aller vers des papiers un peu épais, au minimum de 200 g.m², mais si vous voulez simplement vous entraîner l’épaisseur n’a pas autant d’importance.

Et avant de vous lancer dans un dessin qui risque de vous prendre des heures, je vous conseille de tester votre papier pour voir si le grain convient bien. Cela vous évitera de commencer un dessin sur un papier qui ne serait au final pas adéquat !

 

Conseil n°2 : s’armer de patience !

Une fois qu’on a les bons crayons et le bon papier, il faut s’armer d’autre chose quand on veut obtenir de beaux rendus au crayon de couleur : la PATIENCE.

Travailler au crayon de couleur c’est minutieux, ça prend du temps, surtout quand on travaille sur du papier blanc et qu’il faut couvrir toutes les surfaces. Tout dépend bien évidemment du niveau de rendu que vous souhaitez obtenir : si vous voulez juste faire un dessin avec un aspect croquis ça ira assez vite.

Mais pour un beau dessin, bien détaillé, il faut être prêt à y passer beaucoup d’heures. Il vaut mieux vous mettre ça dans la tête avant de démarrer parce que sinon vous courez à la frustration et au découragement, et surtout vous risquez de faire des erreurs en voulant faire les choses rapidement.

Car toutes les techniques qui permettent d’obtenir de beaux fondus prennent un peu de temps.

 

Layering (= superposition)

La première technique, qui est la plus simple à maîtriser quand on débute et qui constitue la base de tout, s’appelle “layering” en anglais, ce qu’on pourrait traduire par “superposition”, puisqu’on va patiemment superposer les couches de crayon jusqu’à obtenir notre fondu.

Sur l’image ci-dessous, je superpose tranquillement une couche de crayon après l’autre, en alternant entre les 2 couleurs que je veux fondre pour créer une transition très douce et graduelle entre les deux. J’ai mis presque 10 minutes à faire mon fondu dans ce tout petit carré de 3 centimètres et demi de côté. Donc quand je vous dis qu’il faut de la patience, ce n’est pas pour rien.

 

 

Il y a plusieurs clefs pour bien réussir ses fondus en utilisant la technique du “layering” :

 

  • Pression constante

La première chose, c’est qu’il faut conserver une pression à peu près constante en appliquant le crayon. En 1 sur l’image ci-dessous j’ai fait exprès de changer la pression que j’exerçais sur le crayon en coloriant. Résultat : certaines marques de crayon sont plus épaisses et plus foncées aux endroits où j’ai appuyé un peu plus. Donc pour éviter ces marques de crayon, il faut conserver à peu près la même pression pendant le coloriage et éviter d’appuyer.

 

  • Éviter d’appuyer !

La deuxième clef pour bien réussir les fondus, c’est de crayonner avec beaucoup de légèreté, sans appuyer sur le crayon. Si vous appuyez sur le crayon, et surtout si vous le faites dès le départ, cela va marquer le papier, les coups de crayon vont se voir, et en plus vous allez écraser le grain du papier qui va saturer aussitôt (en 2 sur l’image ci-dessous).

Et une fois le papier saturé, vous ne pourrez plus revenir sur ce que vous avez fait pour adoucir vos transitions entre les couleurs. Pour éviter de trop appuyer, je vous conseille de tenir votre crayon loin de la mine. Ainsi vous ne pourrez pas exercer trop de pression dessus.

 

  • Travailler avec une mine bien taillée

La troisième clef pour réussir un bel aplat de couleur, c’est de travailler avec une mine bien taillée. Si vous coloriez avec une mine usée, vous allez obtenir des marques de crayons un peu aléatoires, et une fois de plus les coups de crayon vont se voir (en 3 sur l’image ci-dessous).

Donc il faut tailler votre mine aussi souvent que nécessaire pour qu’elle reste bien pointue et colorier avec la mine assez à plat. Pour la garder pointue plus longtemps, n’hésitez pas à la tourner régulièrement pendant que vous travaillez, toutes les 15 ou 30 secondes par exemple. Ainsi elle va s’user de tous les côtés et rester pointue au lieu de s’user prématurément sur un seul côté.

 

  • Éviter de colorier toujours dans la même direction

La dernière clef pour faire des aplats de couleurs et des fondus bien lisses, c’est de colorier dans une direction différente à chaque nouvelle couche de crayon que vous superposez.

Il faut éviter de colorier toujours dans la même direction. Sur l’image ci-dessous, vous pouvez voir qu’en 4 j’ai colorié toujours dans la même direction, en balayant dans le sens horizontal avec mon crayon.

Sur les premières couches ce n’est pas très grave, mais plus je superpose de couches de crayon, et plus les marques de crayon sont accentuées, vu que je vais toujours dans le même sens.

En 5 en revanche, j’ai changé de sens de coloriage à chaque nouvelle couche ajoutée. J’ai fait la première couche en balayant dans le sens horizontal, puis à la couche suivante j’ai balayé dans le sens vertical, puis en oblique (d’abord d’en bas à gauche vers en haut à droite, puis d’en haut à gauche vers en bas à droite), avant de revenir au sens horizontal. Vous voyez que cet aplat de couleur est beaucoup plus lisse et uniforme que celui obtenu en 4.

 

 

Si vous faites attention à toutes ces petites choses là, vous arriverez à faire de beaux fondus au crayon de couleur, pour peu que vous ayez la patience de superposer suffisamment de couches.

Je pense que la plupart des débutants abandonnent trop tôt, après avoir mis seulement une ou 2 couches de couleur, alors qu’il en faut au minimum 4 ou 5 pour obtenir quelque chose de propre.

 

Burnishing (= brunissage)

La deuxième technique pour obtenir des fondus très lisses au crayon de couleur s’appelle “burnishing” en anglais, ce qui se traduit par “brunissage” en français. “Brunissage” n’est pas à relier à “brunir” dans le sens “rendre brun”, mais à “brunir” dans le sens “polir”, comme pour “brunir l’argent” qui veut dire le polir, le rendre brillant.

Et en effet, cette technique va permettre d’obtenir un aspect poli, comme si on avait mis un glaçage sur notre dessin. Elle est dérivée du layering, et il faut commencer exactement de la même façon en superposant patiemment les couches de couleurs. Mais cette fois, une fois qu’on aura créé notre fondu de base, on va continuer de superposer des couches de crayon en augmentant progressivement la pression exercée sur la mine pour écraser le grain du papier et remplir tous les creux.

Il faut mettre pas mal de pression, mais pas au point de se faire mal aux doigts ! Si vous avez de bons crayons un peu gras et que vous avez bien pris le temps de superposer suffisamment de couches de couleurs, normalement vous ne devriez pas avoir à appuyer au point de vous faire mal.

Au final il n’y aura plus du tout de points blancs dans notre aplat de couleur et il prendra un aspect un peu brillant, comme s’il avait été poli. A savoir qu’une fois qu’on a bruni une surface, on arrive quasiment à saturation du papier, et il est difficile voire impossible d’ajouter de nouvelles couches de crayons par dessus.

Donc il faut réserver cette technique plutôt pour la fin d’un dessin, ou bien quand on est sûr de ne plus vouloir ajouter autre chose sur une certaine zone du dessin.

 

 

  • Brunir au crayon blanc

Dans le paragraphe ci-dessus, j’ai expliqué comment brunir en conservant les mêmes couleurs (1 sur l’image ci-dessous).

Mais il est possible de brunir avec des crayons de différentes couleurs pour ajuster la teinte d’un aplat de couleur ou d’un fondu. Il est par exemple possible de brunir en utilisant un crayon blanc (2 sur l’image ci-dessous). Il faut procéder exactement comme pour le brunissage normal et commencer par superposer pas mal de couches de couleur.

C’est seulement pour les dernières couches qu’on va utiliser le crayon blanc en appuyant bien dessus. Cela va permettre de brunir, mais aussi d’éclaircir la couleur et de la rendre plus pastel.

 

  • Brunir avec un crayon gris ou brun

Il est également possible de brunir en utilisant un crayon gris ou brun (3 sur l’image ci-dessous), clair de préférence pour ne pas recouvrir complètement nos couleurs.

Il faut procéder exactement comme pour brunir avec un crayon blanc et cette fois on va “désaturer” nos couleurs tout en brunissant, c’est à dire qu’on va les ternir un peu. Ça peut s’avérer très utile pour créer des couleurs moins flashy, plus tamisées, surtout quand on dispose d’un nombre de crayons limité.

 

  • Brunir avec une autre couleur

On peut aussi brunir avec un crayon d’une autre couleur, ce qui va donner une nouvelle teinte à notre aplat de couleur ou à notre fondu et l’uniformiser. La méthode est la même que pour brunir avec un crayon blanc ou un crayon gris ou brun.

On peut utiliser une couleur voisine à celle utilisées pour faire notre fondu. En 4 sur l’image ci-dessous, j’ai choisi de brunir sur la gauche avec un rose clair un peu plus pastel que le rose et le violet que j’ai utilisés pour faire mon fondu, mais qui reste dans la même famille de teintes. A droite par contre j’ai utilisé une couleur un jaune orangé assez vif, totalement différent de mon rose et de mon violet de base sur lesquels il vient prendre le dessus.

On perçoit encore un peu le dégradé, mais il est beaucoup moins évident et la teinte a complètement changé. C’est une option utile pour faire varier ses couleurs et en créer de nouvelles quand on a un nombre de couleurs limité.

Et ça peut aussi permettre d’uniformiser des zones qui seraient un peu trop disparates et qui manqueraient de lien.

En les brunissant ainsi avec une couleur unique, ça va permettre de les unifier et de rattraper le coup. Par contre, je vous conseille de faire des tests avant car la couleur avec laquelle vous allez brunir risque de prendre le dessus et ensuite les corrections sont impossibles, donc il ne faut pas se tromper.

 

  • Brunir avec un blender incolore

Et enfin, il est possible de brunir avec un crayon blender incolore (en 5 sur l’image ci-dessous). Un crayon blender, c’est tout simplement un crayon avec une mine dans laquelle il n’y a que du liant et pas de pigment. La méthode est toujours la même que pour un brunissage avec des crayons de couleur, mais cette fois cela permet de brunir sans affecter les couleurs utilisées. Donc c’est un achat supplémentaire à faire, mais c’est une aide précieuse d’avoir un crayon blender dans sa trousse.

 

 

J’ai testé des blenders de différentes marques :

– le blender Prismacolor. Autant j’adore les crayons de couleurs Prismacolor Premier, autant je déteste le blender Prismacolor. Je le trouve très sec et j’ai du mal à brunir avec.

– les blenders Derwents. Ils sont vendus par 2, un blender et un burnisher. Le burnisher donne l’effet glacé qu’on connaît avec le brunissage, alors que le blender permet de fondre les couleurs avec un effet plus mate. Mais la différence entre les deux est assez minime. Je les ai beaucoup utilisés, surtout le blender, et ils font bien le job.

– le blender Caran d’Ache. C’est une sorte de bâton de cire qui n’a même pas de corps en bois, et c’est le blender que je préfère. Je trouve que c’est celui qui s’applique le plus facilement et qui permet de fondre le plus efficacement les couleurs sans avoir à appuyer de trop.

 

 

  • 2 clefs pour brunir efficacement

Pour obtenir un joli rendu en brunissant, il faut faire attention à deux choses :

– D’abord, il faut superposer suffisamment de couches de couleurs avant de brunir, sinon la couleur va s’étaler de manière inégale. Si vous avez des marques de crayon clairsemées, elles se verront toujours, et si vous avez fait un aplat avec trop peu de couches de couleurs superposées, le grain du papier restera visible.

– Et ensuite, il faut brunir dans une direction différente de la direction dans laquelle vous avez crayonné pour votre dernière couche. Sinon les coups de crayons se verront toujours, le brunissage risque même de les accentuer. Sur l’image ci-dessous j’ai crayonné dans le sens horizontal, en faisant même un peu exprès d’accentuer les marques de crayon pour qu’elles soient bien visibles. Au-dessus j’ai bruni en crayonnant dans la même direction, ce qui n’a fait qu’accentuer encore plus les marques de crayon, alors qu’en dessous j’ai bruni en changeant de sens : j’ai balayé cette fois dans le sens vertical pour être totalement à l’opposé de mon crayonné, et cela a permis de lisser mon aplat de couleur et d’atténuer les marques de crayon.

Utiliser du solvant

La dernière manière de faire de beaux fondus au crayon de couleur, c’est d’utiliser un solvant. En guise de solvant il est possible d’utiliser du white spirit, de la térébenthine, de l’alcool à friction, ou un solvant spécial crayons de couleurs comme le Zest’it (qu’il faut commander à l’étranger, sur Amazon ou sur le site de Jackson’s Art). Personnellement j’utilise de l’essence de térébenthine désodorisée de la marque Talens, et cela fonctionne très bien.

 

 

Pour l’appliquer j’aime bien utiliser un pinceau pas très cher un peu rigide en soie de porc, prévu à la base pour la peinture à l’huile. Je le trempe dans le solvant, je laisse égoutter un peu l’excès car il faut éviter de mettre trop de solvant, et ensuite j’applique le solvant sur mes couleurs, en faisant de petits mouvements circulaires avec mon pinceau et sans appuyer dessus pour ne pas risquer de faire des marques.

Si vous n’avez pas de pinceau, il est possible aussi d’appliquer le solvant avec une estompe ou même avec un coton tige. Il faut seulement faire attention de ne pas frotter l’estompe trop fort sur le papier sous peine de l’abîmer et de laisser des marques, mais le principe est le même qu’avec un pinceau. Le seul désavantage de l’estompe, c’est qu’elle boit le solvant car elle est faite en papier. Par conséquent, elle a tendance à sécher assez vite, donc il faut la tremper régulièrement dans le solvant. Mis à part cela, ça fonctionne aussi bien qu’avec un pinceau.

Et il existe aussi des feutres blenders spéciaux pour les crayons de couleur, comme les feutres Derwent sur l’image ci-dessous. Ce sont tout simplement des feutres qui contiennent du solvant. Les feutres Derwent sont vendus par 2, un avec une grosse pointe et l’autre avec une pointe fine.

 

Il suffit de colorier avec le feutre sur le crayon de couleur pour lisser le fondu. L’effet n’est pas aussi propre et lisse qu’avec un solvant appliqué au pinceau ou à l’estompe, mais c’est peut-être dû au fait que mes feutres sont un peu vieux. Sur de larges surfaces de papier, c’est plus rapide d’appliquer le solvant avec un pinceau ou une estompe.

Mais si vous êtes comme moi et que vous aimez bien dessiner sur votre canapé de temps en temps sans avoir à sortir des tonnes de matériel, ou même si vous aimez aller dessiner en plein air, c’est bien pratique d’avoir ce genre de feutre dans sa trousse pour lisser quelques fondus.

Comment agit le solvant ? Et bien il dissout le liant qui lie les pigments, ce qui permet de les faire bouger un peu. Ils ne bougent pas autant qu’avec de l’aquarelle par exemple, mais c’est suffisant pour qu’ils puissent aller remplir les creux du papier et que les couleurs se mélangent un peu mieux au niveau des transitions.

Sur l’image ci-dessous vous voyez qu’après application du solvant j’ai vraiment de beaux fondus, et cela m’a demandé moins de travail et d’énergie que de brunir. Donc c’est une technique vraiment utile pour lisser des aplats de couleurs sur de grandes surfaces de papier, comme sur un arrière-plan par exemple.

Et l’autre avantage,  c’est qu’une fois le solvant est bien sec, on peut dans une certaine mesure ajouter de nouvelles couches de couleurs par-dessus notre fondu, car on peut le lisser sans aller jusqu’à la saturation du papier, au contraire du brunissage.

Évidemment, les désavantages du solvant, c’est qu’il faut en acheter et qu’il faut aussi utiliser un papier un peu épais et plus onéreux, qui supporte bien les techniques humides. Sinon le solvant risque de traverser le papier, de le gondoler, voire de le déchirer.

L’important ici encore une fois pour utiliser le solvant correctement, c’est de superposer suffisamment de couches de crayon sur le papier avant d’appliquer le solvant, sinon le résultat sera irrégulier. Donc quoi qu’on fasse en crayon de couleur, la patience est de mise !

Voilà donc les différentes techniques pour réaliser de beaux fondus au crayon de couleur.

Et vous, est-ce que vous avez déjà tenté le crayon de couleur ? Est-ce que, comme moi, vous vous êtes cassés les dents sur les premiers essais ? Est-ce que vous rencontrez des difficultés particulières avec ce médium sur lesquelles vous aimeriez voir des articles ou des vidéos pour vous débloquer ? Dites-moi tout dans les commentaires !